D’abord, j’ai été intriguée par ce qui se disait sur La plus secrète mémoire des hommes, de quoi me donner envie de le lire. Ensuite, j’ai soupiré sur les 50 premières pages, encore 400 pages comme ça ? C’était ennuyeux, malgré le très beau style. Enfin, le livre démarre, c’est finalement un coup de cœur en dépit de quelques reproches (mais pourquoi donc compliquer la vie du lecteur ?). Prix Goncourt 2021.
L’intrigue
Le narrateur, Diégane Latyr Faye entreprend une quête : retrouver T. C. Elimane, auteur du livre, Le labyrinthe de l’inhumain. Après une accusation de plagiat, ce dernier a disparu et son ouvrage est introuvable. Diégane finit par le dénicher et le lire. Fasciné par l’œuvre, il n’aura de cesse de retrouver la trace de l’écrivain.
L’intrigue est bien construite. Chaque pièce ajoutée au puzzle donne envie d’aller plus loin dans la lecture.
Parallèlement à la quête de T. C. Elimane, Diégane cherche sa voix et sa voie dans la littérature. Il raconte également ses amours difficiles.
L’univers narratif
L’auteur nous fait voyager : en Afrique, en France, en Amérique du Sud, mais l’univers narratif de La plus secrète mémoire des hommes n’a rien à voir avec ces lieux, l’univers narratif, c’est la littérature, avec ses écrivains et leurs questionnements.
Les personnages
#Diégane Latyr Faye
Promesse à suivre de la littérature francophone africaine, Diégane n’est pas ravi de ce compliment, il a néanmoins échappé à étoile montante.
#T.C. Elimane
Il est décrit en creux, par son absence, ses silences, sa disparition, mais pas seulement. Il s’agit bien d’un être fait de chair et d’os qu’on apprend à comprendre.
Les autres personnages que croisera Diégane ont tous de la profondeur, que ce soit le couple d’éditeurs qui a cru en Elimane, la cousine de ce dernier et tous ceux qui l’ont rencontré et aimé.
Les thèmes de La plus secrète mémoire des hommes
Parmi les thèmes, le départ avec toutes ses questions : rester ? partir ? revenir ? Un thème universel, on le voit aujourd’hui avec une partie de la population française qui quitte les villes.
Et la littérature, bien sûr, mais une littérature d’où le lecteur est absent. Les écrivains ont tranché : il faut écrire pour être le meilleur, peu importe que le lecteur aime ou non. Je parle du lecteur ordinaire, celui qui achète le livre, qui l’emporte chez lui et qui s’installe confortablement en espérant être distrait, apprendre quelque chose ou encore réfléchir.
Le milieu littéraire, critiques, journalistes, universitaires, est bien là et la description de leurs réactions est doucement ironique.
Le style
Il est magnifique, mais parfois désagréable. Les narrateurs changent souvent, dans le même chapitre. Il faut un petit moment pour comprendre que le « je » qui parle n’est pas le « je » du paragraphe précédent. Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
Incipit :
« D’un écrivain et de son œuvre, on peut au moins dire ceci : l’un et l’autre marchent ensemble dans le labyrinthe le plus parfait qu’on puisse imaginer, une longue route circulaire, où leur destination se confond avec leur origine : la solitude. »
Citation :
« Rien de beau ne s’écrit sans mélancolie. On peut la jouer, la travestir, la prolonger en tragédie absolue ou la transmuer en infinie comédie. Tout est permis dans les variations et combinaisons qu’offre la création littéraire. On soulève une trace de tristesse, et la littérature fait remonter un grand rire du trou. Vous entrez dans un livre comme dans un lac de douleur noir et glacé. Mais au fond de celui-ci, vous surprenez l’air joyeux d’une fête : tangos de cachalots, zouks d’hippocampes, twerks de tortues, moonwalks de céphalopodes géants. »
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé
- L’intrigue
- Le style
- Un voyage au sein de la littérature
Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous)
- Les 50 premières pages, looongues
- Les changements intempestifs de narrateur.
Mes notes
Univers narratif | 5,0/5 |
Intrigue | 5,0/5 |
Personnages | 5,0/5 |
Style | 4,0/5 |
Moyenne | 4,8/5 |
Lecture exigeante
Il fait partie des meilleurs livres parus en 2021. Un des meilleurs livres de poche parus en 2023.
L’avez-vous lu ? Quelle a été votre expérience ?
Beaucoup de gens ont aimé, certains s’interrogent sur la pertinence de l’attribution du prix. Ce qui est certain, c’est qu’on trouve beaucoup de thèmes dans le livre et un style particulier.
Et vous ?
Quelle a été votre expérience ? Dites-nous ce que vous avez aimé (ou pas) dans ce livre : commentaires.
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Maël Renouard
Info-livre : La plus secrète mémoire des hommes par Mohamed Mbougar Sarr
Editeur : Coédition Philippe Rey/Jimsaan
ISBN : 978-2-84876-886-1
Pages : 461
Date de parution : 19/08/2021
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J’ai “avalé” les cinquante premières pages, subjugué par la liberté, la nouveauté, la beauté de l’écriture. J’ai eu, ensuite, parfois du mal à me retrouver dans les “je” de personnages qui entrent et sortent de scène sans prévenir. Oui, le sujet est la littérature, et il vaut la peine de s’y arrêter en un temps ou les mots sont jetés en pâture sur les réseaux sans trop y réfléchir. Littérature qui transcende? Oui, Mais écriture de la vie, autant de l’intimité (quelle magnifique scène d’amour!) que de la société étrange des déracinés de notre temps. Un grand livre à travailler. Merci Mohamed.
Merci Guy sur ce commentaire dont je partage beaucoup de ressenti. Des thèmes universels qui parlent à beaucoup de gens. Une écriture magnifique. Oui, un grand livre.