Au printemps des monstres ne se lit pas facilement, malgré le style plus qu’agréable de l’auteur et son remarquable sens de la narration : Philippe Jaenada a rendu accessible une affaire dont le dossier pesait 19,5 kilogs, avant les recherches entreprises par l’auteur et par ceux qui l’ont devancé.
Les faits
Le 26 mai 1964, un petit garçon de onze ans, Luc Taron, rentre chez lui. En entendant une réflexion de sa mère, il fait aussitôt demi-tour. Le soir, il n’est toujours pas rentré. Croyant à une fugue (il en a déjà fait deux), les parents n’alertent pas immédiatement la police.
Le lendemain, à cinq heures du matin, le corps de l’enfant est retrouvé dans les bois de Verrières-le-Buisson.
Un homme mystérieux revendique l’assassinat, commet des erreurs, est arrêté. Lucien Léger, un infirmier à l’hôpital psychiatrique de Villejuif, avoue le meurtre avant de se rétracter. En 1966, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il sortira en 2005, après 41 ans d’emprisonnement. Il mourra en 2008.
Fin de la première partie du livre qui nous replonge au milieu des années 1960, comme si nous avions vécu ces moments, en lisant le journal, comme tout le monde, enfin presque.
Oui, mais ! L’auteur avertit dans la quatrième de couverture :
« Mais bien sûr, si c’était aussi simple, je n’aurais pas passé quatre ans à écrire ce gros machin (je ne suis pas fou). »
Une seconde partie passionnante, mais glauque (ou glauque, mais passionnante)
Il n’y a pas de mots pour décrire la mort d’un enfant, ils sont tous trop faibles. En revanche, pour ce que nous apprend la deuxième partie, on peut ressortir les mots glaçants, effrayants, sordides et j’en passe.
Philippe Jaenada s’est appuyé sur le livre de Jean-Louis Ivani et Stéphane Troplain, Le voleur de crimes. Il a ajouté des pièces à l’enquête et s’est lui-même déplacé sur les lieux.
Troisième partie, les 150 pages de trop
Là encore, l’auteur nous a avertis dans la quatrième de couverture :
« Tout le monde triche, ment, truque. Sauf une femme, un point de lumière. »
Dans les deux premières parties, je ne cessais de me demander qui était cette femme (si vous trouvez, c’est que quelque chose m’a échappé).
Bon, c’est sûr que, comparée aux autres monstres, elle est plus lumineuse, mais la vie de cette femme a été un tel cauchemar que c’est ce dernier point qui m’a marquée. En plus de tout le reste.
Le style
Le sujet n’est pas franchement sexy-paillette, mais l’auteur rend la lecture plus légère en nous parlant de lui (bien que ce ne soit pas toujours gai) et en mettant son grain de sel sarcastique dans son récit, petites pauses dans l’horreur qui sont les bienvenues.
Incipit :
« Il y a longtemps que je ne suis pas allé en forêt. Je n’aime pas beaucoup ces zones inhumaines, je préfère rester à distance, sur la route, près des maisons, de la lumière. »
Citation :
« Là, avec Roger Minne, si on est à gauche, c’est qu’on est parti tellement à droite qu’on a fait le tour »
Oui, mais quand même, pourquoi des doubles parenthèses ?
« (Il reconnaît tout de même que son fils de six ans, Lemmy (baptisé ainsi en hommage au personnage qui a rendu son père célèbre (Lemmy Caution), n’est pas rassuré du tout et lui demande chaque jour quand est-ce qu’on va arrêter le méchant.) »
Dans certains cas, j’ai dû relire les phrases.
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé
- Le sens de la narration de l’auteur qui rend digeste ce pavé
- L’écriture de l’auteur
Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous)
- 752 pages !
Mes notes
Choix du fait divers | 5,0/5 |
Narration | 5,0/5 |
Ecriture | 4,0/5 |
Moyenne | 4,7/5 |
Lecture assez facile
Et un coup de ❤ pour Au printemps des monstres pour son sens de la narration et la facilité de lecture.
Il fait partie des meilleurs livres parus en 2021.
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Autre roman -vérité
De sang-froid par Truman Capote
Info-livre : Au printemps des monstres par Philippe Jaenada
Editeur : Mialet Barrault
ISBN : 978-2-08-023818-4
Pages : 748
Date de parution : 18/08/2021
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