Les romans policiers à énigme peinent de plus en plus de mal à m’étonner. Et pourtant…
J’ai été conquise par le premier livre de Chrystel Duchamp, L’art du meurtre, grâce à son univers narratif fort (l’art contemporain) et une intrigue qui surprend. Son deuxième livre, Le sang des Belasko, une histoire revisitée de meurtre en chambre close, promène le lecteur de fausses pistes en fausses pistes.
De quoi me donner envie d’interviewer Chrystel Duchamp.
1/ Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 36 ans. Je suis l’auteure de L’art du meurtre et de Le sang des Belasko, deux suspenses édités chez l’Archipel. En parallèle de l’écriture, je suis graphiste dans une agence de communication.
2/ Pourquoi la littérature policière, noire, très noire ?
J’ai toujours eu une attirance particulière pour les univers sombres, que ce soit en littérature, en cinéma, en musique, en art pictural ou contemporain. Enfant, mon premier contact avec le polar fut Alice, détective de Caroline Quine. En parallèle, je me suis mise à écrire. Récemment, j’ai retrouvé, chez mes parents, quatre nouvelles fantastiques rédigées alors que j’avais 10 ans. Adolescente, j’ai quelque peu délaissé cette passion au profit de la lecture. Je pouvais lire jusqu’à un roman par jour et, le plus souvent, il s’agissait de littérature noire. J’ai dévoré les romans de Mary Higgins Clark et d’Agatha Christie. J’ai ensuite découvert Jean-Christophe Grangé qui a définitivement ancré en moi l’amour du thriller.
3/ Quelles sont vos influences (littéraires ou autres) ?
En littérature, ce sont Jean-Christophe Grangé et Lovecraft qui m’influencent le plus. Je suis aussi très inspirée par la musique, notamment par les bandes originales de films ou de jeux vidéos, mais aussi par le métal industriel (encore une fois un registre très sombre). Des mélodies peuvent faire surgir des histoires ou des scènes dans mon imagination. J’aurais d’ailleurs adoré réaliser des clips. Le cinéma est aussi une source d’inspiration forte. La série The Haunting of Hill House m’a beaucoup influencée pour l’écriture de Le sang des Belasko. Et bien sûr, l’art me fascine. Les œuvres d’ORLAN, McCarthy, Abramovic m’ont choquée, questionnée. Leur démarche a été le point de départ de L’art du meurtre. Bref, mes influences naissent de différents registres.
4/ Votre premier livre (L’art du meurtre) se déroule dans le milieu de l’art et votre deuxième livre (Le sang des Belasko) est un meurtre en chambre close, deux intrigues totalement différentes. Comment êtes-vous passée de l’une à l’autre ?
Quand j’ai commencé à réfléchir à mon second roman, je savais que je ne voulais pas reproduire les codes de L’art du meurtre, roman pourtant salué par la critique et les lecteurs. Céder à la facilité aurait été tentant. Mais j’aime les challenges et me mettre en danger. Alors, plutôt que de réutiliser les mêmes ingrédients pour réaliser la même recette, j’ai décidé de changer de personnages, d’ambiance, de registre, de construction… Je dois souligner aussi que j’aime lire des auteurs de tous horizons et que, par extension, j’aime écrire dans des registres variés. Le point commun reste le roman noir, mais j’ai envie d’exploiter ce filon de multiples façons et de m’amuser avec différents codes et univers. En revanche, quoi que j’écrive, le lecteur peut retrouver mon univers, mon humour parfois cinglant et mon goût pour la double chute finale.
5/ Vous avez créé une maison d’édition pour publier vos œuvres. Quel a été votre parcours d’écrivain avant d’être publié aux éditions l’Archipel ?
L’écriture a toujours eu une place importante dans ma vie. Je l’ai pourtant délaissée à l’adolescence. Mais en grandissant, le monde qui m’entourait et la musique que j’écoutais m’inspiraient, mais je ne franchissais plus le pas de l’écriture, par manque de temps et par peur d’être jugée, je crois. En 2013, à une période de ma vie difficile, j’ai finalement repris la plume et rédigé un recueil de dix nouvelles. J’ai proposé mes textes à quelques éditeurs, mais n’ai écopé que de refus. J’ai alors décidé de m’autoéditer. Juste pour me faire plaisir et pour partager mon univers avec mes proches. Quatre romans ont suivi. L’un d’eux a été repéré par un professionnel de l’édition qui m’a alors demandé d’écrire un texte inédit. J’ai rédigé L’art du meurtre qui a retenu l’attention de L’Archipel.
6/ Quel conseil donneriez-vous à un écrivain qui cherche à se faire publier ?
De ne jamais se décourager. J’ai autoédité 5 livres et attendu 7 ans avant d’être publiée au niveau national. Il faut travailler sans relâche, savoir se remettre en question, rester humble, écouter les conseils des professionnels et, surtout, oser. Beaucoup de lecteurs me confient vouloir écrire, mais ne pas oser « commencer ». Je leur suggère de ne pas se soucier du regard des autres, ni de la qualité de ce qu’ils peuvent produire au début, mais de tout simplement se lancer, en gardant à l’esprit de se faire plaisir.
7/J’attends avec impatience votre prochaine publication, pouvez-vous nous en parler ?
Bien sûr ! (votre enthousiasme me touche beaucoup…) L’intrigue se découpe en 3 parties. Elle débute à Lyon, en 2018.
Esther, une jeune femme associable, disparaît en laissant derrière elle son téléphone portable, ses papiers et ses clés de voiture. Pour ses proches, c’est une certitude : elle a été enlevée.
Un an plus tard, Mathéo, photographe, découvre dans les ruines d’une usine désaffectée le cadavre d’une femme. Elle a été pendue, son crâne rasé et sa langue sectionnée.
Enfin, en janvier 2020, Pierre, un veuf retraité, est soudainement pris de vertiges. La terreur s’empare de lui lorsqu’une silhouette apparaît sur le seuil de sa chambre : Teresa, son épouse décédée quelques années auparavant, est de retour.
8/ Qu’aimeriez-vous ajouter à cette interview ?
Mon prochain roman paraît le 20 janvier 2022 et j’ai hâte que les lectrices et lecteurs le découvrent. J’y traite d’un sujet difficile qui me tient beaucoup à cœur. J’espère que cette publication ne sera pas chahutée par le Covid. Les sorties de mes deux premiers romans ont été grandement perturbées par la situation sanitaire. J’aimerais que ce troisième opus connaisse une « vraie » vie. Et j’espère aussi reprendre les salons et dédicaces pour rencontrer mes lecteurs. Leur bienveillance et leurs mots sont si motivants pour l’auteure que je suis.
Merci Chrystel Duchamp pour cette interview.
Les chroniques des livres de Chrystel Duchamp
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