La carte postale — Anne Berest

Que signifie être juif en 2021 ? Dans La carte postale Anne Berest répond que c’est être le descendant d’une famille disparue dans les camps de concentration. Elle explique aussi que c’est d’être perçue de façon différente — évidemment pas toujours bienveillante, comme elle en a fait l’expérience, et encore plus douloureux, comme sa petite fille en a fait l’expérience.

En arrière-plan, une boîte aux lettres, au premier plan, la couverture du livre d'Anne Berest, La carte postale
Une carte postale et quatre prénoms

Service Presse

À la recherche des ascendants disparus

Ephraïm
Emma
Noémie
Jacques

La carte postale

Quatre prénoms sur une carte postale, quatre prénoms tracés d’une écriture maladroite, inconnue, quatre prénoms, arrière-grands-parents, grand-tante et grand-oncle maternels de la narratrice, quatre personnes disparues à Auschwitz en 1942.
La carte postale ne livre d’abord qu’un seul de ses secrets. C’est une photographie courante de l’Opera Garnier, elle porte le cachet de la poste du Louvre, le plus grand bureau de poste de Paris. Elle a été achetée dix ans avant l’envoi.
Enceinte, la narratrice questionne sa mère, Leila, qui lui raconte, la vie d’Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques.

Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques

« Pour Ephraïm, être juif ne veut rien dire. »

Il est russe et espère beaucoup pour son peuple. Après son mariage avec Emma, le couple rend visite aux parents d’Ephraïm, Nachman et Esther Rabinovitch. Nachman a décidé d’aller vivre en Palestine, il sent que le vent tourne, qu’il fera encore moins bon être juif en Russie. Il ne parvient pas à convaincre Ephraïm.
Quand Ephraïm comprend, il est trop tard.

L’errance et enfin la France

Ce sont les bolchéviques qui font fuir Ephraïm, Emma et leur petite fille Myriam, unique survivante et grand-mère de la narratrice. Ils s’installent à Riga où Noémie naît. Ephraïm vend du caviar avec succès, jusqu’au moment où les Lettons ne veulent plus de ces juifs.
Parce que la situation est tendue dans tous les pays, la famille part en Palestine rejoindre Nachman et Esther. Emma donne le jour à Jacques.
Ephraïm regrette l’Europe, ils finissent alors par rallier la France en 1929.
Ephraïm veut s’intégrer, interdit à Emma de fréquenter la synagogue. Myriam et Noémie vont au lycée Fénelon. Ephraïm demande la nationalité française. Il ne l’obtiendra jamais.
Noémie et Jacques sont les premiers arrêtés, puis Ephraïm et Emma.
Myriam, cachée dans le jardin, a eu la vie sauve.

Leila

Elle a fait des recherches approfondies. Grâce à elle, le lecteur participe à leurs espoirs, leurs déceptions. Des scènes sont d’une tristesse infinie, comment pourrait-il en être autrement ?

À la recherche de l’expéditeur de la carte postale

L’enquête

La narratrice ne lâche pas, elle fait appel à un détective privé et à un graphologue. Elle veut retrouver l’expéditeur et après quelques échecs le retrouvera effectivement. Encore une histoire d’une tristesse infinie.
Dans cette deuxième partie, l’auteur nous fait partager sa vie et ses interrogations. Ce n’est pas neutre d’être la descendante d’Ephraïm et d’Emma. Qu’y-a-t-il en elle de Myriam, de Noémie ?
Un jour, la petite fille de la narratrice a une conversation avec Leila, sa grand-mère qui se conclut par :

« Parce qu’on n’aime pas trop les juifs à l’école. »

Non, ce n’est pas neutre.

La mémoire

La carte postale représente un devoir de mémoire individuel. Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques vivront un petit peu en chacun des lecteurs de La carte postale.

Le style

Incipit :

« Ma mère a allumé la première cigarette de la journée, sa préférée, celle qui brûle les poumons au réveil. »

Citation :

« L’indifférence concerne tout le monde. Envers qui, aujourd’hui, es-tu indifférente ? Pose-toi la question. Quelles victimes, qui vivent sous des tentes, sous des ponts d’autoroute, ou parquées loin des villes, sont tes invisibles ? »

Mon avis en résumé

Livre de poche à lire 2022

Ce que j’ai aimé

  • Un livre bien documenté
  • Un livre qui génère de l’émotion, mais sans pathos
  • Un livre encore et toujours indispensable
  • Une narration qui happe

Ma note

5/5 et c’est même un coup de cœur. ❤

Il fait partie des meilleurs livres parus en 2021.

Lecture assez facile

À vous maintenant

Vous l’avez lu ? Donnez-moi votre avis en commentaires. Pensez à activer la cloche qui se situe avant le bouton Publier le commentaire pour recevoir un mail avec les réponses à votre commentaire.

Acheter d’occasion

Ce livre vous tente ? Achetez-le d’occasion grâce au lien ci-dessous. Lien affilié, c’est-à-dire que si vous achetez après avoir cliqué sur ce lien, je toucherai une commission (sans coûts supplémentaires pour vous).

Autres livres sur le devoir de mémoire

Le village des Justes
Emmanuel Deun

En haut, les pasteurs Trocmé, Darciassac et Theiss, en bas à droite Martha et André Trocmé, en bas à gauche, la couverture du livre d'Emmanuel Deun, Le village des Justes
En haut, les pasteurs Trocmé, Darciassac et Theiss, en bas à droite Martha et André Trocmé

Le Ghetto intérieur
Santiago Amigorena

Une assiette de biscuits et la couverture du livre de Santiago Amigorena, Le Ghetto intérieur

Info-livre : La carte postale par Anne Berest

Couverture du livre d'Anne Berest, La carte postale

Editeur : Grasset
ISBN : 978-2-246-82049-9
Pages : 528
Date de parution : 18/08/2021

Restons en contact

Inscrivez-vous à la newsletter

En savoir plus sur l’utilisation des données

Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)

J'adore discuter de mes lectures. N'hésitez pas à me laisser des commentaires ou à me rejoindre sur les réseaux sociaux.

Rédactrice NetGalley

Articles: 655
S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

4 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Paolo

J’ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre il y a quelques mois et votre critique m’aide beaucoup a me remémorer des frissons qu’elle m’avait procuré. D’ailleurs je doit moi aussi faire un critique; promis, je copie pas !

Eve-Yeshé

idem pour moi, ce roman est très fort, j’ai beaucoup apprécié la démarche, n’en déplaise à certains membres du Goncourt(je ne désigne personne mais suivez mon regard…)