J’attendais de lire, comme le promettait le titre, Le pouvoir au féminin, une biographie inspirante. Je suis restée sur ma faim, ce livre d’Elizabeth Badinter est une déception.
Au sommaire
Une biographie de Marie-Thérèse d’Autriche (1717 – 1780)
Son père, Charles VI, n’ayant pas d’enfant mâle, avait pris soin d’assurer sa succession en la personne de sa fille aînée, Marie-Thérèse. Mais à sa mort, l’arrivée au pouvoir d’une jeune princesse de 23 ans aiguise les appétits de Frédéric II, roi de Prusse qui envahit la Silésie en 1740. Il est soutenu par la Bavière, la France et l’Espagne. Lorsque la guerre se termine en 1748, par le traité d’Aix-la-Chapelle, Marie-Thérèse a perdu la Silésie, mais surprise, son mari a été élu empereur.
Si Marie-Thérèse porte le titre d’impératrice, c’est en tant qu’épouse et non qu’en tant que souveraine, une femme ne pouvait être élue impératrice (ou empereur). Elle était « roi » de Hongrie et reine de Bohème, archiduchesse d’Autriche.
Elizabeth Badinter se concentre surtout sur les guerres
Marie-Thérèse, ayant trouvé de nouvelles alliances (la France et la Russie), déclenche une guerre contre la Prusse, c’est la guerre de Sept Ans. Hélas pour l’impératrice, la tsarine Elizabeth Ier meurt et son successeur, Pierre III, est un admirateur de Frédéric II. Il signe une paix séparée. L’Autriche, seule face à la Prusse, ne fait pas le poids. C’est encore un échec.
Ses sujets l’appelaient Elizabeth La Grande
On s’en doute, son avènement ne réjouit pas tout le monde :
« Le premier handicap de Marie-Thérèse est d’appartenir au sexe féminin. Dès le jour de sa prise de fonction, des voix tumultueuses protestent contre le fait qu’une femme est à la tête du pays. On affirme “qu’il ne convient pas au décorum de la nation d’être gouverné par une femme”. Autrement dit, le corps et la personnalité féminine manquent de grandeur et n’en imposent pas. Femme, on ne la prend pas au sérieux. »
Malheureusement, l’auteur ne nous explique pas comment elle est passée de cette image au surnom de Marie-Thérère la Grande. Certes, elle était une souveraine bonne, généreuse, sincère, profondément croyante, bigote même ; Elizabeth Badinter s’étend sur les persécutions subies par les femmes de mauvaise vie. Quant à la tolérance religieuse :
« Je déteste les protestants, mais je hais les Juifs »
Elle s’est entourée d’hommes de valeur, mais a défendu toute sa vie son mari, personnage aussi falot qu’ambitieux dont j’avais oublié jusqu’au nom (François-Etienne)
Marie-Thérère a eu seize enfants
Ayant vécu des recrutements où mon interlocuteur, malgré la loi, essayait systématiquement de me situer par rapport à la maternité, comment ne pas être fascinée par une souveraine qui a passé vingt ans de sa vie enceinte ? Hélas, je suis restée sur ma faim.
Après la mort de son époux, Marie-Thérère a partagé le pouvoir avec son fils, le peu sympathique Joseph II, qui méprisait son père, craignait sa mère et admirait le cynique Frédéric II.
Mais qu’en est-il des autres ?
Marie-Antoinette, Marie-Amélie et les autres complètement oubliées
Les parents de Marie-Amélie ont refusé son mariage avec l’homme qu’elle aimait, alliance qui manquait de prestige, avec un prince luthérien de surcroît. La jeune femme est mariée, pour des raisons politiques, à Ferdinand Ier de Parme, un duc qui rêvait d’être moine (pauvre Marie-Amélie). Elle sera dépensière et finira sa vie en exil.
Marie-Antoinette a 14 ans quand elle épouse Louis XVI. Dans la biographie de Stefan Zweig, Marie-Antoinette, on peut lire des lettres de recommandation de Marie-Thérèse à sa fille. Elles n’auront, certes, aucun effet sur la jeune reine de France, en revanche, elles montrent que l’impératrice restait attentive à sa fille, même mariée (sans qu’on lui ait demandé son avis, évidemment).
L’écriture ne suit pas la chronologie
Elizabeth Badinter ne s’embarrasse pas d’ordre chronologique et c’est parfois difficile quand on ne connaît pas l’histoire de l’Autriche au XVIIIe siècle. L’écriture n’est pas toujours claire.
Incipit :
« A priori, l’archiduchesse Marie-Thérèse n’était pas destinée à régner sur le plus grand empire européen. Non parce qu’une loi fondamentale l’interdisait, telle la loi salique en France, ou que la maison des Habsbourg ne connaissait que l’épouse du souverain, mais parce que son père ne le désirait pas. »
Curieux incipit puisqu’on apprend plus loin que son père s’est assuré que sa fille aînée puisse lui succéder, à défaut d’avoir un héritier mâle, mais est-il besoin de le préciser ?
Mon avis en résumé
Les amateurs d’Histoire apprécieront peut-être cette biographie. Mais je ne l’ai pas trouvée aussi inspirante que la promesse du titre, Le pouvoir au féminin.
Ma note
Note subjective : 3/5
Lecture un peu exigeante
Ailleurs au XVIIIe siècle
La porte du voyage sans retour
David Diop
Le roi et l’horloger
Arnaldur Indridason
Info-livre : Le pouvoir au féminin par Elizabeth Badinter
Editeur : LGF/Livre de Poche
ISBN : 978-2-253-18011-1
Pages : 371
Date de parution : 28/02/2018
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