Filles de la mer de Mary Lynn Bracht est un coup de cœur d’abord parce que l’intrigue est prenante. Ensuite, le roman raconte un crime de guerre, l’organisation par l’armée japonaise d’un système d’esclavage sexuel pendant la Deuxième Guerre mondiale. Enfin, les deux personnages principaux sont des femmes plongeuses de l’île de Jeju.
Avertissement de contenu : viols, violences
Comment débute le livre ?
Hana sauve sa sœur en se laissant enlever à sa place par un soldat japonais. C’est le commencement d’un long cauchemar. En effet, elle devient une esclave sexuelle de l’armée japonaise (les Japonais emploient le terme édulcoré de « femmes de réconfort »).
Des décennies plus tard, Emi s’apprête à rendre visite à ses enfants à Séoul. Elle veut aussi assister à la manifestation du mercredi qui a lieu toutes les semaines devant l’ambassade du Japon.
Qu’en ai-je pensé ?
J’ai aimé l’histoire d’Hana et d’Emi. Bien que leurs vies à toutes les deux aient été atroces, le livre se termine sur une lueur d’espoir, même s’il est dur et violent. Comme souvent, la réalité est rendue tangible par le choix de l’intrigue.
Même si le thème du roman concerne principalement les femmes, il montre aussi le fanatisme japonais et les cruautés subis également par les hommes. Il n’y a pas de guerres propres, que des guerres sales et les femmes et les enfants ne sont pas les derniers à le payer.
Ma note pour l’intrigue : 5/5
Quels sont les thèmes ?
- Femmes de réconfort (esclaves sexuelles) pendant la Deuxième Guerre mondiale
- Sort des femmes pendant la guerre.
- Esclavage au XXe siècle
- Crime de guerre
Femmes de réconfort
Environ 200 000 jeunes filles, souvent mineures, ont été enlevées, trompées par de fausses annonces d’emploi ou forcées à se porter volontaires. Elles ont rejoint les « stations de confort » ou « centres de délassement » situés dans les parties de l’Asie occupées par les Japonais. Leurs conditions de vie s’apparentaient à de l’esclavage, elles subissaient des violences, étaient exécutées si elles s’enfuyaient. En savoir plus sur les femmes de réconfort, esclavage d’état.
Kim Hak-sun (1924-1997) a été la première à parler. Kim Bok-dong (1926 – 2019), a été enlevée à 14 ans. Elle a choisi de militer pour que les victimes soient reconnues. Voir son témoignage dans Libération.
Depuis 1992, une manifestation a lieu à Séoul, devant l’ambassade du Japon, pour exiger réparation. Une statue de la paix y a été érigée en mémorial. D’autres statues ont été installées dans d’autres pays, symboles des crimes de guerre contre les filles et les femmes.
Où et quand ?
Le roman se situe en 1943 dans l’île de Jeju (Corée), puis en Mandchourie et en Mongolie. Une autre partie se déroule en 2011 dans l’île de Jeju et à Séoul.
Ma note pour l’univers narratif : 5/5
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Qui sont les personnages ?
J’ai aimé qu’Hana et Emi soient ancrées dans une communauté particulière. Elles sont des femmes attachantes et déterminées. Ma note pour les personnages : 5/5
Hana
Elle est plongeuse et plus précisément une « Haenyeo », comme sa mère. Sa petite sœur le sera aussi quand elle atteindra l’âge requis. Leur mère a bien averti Hana du danger représenté par les soldats japonais : « Ne les laisse jamais vous voir ! Et plus important que tout ne te fait jamais prendre toute seule avec l’un d’entre eux. » Hélas…
Les « Haenyeo »
Sur l’île de Jeju, vivent environ 4000 Haenyeo — 85 % ont plus de 60 ans — alors qu’elles étaient 23 000 dans les années 1960. Elles plongent en apnée jusqu’à 20 mètres de profondeur pour récolter des mollusques et des coquillages. Cette pratique remonte à plusieurs siècles, voire millénaires. Elle est inscrite au patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO.
Si elles sont moins nombreuses aujourd’hui, c’est qu’elles doivent relever plusieurs défis :
- Les conditions de travail sont difficiles
- Les jeunes femmes sont peu intéressées par ce métier
- Le changement climatique, la pollution plastique, la surpêche et la pollution ont entraîné une diminution des ressources marines.
Morimoto
Il a enlevé Hana et a été le premier à la violer. Mais il n’en a pas fini avec elle.
Comment est-ce écrit ?
Ma note sur l’écriture : 4/5
Incipit :
« L’aube est à peine levée et, dans l’obscurité du demi-jour, d’étranges ombres s’étirent sur le sentier. Hana s’efforce de chasser de ses pensées les monstres qui tentent de lui attraper les chevilles. Elle suit sa mère jusqu’au rivage. »
Citation :
« Le soleil se lève lentement au-dessus de la clôture de bois qui entoure le camp. Debout derrière Hana, Keiko coupe ses longs cheveux avec des cisailles. Perchés sur la corde à linge tendue dans la cour, de petits oiseaux jaunes piaillent joliment tandis qu’un vent sec froisse leur plumage. Une bourrasque soulève les cheveux d’Hana, agenouillée sur le sol brut. Comment un chant si gai peut-il exister dans ce lieu d’horreurs et de souffrances ? »
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé
- Prendre connaissance de cet épisode de la Deuxième Guerre mondiale
- Les personnages d’Hana et Emi
- L’intrigue
Lecture assez facile
Mes notes
| Univers narratif | 5,0/5 |
| Personnages | 5,0/5 |
| Intrigue | 5,0/5 |
| Écriture | 4,0/5 |
| Moyenne | 4,8/5 |
À vous maintenant
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Anaëlle Jonah
Info-livre : Filles de la mer par Mary Lynn Bracht
Editeur : Pocket
ISBN : 978-2-266-28754-8
Pages : 409
Date de parution : 21/02/2019
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