Treize façons de voir, de Colum McCann, est une novella qui ouvre le recueil éponyme. S’y ajoutent quatre nouvelles qui sont loin d’avoir la même puissance narrative. Colum McCann explique que le lien entre ces œuvres est la violence, je n’ai pas pourtant été convaincue de la nécessité de ce regroupement. Néanmoins, j’ai beaucoup aimé la novella, Treize façons de voir.
Que se passe-t-il ?
Le roman commence par la description objective d’une chambre où un vieil homme, le juge Mendelssohn, se réveille et s’agace de son corps qui le trahit. Le lecteur suit ses pensées, les retours sur sa vie, sa dernière journée ; il a prévu d’aller déjeuner au restaurant avec son fils. Les pensées, tout ce qu’il y a de plus subjectif.
Pas facile, facile. D’autant que d’autres personnages entrent dans l’histoire. Au fil des pages, ils prennent de la consistance, deviennent réels au point qu’on pourrait les croiser. Et les caméras, que les policiers scrutent, image par image, pour comprendre ce qui s’est passé, ajoutent plus au mystère qu’elles l’éclaircissent. Les enquêteurs trouveront, mais c’est le vieil homme qui nous fera vivre ses derniers instants.
Il s’agit donc de l’ultime journée du vieillard et elle vous réserve quelques surprises. L’intrigue n’est pas le point fort du roman, c’est la façon de la raconter qui m’a touchée : les pensées du juge mêlées aux évènements de la journée. J’ai particulièrement aimé la scène — navrante — du déjeuner du vieil homme avec son fils. Je ne vais pas oublier le juge Mendelssohn tout de suite.
Les autres nouvelles m’ont moins émue, à l’exception du texte Le traité qui évoque la difficulté du pardon, même pour une religieuse.
Où et quand ?
Il n’y a pas très longtemps (les BlackBerry ont disparu du marché depuis) à New York où sévit une tempête de neige.
Les personnages
Le juge Mendelssohn
L’ancien juge de la Cour Suprême de New York est très attachant. Si son corps le trahit, ce n’est pas le cas de sa mémoire ni de son acuité. Il n’a aimé qu’une femme, la sienne et depuis l’âge de dix ans. Ils ont eu deux enfants Elliot et Katya.
Disparue quelques années auparavant, Eileen lui manque beaucoup. Pourtant, alors qu’il était en activité, il s’est parfois intéressé à d’autres femmes, et d’ailleurs, il ne peut s’empêcher de faire du charme à la serveuse du restaurant.
Elliot Mendelssohn
Le fils de M. Mendelssohn est le plus antipathique personnage de l’histoire. Son père n’en pense pas que du bien :
« On ne va pas commencer la journée avec lui, ce fils dévoyé, M. Mains Baladeuses. Tout du cochon celui-là : les yeux, les oreilles, le gosier, le portefeuille ».
Le fils dévoyé arrive au restaurant, stressé, parce que sa secrétaire qu’il a licenciée le traîne en justice.
Il est celui qui s’en sort le mieux, même si le narrateur laisse entendre qu’il ne perd rien pour attendre.
Sally
La dame de compagnie du juge âgé vient peut-être de Tobago, à moins que ce ne soit de Trinité. Elle met de l’argent de côté pour les études de son neveu, et ça le touche le juge, il ne l’oubliera pas sur son testament.
Les employés du restaurant
Chaque employé a son passé que vous ne connaîtrez pas entièrement. Chacune de leurs réactions, aussi infime soit-elle, a son importance, mais je ne l’ai compris que quand la vérité a été révélée.
Comment est-ce écrit ?
L’histoire est racontée de plusieurs façons et les pensées du vieillard se mêlent à la narration, j’ai parfois été obligée de revenir en arrière pour comprendre.
Incipit :
« La première, cachée en haut de l’étagère en acajou, embrasse l’étendue de la pièce dans laquelle il dort dans un grand lit aux nombreux oreillers. »
Citation :
« D’ailleurs, que voulait-il lui dire à Sally, plongé comme il l’était dans ses pensées, là-bas, en Irlande, les belles années, pourquoi interrompre le flot, sinon parce que le souvenir en est trop vif, peut-être ? Qu’il y a neige générale en toute la Quatre-vingt-sixième Rue, ses demi-vies, et je crois qu’elle est morte par amour, Eileen, qu’elle est morte par amour. »
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé :
- La structure fascinante
- L’écriture
- Le personnage du vieillard
Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous) :
- La réunion de cette novella et de quatre nouvelles
Mes notes
Elles concernent la novella, Treize façons de voir
Univers narratif | 4,5/5 |
Personnages | 5,0/5 |
Intrigue | 3,0/5 |
Écriture | 5,0/5 |
Construction | 5,0/5 |
Moyenne | 4,5/5 |
Lecture exigeante
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Info-livre : Treize façons de voir de Colum McCann
Editeur : 10/18
ISBN : 978-2-264-06799-9
Pages : 252
Date de parution : 21/09/2017
Crédit photo :
Tempête de neige à New York : Photo de Clay LeConey sur Unsplash
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