J’ai retrouvé avec plaisir l’univers des Trois Mousquetaires en lisant Je voulais vivre d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre. Ce roman réinvente le destin de Milady, personnage fascinant et odieux de Dumas. Je vous raconte ici pourquoi cette réécriture m’a séduite.

Service Presse
Thématiques abordées
Dans ce roman, vous retrouverez :
- Femmes au XVIIe siècle
- Roman historique au temps de Louis XIII
- Une réécriture des Trois Mousquetaires
- Le destin d’une héroïne fascinante : Milady
Sommaire
Le point de départ de l’histoire
Une femme voit un homme escalader le rebord de sa fenêtre, briser la vitre et pénétrer dans la pièce. Très vite, elle reconnaît le comte de la Fère. Elle se précipite de l’autre côté et se trouve face à d’Artagnan qui l’aurait tuée si Olivier de la Fère ne s’y était pas opposé. En effet, il veut qu’elle soit jugée, et non assassinée. Noble sentiment, du moins s’il n’ajoutait pas : « Sois patient, tu auras satisfaction ».
Vous y êtes ? Je voulais vivre commence là où Les Trois Mousquetaires se termine.
Après le jugement, où la prisonnière est condamnée — sans avoir pu se défendre — l’autrice nous emmène, quarante-cinq ans plus tard au siège de Maastricht. D’Artagnan s’éveille d’un cauchemar et se confie à son aide de camp.
Ce que j’ai pensé du roman
Adélaïde de Clermont-Tonnerre se glisse avec habileté dans les vides laissés par Alexandre Dumas pour raconter l’histoire de Milady, et il faut bien le dire dans la misogynie des quatre amis.
Ce que Dumas n’a pas dit sur Milady
Si vous vous souvenez des Trois Mousquetaires, la fin de la relation entre Athos et sa femme, racontée un soir d’ivresse, reste sans explication autre que les droits du comte. Oui, mais quand même.
De plus, dans Vingt ans après, Alexandre Dumas révèle l’existence d’un fils de Milady dont nous n’avions jamais entendu parler.
La place des femmes dans Les Trois Mousquetaires
Bien sûr, j’ai lu et relu Les Trois Mousquetaires, et Vingt Ans après, ainsi que Le Vicomte de Bragelonne et j’ai vibré aux aventures des quatre amis. Plus tard, bien plus tard, je me suis posé la question de la représentation féminine dans le livre.
Ce n’est pas le sujet du roman. Mais l’autrice montre à quels points les femmes avaient peu de possibilités en dehors du mariage et du couvent. Et quand elles étaient seules, eh bien, elles faisaient de parfaites antagonistes.
J’ai eu peur que la fin ne me convienne pas
En effet, j’étais partagée entre le roman qui m’avait fait passer des heures merveilleuses et mon attachement aux idées féministes. Comment Adélaïde de Clermont-Tonnerre allait-elle se sortir de la fin ? Allait-elle demeurer sur la victimisation de Milady et s’éloigner de l’œuvre originale et, sinon, qu’allait-il se passer ?
Eh bien, l’autrice s’en est parfaitement tirée en restant aussi fidèle à l’œuvre originale, qu’aux idées féministes.
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Les lieux et l’époque du récit
Le récit commence à Armentières en 1628 et se termine en 1673 à Maastricht, au même moment où s’achève Le vicomte de Bragelonne.
Les figures du roman
Milady
Dans l’œuvre de Dumas, elle est une aventurière sans scrupule. Adélaïde de Clermont-Tonnerre en présente un portrait plus nuancé.
D’Artagnan
En vieillissant, il doute de ses actions. Milady était-elle vraiment le monstre qu’il croyait ? Et bien sûr, il réalise quel goujat il a été envers les femmes.
Athos
Il est un personnage encore plus sombre que dans l’œuvre de Dumas qui nous l’avait à peine laissé percevoir.
La plume de l’auteur
Le roman commence par une scène palpitante, mais il n’y en aura pas d’autres. Ça m’a agacée avant que je comprenne qu’il ne pouvait pas en être autrement. Ce n’est pas un roman d’aventures, mais un roman qui fait réfléchir à un roman d’aventures.
Tension dramatique de l’incipit :
« Elle hurle. Ou du moins, veut le faire. Mais aucun son ne sort de sa bouche. Dans la nuit, elle vient de distinguer, collé à la vitre, un visage d’une beauté sinistre. Le visage d’un homme qu’elle a aimé à se damner avant de le craindre de tout son être. »
Écriture plus explicative, mais très belle
Citation :
« De leur quatuor qu’il a longtemps cru indéfectible, il ne reste qu’Aramis. En dépit des liens qui les unissaient jadis, le cours sinueux de leurs existences, aggravé d’intérêts puissamment opposés, les a éloignés. Aramis, en disgrâce, vit à Madrid quand d’Artagnan a épousé une veuve aimable et riche qui lui a permis de s’établir pour de bon. »
Mon avis en résumé
J’ai aimé que Je voulais vivre reste fidèle à l’œuvre originale, tout en enrichissant les personnages de caractères plus approfondis. J’ai dévoré ce roman qui présente autrement une histoire que je connaissais par cœur.
Si vous avez lu Dumas, vous replongerez avec plaisir dans cet univers et vous comblerez certains vides laissés par l’auteur. Mais même sans avoir lu Les Trois Mousquetaires, Je voulais vivre se lit sans difficulté : Adélaïde de Clermont-Tonnerre recrée un contexte clair, et l’histoire tient debout par elle-même.
Mes notes
| Univers narratif | 5,0/5 |
| Personnages | 5,0/5 |
| Intrigue | 5,0/5 |
| Écriture | 5,0/5 |
| Moyenne | 5,0/5 |
Lecture un peu exigeante
Adélaïde de Clermont-Tonnerre vs Alexandre Dumas
Adélaïde de Clermont-Tonnerre explique dans cette vidéo quand et pourquoi elle s’est demandé si Milady était vraiment le personnage décrit par Dumas.
Lorsque j’ai lu Les Trois mousquetaires, c’est surtout le féminicide commis par un des personnages (le mot féminicide n’était pas encore apparu) qui m’a choquée. Et vous, avez-vous été choqué par quelque chose dans cette lecture ? Dites-le-moi en commentaires.
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L’archipel des Lärmes
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Virginia Woolf

Info-livre : Je voulais vivre par Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Éditeur : Grasset
ISBN : 978-2-246-83166-2
Pages : 480
Date de parution : 20/08/2025

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