Enchâssée dans une histoire aussi dramatique que véridique, la pièce de théâtre d’Albert Camus, Les Justes, pose la question du lien entre idéologie et terrorisme, entre humanité et meurtres. Une œuvre qui résonne encore aujourd’hui.
Il fait partie de ma liste des livres incontournables à lire au moins une fois dans sa vie.
Comment débute la pièce ?
Des révolutionnaires se réunissent dans un appartement pour mettre au point l’attentat contre le grand-duc Serge. En effet, ils ont désigné ceux d’entre eux qui jetteront une bombe sur sa calèche alors qu’il se rend au Théâtre. Inutile d’indiquer que ce sont des hommes, d’ailleurs l’un d’eux dit à Dora :
« Tu es une femme et tu as une idée malheureuse de l’amour ».
Mais Dora n’a pas dit son dernier mot.
En préface, Albert Camus précise que les circonstances particulières de l’histoire sont vraies. Une fois que vous aurez lu (ou vu) cette pièce, vous pourrez le vérifier puisqu’il a même conservé le nom de l’assassin, Kaliayev.
Qu’en ai-je pensé ?
L’acte de Kaliayev a de quoi inspirer un dramaturge et captiver un spectateur. Elle a cependant été écrite par Albert Camus, prix Nobel de littérature 1957. En quoi cette œuvre est-elle importante ?
La pièce évoque la nécessité de tuer pour une cause. Elle oppose un révolutionnaire dur, Stepan, à des membres du groupe conscients qu’assassiner un homme, c’est passer une ligne rouge. Tuer ne leur correspond pas, même s’ils sont tous prêts à le faire pour un monde meilleur. Et c’est là, tout l’intérêt de l’œuvre.
Extrait :
Dora
« … Mais la mort des neveux du grand-duc n’empêchera aucun enfant de mourir de faim. Même dans la destruction, il y a un ordre, il y a des limites.
Stepan
— Il n’y a pas de limites. La vérité est que vous ne croyez pas à la révolution. Vous n’y croyez pas. Si vous y croyiez totalement, complètement, si vous étiez sûr que par vos sacrifices et nos victoires nous arriverons à bâtir une Russie libérée du despotisme, une terre de liberté qui finira par recouvrir le monde entier, si vous ne doutiez pas qu’alors, l’homme libéré de ses maîtres et de ses préjugés, lèvera ver le ciel la face des vrais dieux, que pèserait la mort de deux enfants ? Vous vous reconnaîtriez tous les droits, tous, vous m’entendez. Et si cette mort vous arrête, c’est que vous n’êtes pas sûr d’être dans vos droits. Vous ne croyez pas à la révolution.
Kaliayev
— Stepan, j’ai honte de moi et pourtant je ne te laisserai pas continuer. J’ai accepté de tuer pour renverser le despotisme. Mais derrière ce que tu dis, je vois s’annoncer un despotisme qui, s’il s’installe jamais, fera de moi un assassin alors que j’essaie d’être un justicier. »
Quels sont les thèmes ?
- Idéologie et terrorisme
- Tuer pour un monde meilleur
- Assassinat politique
- Mourir pour une cause
Où et quand ?
La pièce commence le 15 février 1905 en Russie, mais elle a été créée en 1949 en réponse à celle de Jean-Paul Sartre Les mains sales (source : Actu-juridique)
Qui était Kaliayev ?
Né en 1877, il est entré à l’université de Saint-Pétersbourg en 1897 où il se livre à des manifestations antigouvernementales. Il est alors exilé. Par la suite, il devient convaincu de la nécessité du terrorisme, rejoint l’organisation de combat des socialistes révolutionnaire et se porte volontaire pour des assassinats politiques. (Source : Wikipédia).
« Et puis, nous tuons pour bâtir un monde où plus jamais personne ne tuera ! Nous acceptons d’être criminels pour que la terre se couvre enfin d’innocents. »
Kaliayev dans la pièce de Camus
Mon avis en résumé
Une pièce captivante par son sujet, mais aussi par les réflexions induites. Elle trouve encore une résonnance aujourd’hui, ne serait-ce qu’en pensant à L’Ukraine.
Ma note
Chef-d’œuvre : 5/5
Lecture un peu exigeante
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Assassinat politique, terrorisme
Ils vont tuer Robert Kennedy
Marc Dugain
American Mother
Colum McCann
Info-livre : Les justes par Albert Camus
Editeur : Folio
ISBN : 2-07-036477-1
Pages : 150
Date de parution : 08/11/1973
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