Nous serons tempête — Jesmyn Ward (Rentrée littéraire 2025)

J’ai lu Nous serons tempête de Jesmyn Ward, un livre qui m’a laissée sur le côté de la route malgré la beauté de son écriture. Je vous raconte pourquoi cette lecture m’a ennuyée, tout en vous donnant les clés pour savoir si, au contraire, vous pourriez y trouver un grand roman littéraire.

En arrière-plan, une tempête stylisée et au premier plan, la couverture du livre de Jesmyn Ward, Nous serons tempête
Des esprits s’introduisent dans la tête d’Annis

Service Presse

Thématiques abordées

  • Esclavage
  • Fuite par les rêves
  • La force des opprimés

Sommaire

Le point de départ de l’histoire

La mère d’Annis l’entraîne, très jeune, à se battre avec des bâtons, la nuit, en cachette. En effet, elles sont toutes les deux esclaves dans une plantation. Le maître est aussi le géniteur d’Annis et il serait le premier horrifié qu’on le qualifie de père, lui qui a violé sa mère qui lui a donné une esclave de plus.

La séparation est inévitable et la mère d’Annis est vendue, puis il se débarrasse aussi d’Annis. Commence pour la jeune fille une marche terrible vers La Nouvelle-Orléans où elle sera vendue à une autre plantation.

Ce que j’ai pensé du roman

Pour dire la vérité, je me suis passablement ennuyée. Tout d’abord parce que l’histoire est plate, et parce que les descriptions des horreurs de l’esclavage ne constituent pas une intrigue. On peut même se demander si un énième roman sur l’esclavage est utile, si tout n’a pas déjà été écrit.

Bien sûr, côté intrigue, il y a l’histoire de la grand-mère d’Annis, Mama Aza, épouse guerrière en Afrique, volée ou vendue et emmenée en esclavage, mais elle est à peine effleurée. Annis est issue d’une lignée de combattantes, de femmes fortes. Mais à quoi cela sert-il en face d’hommes armés et de chiens ?

Jesmyn Ward l’a sans doute compris, parce qu’au fur et à mesure que l’histoire avance, les scènes deviennent de plus en plus oniriques et des esprits s’introduisent dans la tête d’Annis. Et tous, exigent plus qu’ils ne donnent. Malheureusement, les péripéties oniriques dans les romans me laissent la plupart du temps sur le côté de la route.

Ce fut le cas pour ce livre, même si la polyphonie, la voix d’Annis se mêlant aux voix des esprits, s’installe. La poésie affleure, mais la lenteur est là, donnant un ton très littéraire à ce roman.

Sur la mémoire de l’esclavage, Jesmyn Ward s’inscrit dans la même lignée que Toni Morrison. Hélas, j’ai abandonné deux fois Beloved. Vous l’avez compris, je n’ai pas aimé ce livre qui ne me correspond pas. Continuez de lire cet article, parce que vous pourriez beaucoup aimer.

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Les lieux et l’époque du récit

Le livre se déroule dans des plantations aux États-Unis ; la description de la récolte de canne à sucre par des esclaves affamés est marquante.

Au temps de l’esclavage, mais l’autrice ne donne pas plus de précision, l’histoire peut donc se dérouler entre le dernier quart du XVIIe siècle et la deuxième moitié du XIXe. Quelle importance après tout, quand l’esclavage continue d’exister ! Un texte intemporel pour un fléau intemporel.

Les figures du roman

Malheureusement, les personnages sont peu creusés et ressemblent à des archétypes. Et c’est peut-être dommage que chacun d’entre eux en soit réduit à leur situation. Les maîtres sont plus qu’odieux : le géniteur blanc d’Annis n’hésiterait pas à la violer comme il a abusé de sa mère. Et les esclaves sont désincarnés, et j’aurais attendu plus d’histoires sur ceux qui se sont enfuis et qui vivent dans le marais.

La plume de l’auteur

L’écriture est belle et la première phrase ne fait pas exception. C’est le genre d’incipit dont on se souvient.

Incipit :

« La toute première arme que j’ai tenue a été la main de ma mère. »

Mais les passages oniriques m’ont perdue.

Citation :

« Tandis que je planais au-dessus des champs dans mon rêve, puisque, de même qu’Aza, je voyais tout, j’ai vu le désespoir qui rongeaient ceux qui rampaient entre les cannes à sucre et dans cette autre ruche qu’est la maison. Mais j’ai aussi vu une artère verte qui traversait le centre de chaque homme, de chaque femme et de chaque enfant : une artère qui trouverait la force de fleurir. »

Mon avis en résumé

Je suis clairement passée à côté, mais si vous aimez les livres qui donnent la part belle aux scènes oniriques, ce livre est fait pour vous. Et même si l’écriture est magnifique, ça ne me suffit jamais. Il en sera peut-être différemment pour vous.

Mes notes

Univers narratif3,0/5
Personnages2,0/5
Intrigue2,0/5
Écriture5,0/5
Moyenne3,0/5
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Lecture exigeante

À vous maintenant

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Info-livre : Nous serons tempête par Jesmyn Ward

Couverture du livre de Jesmyn Ward, Nous serons tempête

Éditeur : Belfond
ISBN : 978-2-7144-0419-0
Pages : 240
Date de parution : 21/08/2025

Photo de Catherine Perrin

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