Avec Houris, Kamel Daoud plonge au cœur de l’Algérie contemporaine, explorant des thèmes tels que la décennie noire et la condition des femmes. Si l’écriture est d’une beauté remarquable, l’émotion m’a manqué et je suis restée à distance. Un récit sombre et sans concessions, rythmé par des personnages marquants, mais parfois trop fugaces, comme la lumineuse Khadija.

Un foulard en arrière-plan et au premier plan, la couverture du livre de Kamel Daoud, Houris
Le livre se déroule de nos jours en Algérie, mais avec des retours dans les années 1990

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Comment débute le livre ?

Aube parle au bébé qui est dans son ventre. Elle lui décrit sa mère qui peut à peine se faire entendre, sa cicatrice « presque dix-sept centimètres », un peu plus bas que son visage et qui s’étire jusqu’aux oreilles. Le bébé est une fille, elle en est certaine et elle l’appelle Houri, comme ces créatures célestes qui, au paradis, récompensent les bons musulmans.

Qu’en ai-je pensé ?

Le livre est composé de trois parties. La première est une longue plainte où on apprend, presque accessoirement, l’histoire d’Aube. La deuxième est de nouveau une lamentation qui n’en finit pas, même si l’auteur a trouvé une façon astucieuse de glisser des faits et des chiffres. Malheureusement, l’émotion est aussi présente que dans un plateau de fruits de mer, voire moins. J’ai pourtant noté un passage qui m’a bouleversée, celui où des gendarmes prennent la cicatrice d’Aube pour les conséquences d’une agression sur une prostituée. C’est la faute de la femme, toujours.

Enfin, la dernière partie est plus rythmée, mais elle m’a déroutée, encore un récit glauque. Un nouveau personnage va raconter son histoire, et elle fend le cœur. La fin comprend néanmoins un merveilleux excipit.

Aujourd’hui, il est interdit de parler des années noires en Algérie, au nom de la réconciliation. J’aurais aimé que l’auteur évoque davantage les conséquences. Gaël Faye a fort bien évoqué les difficultés de la réconciliation au Rwanda dans Jacaranda.

Kamel Daoud énonce beaucoup de faits, mais il n’en tire aucune leçon, aucune réflexion. C’est noir, sombre, violent et… c’est tout.

Quels sont les thèmes ?

  • Décennie noire en Algérie
  • Sort de la femme algérienne

Où et quand ?

Le livre se déroule de nos jours en Algérie, mais avec des retours dans les années 1990, quand la guerre civile sévissait. Il ne s’attarde pas sur le contexte de ces années, et c’est dommage.

Qui sont les personnages principaux ?

Aube
À vingt-cinq ans, elle est une survivante des années noires, avec ce que cela comporte d’interrogations et de culpabilité.

Aïssa Guerdi
Le libraire a été contrait de ne publier que des livres de cuisine pendant les années de plomb. Lui aussi a une histoire qu’il a racontée, racontée et racontée encore, mais qui n’intéresse plus personne. Par chance, il trouve Aïssa qui ne peut faire autrement que l’écouter (pareil pour le lecteur).

Hamra
Elle se présente comme une terroriste, alors qu’elle est une victime à la vie définitivement brisée. Son histoire est la plus poignante.

Khadija
Elle a recueilli Aube et lui a probablement sauvé la vie. Elle est le seul personnage lumineux de l’œuvre, mais elle apparaît trop peu.

Comment est-ce écrit ?

L’écriture est magnifique, c’est ce qui m’a fait tenir.

Incipit :

« Le vois-tu ?
Je montre un grand sourire ininterrompu et je suis muette, ou presque. Pour me comprendre, on se penche vers moi très près comme pour partager un secret ou une nuit complice. Il faut s’habituer à mon souffle qui semble toujours être le dernier, à ma présence gênante au début. S’accrocher à mes yeux à la couleur rare, or et vert, comme le paradis. »

Citation :

« Tu es trop jeune pour le savoir, ma fille, bien que tu portes la seule preuve que ça a eu lieu. Non ? C’est bien eux ici ? (il désigne ma gorge et mon “sourire”). Dis-le-moi, s’il te plaît, par Dieu ! Ce sont eux, pas un accident ? J’ai déjà vu ça, tu sais. Je reconnais la trace de leurs dents, mais ce qui me bouleverse, c’est que tu sois là, vivante, et que personne ne sache que tu existes. »

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé

  • Les thèmes
  • L’écriture

Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous)

  • Le personnage de Khadija pas assez présent
  • Peu d’émotions
  • Pas de réflexions

Mes notes

Univers narratif3,0/5
Personnages3,0/5
Intrigue3,0/5
Écriture4,5/5
Moyenne3,4/5
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Lecture exigeante

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Info-livre : Houris par Kamel Daoud

Couverture du livre de Kamel Daoud, Houris

Editeur : Gallimard
ISBN : 978-2-07-299999-4
Pages : 411
Date de parution : 15/08/2024

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Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
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