J’ai lu Qui est coupable ? De Hazell Ward, un roman policier qui promet une expérience interactive où le lecteur devient le héros. Sur le papier, l’idée m’a séduite ; dans les faits, j’ai eu plus souvent l’impression d’être perdue dans un labyrinthe littéraire que plongée dans une enquête haletante. Je vous raconte pourquoi ce thriller ambitieux m’a autant intriguée que frustrée.

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Sommaire
Thématiques abordées
- Roman policier interactif
- Code des romans policiers
- Interprétations de faits
Le point de départ de l’histoire
Vous avez été invité à une murder party. Lorsque vous arrivez au 8 Broad Way, les lumières sont allumées et David Verreman, votre hôte, vous introduit dans un salon somptueux aux meubles et aux tentures vieillissants. Il annonce aux convives qu’ils vont devoir examiner des éléments de preuve d’un meurtre qui a touché sa propre famille.
Ce début serait banal si le chapitre suivant ne vous proposait pas de signer un contrat, avec pénalités si vous ne le respectez pas. Dans le troisième chapitre, Lord Verreman donne les premières informations.
Ce que j’ai pensé du roman
Le roman s’annonce comme un livre sont vous êtes le héros. Tient-il sa promesse ?
Oui et non
Oui, dans la mesure où vous êtes souvent interpellés par deux narrateurs qui vous expliquent que l’auteur n’est pas le narrateur, mais qui vont vous parler d’un auteur (U.N. auteur) qui n’est pas Hazell Ward. Leurs interruptions sont néanmoins lourdes, confuses, n’apportent rien à l’intrigue et m’ont plutôt agacée.
Autre chose qui m’a déplu, le premier twist. En effet, il joue sur la rupture du contrat tacite entre le lecteur et l’auteur qui est censé vous faire entrer dans un univers auquel vous pouvez croire, au moins le temps de la lecture.
Au passage, vous laissez votre place de héros du livre à un détective que viennent d’inventer les deux narrateurs. Il ne vous reste plus qu’à vous débrouiller avec eux.
Enfin, la résolution du problème m’a laissé perplexe. Je ne l’ai pas découverte, j’ai donc été surprise, mais pas tant que ça. D’un côté, le coupable est le seul personnage que n’a pas utilisé Agatha Christie (et là bravo !). D’un autre côté, il ne m’a pas convaincue. En effet, un argument est basé sur ce qu’il n’est pas censé savoir ; mais les faits datant de plus de cinquante ans, je ne trouve pas ça étonnant qu’il ait fini par l’apprendre ou que des descriptions aient été évoquées pendant le procès. Deux autres arguments s’appuient sur les codes du roman policier. Ce qui m’amène à vous parler de ces derniers et de la forte culture en littérature policière de l’autrice.
La culture du roman policier
Si je n’ai pas vraiment trouvé que « le livre dont vous êtes le héros » tenait sa promesse, j’ai été séduite par l’utilisation que l’autrice faisait des romans policiers. Pour commencer, au fil de ma lecture, j’ai reconnu des titres de romans policiers dans les têtes de chapitre . La curiosité a fait le reste et il semble bien que chaque tête de chapitre soit le titre d’une œuvre. Je vous donne ceux des quatre premiers.
- Chapitre 1 : Un meurtre sera commis le… (Agatha Christie)
- Chapitre 2 : Les pièces du dossier (Dorothy L. Sayers)
- Chapitre 3 : L’herbe n’est pas toujours verte (Stanley Gardner-Fair)
- Chapitre 4 : Treize invités (Jefferson J. Farjeon)
- Etc.
Choisissez un titre de chapitre au hasard et googlisez-le.
Ensuite, le dernier chapitre est inspiré des dénouements des livres d’Agatha Christie où Hercule Poirot réunit tout le monde, balade un petit moment le lecteur en accusant chaque personne présente avant d’en venir au véritable assassin.
Enfin, l’auteur, que ce soit Hazell Ward ou U.N auteur — allusion à U.N Owen (Ils étaient dix, Agatha Christie) — ne cesse d’évoquer divers romans policiers. Je ne connaissais malheureusement pas la plupart d’entre eux, à l’exception d’Agatha Christie ; j’aurais aimé que cette érudition soit plus à ma portée. Je n’étais pas la seule, David Verreman a souvent repris le détective. Il trouve ça long, et moi donc ! J’avoue que cette longueur a aussi un peu gâché la lecture.
Un livre interminable
Les interpellations des deux narrateurs, les nombreuses allusions à la littérature alourdissent le livre, même lorsque s’ils sont censés — j’imagine — être des facteurs qui détournent l’attention du lecteur. Au début, c’est amusant et puis je me suis lassée. Et, on revient, revient encore sur les éléments en proposant chaque fois des interprétations différentes. Cette manière de faire n’a jamais accru mon intérêt. En effet, dès le premier twist, j’avais compris que l’autrice ne respecterait pas les codes des romans et ferait bien ce qu’elle voulait.
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Les lieux et l’époque du récit
Ce roman est inspiré de l’affaire Lucan qui avait défrayé la chronique dans les années 1970 en Angleterre.
Les figures du roman
Les personnages de roman mentent, même les narrateurs peuvent mentir, au moins par omission. Ce n’est pas un problème, si ce n’est que dans cette histoire l’auteur peut leurrer le lecteur.
Par conséquent, impossible de m’intéresser à des personnages, dont je ne suis pas certaine qu’ils sont ce qu’ils disent ou même qu’ils existent. Sans doute une façon de détourner notre attention, mais que cette façon de procéder est lourde !
La plume de l’auteur
Je l’ai trouvée plate. J’ai eu souvent l’impression de lire effectivement des pièces du dossier ou d’assister à une réunion d’enquêteurs.
Incipit :
« AVERTISSEMENT : ce livre n’est pas de ceux où on peut sauter des passages. Ce livre demande des efforts. Beaucoup d’efforts. »
En choisissant cette structure, l’autrice a renoncé à une narration prenante.
Citation :
« C’est tellement évident. Très bien on continue ?
— C’est tout ?
Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Un passé. On a besoin d’un passé. “Privé policier” n’est pas un passé.
— Vraiment ? Bon d’accord. Alors qu’est-ce que tu dirais de quelque chose du genre : Max Enygma est un ancien policier qui a été injustement renvoyé de la police après avoir révélé des faits de corruption. »
Mon avis en résumé
J’ai été sélectionnée par le Booksclub de La Kube pour une lecture commune autour de ce livre. J’ai donc eu à cœur de le terminer. Je ne l’aurais pas choisi, mais c’est aussi le jeu : découvrir de nouveaux univers. Malheureusement, cette fois-ci, ça n’a pas marché.
Je l’aurais néanmoins beaucoup aimé s’il avait été plus court, plus incisif et moins conceptuel.
Mes notes
| Univers narratif | 2,0/5 |
| Personnages | 2,0/5 |
| Intrigue | 2,0/5 |
| Écriture | 3,0/5 |
| Humour | 3,0/5 |
| Moyenne | 2,4/5 |
Lecture un peu exigeante
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Info-livre : Qui est coupable ? — par Hazell Ward

Éditeur : Sonatine
ISBN : 978-2-38399-218-9
Pages : 544
Date de parution : 09/10/2025

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