Jean-Christophe Rufin parle très bien de ses livres. Tellement bien que j’ai du mal à ne pas craquer quand j’en vois un. Mais Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla, paru en 2019, est-il à la hauteur de la présentation ? Nous explique-t-il pourquoi et comment Edgar et Ludmilla se sont mariés sept fois ?
L’intrigue
Edgar et Paul, accompagnés de leurs petites amies du moment, partent en URSS, en un temps où il faut obtenir des autorisations et où les voyageurs sont flanqués d’un guide ange gardien qui ne les quitte pas d’une semelle. Ils ont pour projet de publier des articles, et peut-être un livre à leurs retours Paul écrira des textes pour des articles, Edgar prendra les photos.
Lorsqu’ils arrivent dans un village, les habitants sont devant un chêne, le nez en l’air, essayant de convaincre une jeune fille de descendre. Pour toute réponse, elle leur jette ses vêtements à la figure.
Ils ne sont pas censés s’intéresser à ce village qu’ils quittent rapidement. Trop tard pour Edgar, tombé fou amoureux de la folle jeune fille. Bien qu’il ne connaisse ni le nom du village ni le nom de la jeune fille, il part à sa recherche.
Le début du livre, Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla, est soigné avec cette scène énigmatique et j’ai apprécié que l’auteur explique ce qui s’était passé avant et pourquoi. Malheureusement, la suite du roman m’a moins convaincue. J’ai eu du mal à croire aux raisons de cette succession de mariages et de divorces.
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L’univers narratif
De nos jours, comme une didascalie. Pas vraiment de détails. L’auteur compte sur notre capacité à remplir les blancs.
Les personnages
#Ludmilla
Elle est née en Ukraine.
Dans les années 30, à l’époque des purges staliniennes, son grand-père avait été déporté, sa mère envoyée à la campagne pour qu’elle évite un sort similaire. Elle y rencontra un musicien avec qui elle eut une fille, Ludmilla.
Lorsque la Wehrmacht attaqua l’URSS, il partit sur le front d’où il ne revint pas. La mère de Ludmilla éleva sa fille, comme elle pouvait, dans un village.
Ludmilla finit par devenir une grande cantatrice. Personnage un peu cliché, qui évoque la Callas.
#Edgar
Il est né en France de père inconnu.
Il quitta l’école à quatorze ans pour travailler à décharger des camions ou dans une scierie puis il partit à Paris.
Quand il arrive à la capitale, la chance lui sourit. Il proposa son aide à un automobiliste et changea la roue de sa voiture. Le propriétaire du véhicule, un notaire est trop content de ne pas avoir sali son costume grâce à Edgar. Il l’embaucha comme garçon de courses et le logea dans une chambre de bonne au-dessus de son appartement, l’occasion pour Edgar de rencontrer le fils de son bienfaiteur, Paul.
Edgar devint un chef d’entreprise qui évoque irrésistiblement Bernard Tapie. Encore un personnage un peu cliché.
#Ingrid
Fille de Ludmilla et Edgar, épouse du narrateur.
Ce qu’on apprend dans la postface
Une bonne surprise que cette postface qui nous apprend la genèse du livre : le voyage d’Edgar et Paul est inspiré de celui de deux jeunes journalistes, Dominique Lapierre (connu pour ses livres, certains écrits en collaboration avec Larry Collins, Cette nuit la liberté, d’autres qu’il a écrits seul, La cité de la joie) et Jean-Pierre Pedrazzini.
La propre histoire de l’auteur a servi de trame :
… la vie qui s’allonge favorise non seulement les ruptures, mais aussi les retrouvailles.
Un homme qui divorce puis se remarie, à plusieurs reprises avec la même femme, ce n’est pas si facile à appréhender. Jean-Christophe Rufin est le premier à le reconnaître, il a déclaré lors de l’émission de La Grande Librairie d’avril 2019 :
Chaque fois que je raconte ça, ça fait rigoler les gens, mais personne ne comprend ce qui s’est passé.
Le style
Fluide et agréable. Néanmoins, j’aurais aimé que le narrateur s’efface au profit des personnages, il est présent dès les première phrases :
Ludmilla et Edgar.
Edgar et Ludmilla
Il m’est impossible d’imaginer ce qu’aurait été leur destin l’un sans l’autre.
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé :
- L’originalité de l’histoire
Ce qui ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous) :
- La superficialité du propos
- Le manque de crédibilité
Ce livre n’est vraiment pas un de mes préférés de l’auteur ? Je préfère Le collier rouge. Qu’en pensez-vous ?
Mes notes
Univers narratif | 2,0/5 |
Personnages | 2,5/5 |
Intrigue | 3,5/5 |
Style | 4,0/5 |
Moyenne | 3,0/5 |
Des mariages encore plus problématiques
Le portrait de mariage
Maggie O’Farrell
Prenez-moi pour une conne
Guillaume Clicquot
Info-livre : Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla par Jean-Christophe Rufin
Editeur : Gallimard
ISBN : 978-2-07-274313-9
Pages : 384
Date de parution : 28/03/2019