L’histoire de l’humanité, commencée il y a 70 000 ans, est toujours en cours même si, et plus que jamais, des questions se posent. Les théories présentées dans Sapiens Une brève histoire de l’humanité méritent d’être prises en considération.
Organisé en chapitre autour de révolutions qui ont changé chaque fois la vie des Homo Sapiens, le livre va de la Révolution cognitive à la Révolution scientifique. Je vous donne quelques clés qui m’ont marquée, mais vous y trouverez bien d’autres choses.
La Révolution agricole, une erreur de calcul
Les hommes pêchaient, chassaient et cueillaient ce dont ils avaient besoin, ils vivaient alors en nomade. La Révolution agricole s’est étendue sur 10 000 ans, au bout desquels plus personne ne se souvenait d’avoir vécu autrement. Une révolution qui a permis l’expansion démographique d’Homo Sapiens, mais ne l’a pas forcément rendu plus heureux. L’auteur en tire cet enseignement :
« L’histoire du piège du luxe est porteuse d’une leçon importante. La recherche par l’humanité d’une vie plus facile a libéré des forces de changement immenses qui ont transformé le monde d’une façon que personne n’envisageait ni ne désirait. Personne ne complota d’accomplir la Révolution agricole ni ne voulut rendre l’humanité tributaire de la culture des céréales. Une chaîne de décision triviale visant essentiellement à remplir quelques ventres et à gagner un peu de sécurité eut pour effet cumulé de forcer d’anciens fourrageurs à passer leur journée à porter des seaux d’eau sous un soleil de plomb. »
L’humanité est-elle à l’origine de l’extinction d’autres espèces ?
À commencer par les autres humains, Neandertal en tête. On l’ignore, mais c’est possible, même probable quand on pense au manque de tolérance dont fait preuve, encore actuellement, Homo Sapiens.
Quand les hommes sont arrivés en Australie, le diprotodon, un marsupial géant, apparu 1,5 millions d’année auparavant avait survécu à dix ères glaciaires antérieures. Il ne lui fallut que quelques milliers d’années pour s’éteindre. Une coïncidence qui n’en est peut-être pas une, cet état de fait s’étant aussi produit ailleurs, les mammouths ont disparu, il y a 4000 ans de l’île de Wrangel, juste au moment où les hommes débarquèrent.
Selon l’auteur, il y a trois grandes explications à l’extinction du diprotodon :
- Même si les hommes n’abattaient qu’un ou deux animaux tous les deux ou trois mois, les naissances étaient peu nombreuses, le nombre de morts l’a rapidement emporté sur le nombre de naissances.
- Devant des terres impénétrables, Homo Sapiens les brûlait, détruisant ainsi l’écosystème.
- Le changement climatique qui a eu lieu à cette époque et qui n’aurait pas bouleversé l’écosystème en temps normal a amplifié l’extinction des espèces.
Le droit n’existe que dans notre imagination
Nous avons été éduqués pour croire que le droit existe ainsi que d’autres choses telles que les sociétés anonymes. L’auteur affirme que ce ne sont que des croyances qui nous permettent de coopérer à grande échelle. Une idée particulièrement dérangeante quand il s’agit des Droits de l’Homme parce qu’elle met sur un même niveau nos valeurs actuelles et celles que sous-entendait le Code d’Hammurabi qui distinguait une hiérarchisation de trois catégories sociales.
Selon Yuval Noah Harari, Hammurabi aurait pu dire
« Je sais bien que les hommes sont libres, les hommes intermédiaires et les esclaves ne sont pas des espèces par nature différentes. Mais si nous croyons qu’ils le sont, cela nous permettra de créer une société stable et prospère ».
De la même façon que nous pourrions dire :
« Nous savons bien que les hommes ne sont pas égaux biologiquement ! Mais si nous croyons que nous sommes tous foncièrement égaux, cela nous permettra de créer une société stable et prospère. »
Sur cette façon de penser, elle manque de nuances. Nous savons que les hommes ne sont pas égaux biologiquement, après tout, c’est là-dessus qu’est basée n’importe quelle compétition sportive, mais nous croyons que les hommes doivent être égaux en droit. Est-ce que cela a un lien avec une société stable et prospère ? Je n’en suis pas certaine.
La monnaie, une incroyable épopée
Rien de nouveau, la santé des marchés financiers repose sur la confiance ou plus exactement, dit l’auteur :
« Des chrétiens et des musulmans qui ne sauraient s’entendre sur des croyances religieuses pourraient néanmoins s’accorder sur une croyance monétaire parce que, si la religion nous demande de croire à quelque chose, la monnaie nous demande de croire que d’autres croient à quelque chose ».
Partant de là :
« La monnaie est aussi à l’apogée de la tolérance ».
L’auteur détaille également les faces sombres de la monnaie, l’humanité ne cessant de chercher des compromis entre les avantages et les inconvénients.
Où va l’humanité ?
Bonne question !
Peut-être parce que je connais mieux l’époque contemporaine que le passé lointain, le manque de nuances de Sapiens Une brève histoire de l’humanité. Ceci étant dit, s’il avait été plus nuancé, l’ouvrage aurait été plus complexe et plus difficile à lire.
Mais je rejoins l’auteur sur une conclusion :
« Chaque point de l’histoire est un carrefour. Si une seule route empruntée mène du passé au présent, d’innombrables embranchements conduisent au futur. Certaines voies sont plus larges, plus égales, mieux balisées : il y a plus de chances qu’on les préfère. Mais il arrive que l’histoire — ou les hommes qui font l’histoire — prenne des tournants inattendus. »
Après tout, personne n’avait prévu Internet et encore moins la pandémie de 2020.
Note : le livre a été publié en 2015, avant la pandémie.
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé
- La facilité de lecture
- La fluidité
- Un livre qui fait réfléchir
Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous)
- Le manque de nuances
Ma note globale
3,5/5
Si j’ai trouvé le livre agréable à lire, j’ai aussi trouvé que des prises de position de l’auteur manquaient de nuances.
Les hommes et la nature
À l’aube de la sixième extinction
Bruno David
Le rêve du chien sauvage
Deborah Bird Rose
Pourquoi j’ai mangé mon père
Roy Lewis
Infos-livre : Sapiens Une brève histoire de l’humanité par Yuval Noah Harari
Editeur : Albin Michel
ISBN : 978-2-226-25701-7
Pages : 512
Date de parution : 02/09/2015
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Chère Catherine, j’ai beaucoup aimé la lecture de ce livre. Ce texte met en relief ce qui est semble-t-il la plus grande richesse de l’humain et son pire handicap : la capacité à créer des fictions et de les rendre réelles, légitimes au point de pouvoir nous organiser à vivre ensemble. Cette lecture a mis ce trouble en exergue dans ma conscience. Ainsi, il me semble qu’est là la spécificité de notre espèce sans savoir enfin à quoi cela nous sert. Oui, cette lecture est chaudement recommandable, je partage ton point de vue. Et oui, il est intéressant de la faire en se positionnant dans la conscience de l’être humain que nous somme chacun.
Merci pour ta contribution intense et toujours de qualité.
Merci Peggy-Laure