Je n’ai pas trouvé dans Underground Railroad de Colson Whitehead, l’émotion que j’attendais. J’ai nettement préféré Nickel Boys du même auteur parce qu’il est tout aussi effroyable, mais beaucoup plus sobre. Les deux livres ont pourtant reçu un prix Pulitzer.
Comment débute le livre ?
Cora, une esclave de seize ans a décidé de s’enfuir avec Caesar de la plantation où ils vivent. C’est la grand-mère de Cora, Ajarry, qui a été raflée en Afrique et a fait la traversée de Ouidah (Bénin) jusqu’en Amérique. La mère de Cora, Mabel, a réussi l’impensable, elle s’est envolée et n’a jamais été retrouvée.
Qu’en ai-je pensé ?
Colson Whitehead a imaginé un chemin de fer souterrain qui convoyait les fugitifs d’une gare à l’autre. Devant l’invraisemblance de la chose, force est de l’accepter comme une métaphore. En effet, le temps de creuser le tunnel, de se procurer des rails, des locomotives et des wagons, rapidement, le tout sans que personne s’en aperçoive, rend cet exploit peu crédible. D’autant plus que les affreux finissent par trouver les gares. Comment ? Mystère
Va pour la métaphore. Mais compte tenu du sujet, j’aurais préféré que Colson Whitehead nous parle du réseau véridique, aussi nommé Underground railroad qui était composé d’itinéraires et de refuges sûrs, ainsi que des abolitionnistes. À la place, il m’a entraîné dans une histoire gothique dans laquelle j’ai eu du mal à entrer.
De plus, un passage du livre m’a donné à penser que l’auteur aurait pu faire mieux que ça. En effet, alors que Cora est arrivée en Caroline du Sud et savoure une vie meilleure, petit à petit, des indices montrent que la liberté est loin d’être acquise. Beaucoup plus épouvantable, parce que tellement réaliste, que la partie du roman, très sombre, très noire de Cora dans une ville de cauchemar.
Ne vous y trompez pas, si le livre est violent, parfois atroce, c’est à juste titre. Mais, à l’exception du début où les cruautés sont à la fois effroyables et crédibles, c’est dans les moments où l’auteur expose l’histoire de façon plus sobre que j’ai été le plus bouleversée.
Quels sont les thèmes ?
- Esclavage
- Sud des États-Unis
Où et quand ?
Au XIXe siècle dans les États du sud des États-Unis.
Qui sont les personnages ?
Cora
Elle est le personnage principal, mais si en la voyant agir, on comprend sa détermination, on a peu accès à ses pensées et c’est dommage.
Ridgeway
Il est le chasseur, un sale type, vous vous en doutiez. On lui doit un monologue aussi sobre que glaçant.
« Mon père aimait bien faire son discours indien sur le Grand Esprit, poursuivit Ridgeway. Après toutes ces années, moi, je préfère l’esprit américain, celui qui nous a fait venir de l’Ancien Monde pour conquérir, bâtir et civiliser. Et détruire ce qui doit être détruit. Pour élever les races inférieures. Faute de les élever, les subjuguer. Faute de les subjuguer, les exterminer. C’est notre destinée par décret divin : l’impératif américain. »
Cette tirade, oui c’est aussi là l’Amérique, vaudra au lecteur un des rares (le seul ?) trait d’humour acerbe du livre (voir la citation).
D’autres personnages (Caesar, Sam, Royal…) aident Cora, mais ils ne font bien souvent que passer. En revanche, le narrateur s’attarde sur des personnages très secondaires (un médecin que Cora a croisé, une femme qui, contre sa volonté, a soutenu Cora) sans que j’en aie bien compris l’intérêt. Néanmoins, j’ai apprécié qu’à la fin du livre, un chapitre soit consacré à Mabel.
Comment est-ce écrit ?
Incipit :
« La première fois que Caesar proposa à Cora de s’enfuir vers le Nord, elle dit non.
C’était sa grand-mère qui parlait à travers elle. »
Citation :
« Peut-être que tout ce que disait le chasseur était vrai, songea Cora, chaque justification ; peut-être que les fils de Cham étaient maudits et que le maître accomplissait la volonté de Dieu. Mais peut-être aussi que Ridgeway n’était qu’un homme qui s’adressait à une porte de latrines en attendant qu’une femme ait fini de se torcher le cul. »
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé
- Des passages subtils
- Une violence justifiée par le thème
Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous)
- Manque de sobriété (question de goût personnel)
Mes notes
Univers narratif | 4,0/5 |
Personnages | 3,0/5 |
Intrigue | 4,0/5 |
Écriture | 4,0/5 |
Moyenne | 3,8/5 |
Lecture assez facile
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Esclavage moderne
Spectacle
Julien Dufresne-Lamy
Pour rien au monde
Ken Follett
Info-livre : Underground Railroad par Colson Whitehead
Editeur : LGF/Livre de Poche
ISBN : 978-2-253-10074-4
Pages : 408
Date de parution : 27/03/2019
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