J’ai lu Nous serons tempête de Jesmyn Ward, un livre qui m’a laissée sur le côté de la route malgré la beauté de son écriture. Je vous raconte pourquoi cette lecture m’a ennuyée, tout en vous donnant les clés pour savoir si, au contraire, vous pourriez y trouver un grand roman littéraire.

Service Presse
Thématiques abordées
- Esclavage
- Fuite par les rêves
- La force des opprimés
Sommaire
Le point de départ de l’histoire
La mère d’Annis l’entraîne, très jeune, à se battre avec des bâtons, la nuit, en cachette. En effet, elles sont toutes les deux esclaves dans une plantation. Le maître est aussi le géniteur d’Annis et il serait le premier horrifié qu’on le qualifie de père, lui qui a violé sa mère qui lui a donné une esclave de plus.
La séparation est inévitable et la mère d’Annis est vendue, puis il se débarrasse aussi d’Annis. Commence pour la jeune fille une marche terrible vers La Nouvelle-Orléans où elle sera vendue à une autre plantation.
Ce que j’ai pensé du roman
Pour dire la vérité, je me suis passablement ennuyée. Tout d’abord parce que l’histoire est plate, et parce que les descriptions des horreurs de l’esclavage ne constituent pas une intrigue. On peut même se demander si un énième roman sur l’esclavage est utile, si tout n’a pas déjà été écrit.
Bien sûr, côté intrigue, il y a l’histoire de la grand-mère d’Annis, Mama Aza, épouse guerrière en Afrique, volée ou vendue et emmenée en esclavage, mais elle est à peine effleurée. Annis est issue d’une lignée de combattantes, de femmes fortes. Mais à quoi cela sert-il en face d’hommes armés et de chiens ?
Jesmyn Ward l’a sans doute compris, parce qu’au fur et à mesure que l’histoire avance, les scènes deviennent de plus en plus oniriques et des esprits s’introduisent dans la tête d’Annis. Et tous, exigent plus qu’ils ne donnent. Malheureusement, les péripéties oniriques dans les romans me laissent la plupart du temps sur le côté de la route.
Ce fut le cas pour ce livre, même si la polyphonie, la voix d’Annis se mêlant aux voix des esprits, s’installe. La poésie affleure, mais la lenteur est là, donnant un ton très littéraire à ce roman.
Sur la mémoire de l’esclavage, Jesmyn Ward s’inscrit dans la même lignée que Toni Morrison. Hélas, j’ai abandonné deux fois Beloved. Vous l’avez compris, je n’ai pas aimé ce livre qui ne me correspond pas. Continuez de lire cet article, parce que vous pourriez beaucoup aimer.
Envie de le lire ?
Les boutons visibles dans l’article sont des liens affiliés. Si vous cliquez dessus pour acheter un livre, je touche une petite commission — sans coût supplémentaire pour vous. Cela m’aide à faire vivre ce blog tout en vous proposant des lectures choisies avec soin. Merci pour votre soutien !
Les lieux et l’époque du récit
Le livre se déroule dans des plantations aux États-Unis ; la description de la récolte de canne à sucre par des esclaves affamés est marquante.
Au temps de l’esclavage, mais l’autrice ne donne pas plus de précision, l’histoire peut donc se dérouler entre le dernier quart du XVIIe siècle et la deuxième moitié du XIXe. Quelle importance après tout, quand l’esclavage continue d’exister ! Un texte intemporel pour un fléau intemporel.
Les figures du roman
Malheureusement, les personnages sont peu creusés et ressemblent à des archétypes. Et c’est peut-être dommage que chacun d’entre eux en soit réduit à leur situation. Les maîtres sont plus qu’odieux : le géniteur blanc d’Annis n’hésiterait pas à la violer comme il a abusé de sa mère. Et les esclaves sont désincarnés, et j’aurais attendu plus d’histoires sur ceux qui se sont enfuis et qui vivent dans le marais.
La plume de l’auteur
L’écriture est belle et la première phrase ne fait pas exception. C’est le genre d’incipit dont on se souvient.
Incipit :
« La toute première arme que j’ai tenue a été la main de ma mère. »
Mais les passages oniriques m’ont perdue.
Citation :
« Tandis que je planais au-dessus des champs dans mon rêve, puisque, de même qu’Aza, je voyais tout, j’ai vu le désespoir qui rongeaient ceux qui rampaient entre les cannes à sucre et dans cette autre ruche qu’est la maison. Mais j’ai aussi vu une artère verte qui traversait le centre de chaque homme, de chaque femme et de chaque enfant : une artère qui trouverait la force de fleurir. »
Mon avis en résumé
Je suis clairement passée à côté, mais si vous aimez les livres qui donnent la part belle aux scènes oniriques, ce livre est fait pour vous. Et même si l’écriture est magnifique, ça ne me suffit jamais. Il en sera peut-être différemment pour vous.
Mes notes
| Univers narratif | 3,0/5 |
| Personnages | 2,0/5 |
| Intrigue | 2,0/5 |
| Écriture | 5,0/5 |
| Moyenne | 3,0/5 |
Lecture exigeante
À vous maintenant
Aimez-vous les romans qui mêlent histoire et scènes oniriques, ou bien préférez-vous un récit plus ancré dans la réalité ? Dites-le-moi en commentaires.
Voir le comparatif de mes partenaires
D’autres livres sur l’esclavage
J’ai été émue par l’histoire vraie de Bakhita et des souffrances qu’elle a endurées, sans jamais être brisée. De son côté, Anaëlle Jonah montre comment les meilleures intentions du monde peuvent être perverties et mener à l’esclavage, en France, et en plein XXe siècle.
Bakhita
Véronique Olmi

Danse avec tes chaînes
Anaëlle Jonah

James
Percival Everett

Info-livre : Nous serons tempête par Jesmyn Ward

Éditeur : Belfond
ISBN : 978-2-7144-0419-0
Pages : 240
Date de parution : 21/08/2025

Je m’appelle Catherine, et je suis blogueuse littéraire
Je donne mon avis, bien sûr, mais surtout des repères pour vous aider à savoir si un livre est fait pour vous.
Un mot, une image, un lien… rejoignez-moi là où on parle lecture :
Envie d’encore plus de lecture ? Rejoignez les 700 abonnés de la newsletter gratuite Dequoilire et recevez votre carnet de lecture : 10 livres coup de poing.
