La Nouvelle-Calédonie par les livres

Partie en Nouvelle-Calédonie pour assister à un mariage, j’ai voulu aussi approcher la Nouvelle-Calédonie par les livres. Voici ma sélection.

A l'arrière-plan, des livres en lien avec la Nouvelle-Calédonie, au premier plan, une carte de Nouvelle-Calédonie.
Les livres lus pendant mon voyage

Sommaire

Quelques dates

1774 — La Nouvelle-Calédonie est découverte en 1774 par James Cook
1853 — Elle devient une colonie française
1862 — Charles Guillain organise la mise en place du bagne
1878 — Une révolte des Kanaks éclate. Elle est réprimée par la France.
1957 — Les Kanaks obtiennent le droit de vote
1985 — Les revendications indépendantistes augmentent. Un couvre-feu est mis en place sur la Grande Terre à cause de meurtres, mais les meurtres continuent des deux côtés.
1988 — En avril, la gendarmerie de Fayaoué est prise d’assaut par des indépendantistes et plusieurs gendarmes sont tués. Les militaires sont pris en otage. Une moitié est libérée pendant que l’autre moitié est gardée prisonnière dans une grotte. L’assaut qui délivrera les otages fera 21 morts, dont 19 indépendantistes.
François Mitterrand demande à Michel Rocard de renouer la discussion entre indépendantistes et loyalistes. Ce qui conduit aux accords de Matignon et Nouméa (et à une amnistie générale pour tous les participants).

Ce qu’il reste des bagnes

Ancien bagne de Nouville
Ancien bagne de Nouville
Ancienne chapelle du bagne de Nouville
Ancienne chapelle du bagne de Nouville

Les mémoires de Louise Michel

Née en 1830, Louise Michel a été une figure importante de La Commune de Paris. Condamnée à la déportation, elle a embarqué en 1873 pour la Nouvelle-Calédonie où elle est restée 7 ans. Quand elle a obtenu l’autorisation de reprendre son métier d’enseignante, elle s’est installée à Nouméa. Elle éduquait les enfants des déportés, des gardiens et consacrait ses dimanches à l’instruction des kanaks.

Elle y a appris une langue kanak et a pris la défense des autochtones lors de leur révolte de 1878. Elle raconte la mort de leur chef, Ataï, tué par un kanak, missionné par les colons français.

« Ataï lui-même fut frappé par un traître. Que partout les traîtres soient maudits !
Suivant la loi canaque*, un chef ne peut être frappé que par un chef ou par procuration.
Noudo, chef vendu aux blancs, donna sa procuration à Segou, en lui remettant les armes qui devaient frapper Ataï.
Entre les cases neigres et Amboa, Ataï, avec quelques-uns des siens, regagnait son campement, quand, se détachant des colonnes de blancs, Segou indiqua le grand chef, reconnaissable à la blancheur de neige de ses cheveux.
Sa fronde roulée autour de sa tête, tenant de la main droite un sabre de gendarmerie, de la gauche un tomawak, ayant autour de lui ses trois fils et le barde Andia qui se servait d’une sagaie comme d’une lance, Ataï fit face à la colonne des blancs.
Il aperçut Segou.
— Ah ! dit-il, te voilà !
Le traître chancela un instant sous le regard du vieux chef ; mais, voulant en finir, il lui lance une sagaie qui lui traverse le bras droit. Ataï, alors, lève le tomawak qu’il tenait du bras gauche ; ses fils tombent, l’un mort, les autres blessés ; Andia s’élance criant Tango ! Tango ! (Maudit ! Maudit !) et tombe frappé à mort.
Alors, à coup de hache, comme on abat un arbre, Segou frappe Ataï ; il porte la main à sa tête à demi-détachée et ce n’est qu’après plusieurs coups encore qu’Ataï est mort.

La tête d’Ataï fut envoyée à Paris ; j’ignore ce que devint celle du barde. »

* Le mot canaque est un mot francisé devenu péjoratif. Depuis les années 1970, les kanaks se sont mis à utiliser cette graphie (Kanak) sous l’influence, entre autres de Jean-Marie Tjibaou et en ont fait un symbole de fierté.

Louise Michel a refusé d’être envoyée à Bourail :

« On cherche, comme toujours, à faire un sort à part aux femmes. On voudrait nous envoyer à Bourrail, sous prétexte que la situation y est meilleure, mais par cela même, nous protestons énergiquement.
Si les nôtres sont plus malheureux à la presqu’ile Ducos, nous voulons y être avec eux. »

Ancien bagne de Bourail
Ancien bagne de Bourail, aujourd’hui transformé en musée
Couverture du livre de Louise Michel, Mémoires

Editeur : Folio Histoire
ISBN : 2072890918
Pages : 576
Date de parution : 04/03/2021
(Publié pour la première fois en 1886)

Les livres de Didier Daeninckx

Cannibale

En 1931, Gocéné a été emmené à Paris pour l’Exposition coloniale. Les autorités françaises avaient fait de nombreuses promesses pour convaincre le chef de la tribu. Promesses oubliées dès que les jeunes kanaks ont mis les pieds sur le bateau qui les conduisaient en France. Ils ont été présentés dans un zoo avec une pancarte : cannibale.

Lire la chronique complète

Le retour d’Ataï

Quatrième de couverture : « Lorsque Gocéné pose le pied sur le sol de la “métropole”, trois quarts de siècle après son premier séjour forcé lors de l’Exposition coloniale de 1931, il sait seulement qu’il est venu pour honorer un engagement. Et si, à ce moment précis, on lui posait la question de savoir ce qu’il compte faire à Paris, il répondrait qu’il vient chercher un frère kanak dont la trace s’est perdue cent vingt-quatre ans plus tôt, et qu’il compte bien le ramener parmi les siens. Le retour d’Ataï se penche sur les exactions de la politique colonialiste, tandis qu’apparaissent en écho les luttes tragiques pour la libération, durant les années quatre-vingt. Aux côtés du héros de Cannibale, le lecteur découvre une fois encore comment la réalité historique prend parfois de surprenantes allures de fiction. »

Le bal du gouverneur — Marie-France Pisier

Marie-France Pisier est née en Indochine en 1944 où son père était gouverneur. Il fut le gouverneur de la Nouvelle-Calédonie de 1950 à 1966. Elle est surtout connue pour ses rôles dans les films de François Truffaut, d’André Téchiné et bien d’autres. Elle a écrit Le bal du gouverneur, qui se passe l’année où la Nouvelle-Calédonie quitte le statut de colonie pour celui de territoire d’outre-mer (aujourd’hui, la Nouvelle-Calédonie a le statut de Collectivité sui generis).

Isabelle et Théa sont amies comme on peut l’être à quatorze ans, à la vie et à la mort, petites vacheries comprises. Isabelle, dont le père n’a pas eu un comportement irréprochable (concussion), est sur le point de rentrer en Europe, tout en ignorant pourquoi. Elle repousse pendant tout le livre l’annonce de son départ. Tout le monde sait sauf Théa.
Théa, elle, se fait du souci pour sa jolie maman qui part tous les matins faire de l’équitation en cachette de son mari. Et ? Et pas grand-chose, la suite de l’histoire racontée par Théa est confuse, histoire d’ailleurs mieux comprise par ses camarades de classe que par elle-même. Ça n’a rien d’impossible, mais je ne suis pas arrivée à m’intéresser aux parents de Théa non plus, pas plus qu’à son frère ou à ses amours avec Jean-Baptiste.

J’ai peiné à m’intéresser à ce roman superficiel et pas très bien rédigé. Mais il se déroule en Nouvelle-Calédonie, et nous entraine place des Cocotiers, à la baie des Citrons ou dans le quartier d’Anse Vata.

Place des cocotiers
Place des cocotiers
Vue d'Anse Vata
Vue d’Anse Vata
Couverture du livre de Marie-France Pisier, Le bal du gouverneur

Editeur : Grasset
ISBN : 2-246-34192-2
Pages : 236
Date de parution : 01/03/1990

Un si petit voyage — Roman d’évasion sur la Nouvelle-Calédonie — Céline Fuentès

La belle Élisa est recrutée comme mannequin et part pour la Nouvelle-Calédonie. Elle y remettra sa vie en cause et trouvera son chemin de façon inattendue.

C’est le livre de la sélection où j’ai senti le plus d’amour, d’envie de connaître et de comprendre cette terre. Si vous prévoyez un voyage en Nouvelle-Calédonie, mettez-le dans votre valise.

Citation :

« La piscine naturelle tant évoquée s’offre en cadeau inestimable. Des vagues se fracassent bruyamment sur la falaise juste derrière et proposent un fond sonore singulier. Des Japonais, éparpillés un peu partout, laissent entrevoir leurs tubas ou leurs bouées canards, au choix. Le lieu est magique, étincelant, envoutant. Les masques en place, il est temps de partir à la découverte d’un monde encore plus merveilleux, insoupçonné : les fonds sous-marins. Le spectacle n’a plus de prix, a trop de valeur. Impossible à décrire, les heures durent des instants, Élisa est une sirène, Élisa n’est plus là, Élisa est avec le poisson-clown ou la mère loche, avec le poisson-chirurgien ou le baliste, au milieu des patates multicolores et des bancs de poissons anges… »

Vue sur la mer - Nouméa
Vue sur la mer – Nouméa

Frapper l’épopée — Alice Zeniter

Difficile de se passionner pour ce territoire si lointain, dont on n’entend parler que pour des révoltes auxquelles je ne comprenais rien, faute de m’y intéresser, il est vrai. Lisez le livre d’Alice Zeniter, Frapper l’épopée, pour mieux comprendre ce lieu lointain.

En arrière-plan, une carte de la Nouvelle-Calédonie et au premier plan, la couverture du livre d'Alice Zeniter, Frapper l'épopée
À 20 000 kilomètres

J’ai aussi écrit un article sur L’Islande

À vous maintenant

Avez-vous lu certains de ces livres ? En connaissez-vous d’autres ? Dites-le-moi en commentaires.

Couverture du livre de Céline Fuentès, Un si petit voyage

Editeur : Auto-édition
ISBN : 978-1521448915
Pages : 336
Date de parution : 06/06/2017

Restons en contact

Inscrivez-vous à la newsletter

En savoir plus sur l’utilisation des données

Crédits photos
Photos prises par mon voyage en Nouvelle Calédonie

Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)

J'adore discuter de mes lectures. N'hésitez pas à me laisser des commentaires ou à me rejoindre sur les réseaux sociaux.

Rédactrice NetGalley

Articles: 656
S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Caroline Leblanc

Merci Catherine pour cet article ! J’ai déjà lu le très chouette roman de Céline Fuentès mais tu m’as donné envie de lire “Cannibale”, surtout que je suis une habituée du site de l’expo coloniale de 1931…