Dans Secrets de polichinelle, Alice Munro excelle à révéler l’extraordinaire dans la banalité, grâce à une écriture précise et une galerie de personnages très aboutis. Ce recueil m’a fascinée autant par la subtilité de ses récits que par l’inattendu qui s’y glisse. Seul bémol ? Une nouvelle qui m’a laissée sur ma faim.

De quoi parle ce livre ?
Il parle de femmes. Est-ce qu’elles ont un secret ? Oui, souvent. Mais ce sont des femmes ordinaires, comme vous et moi, si ce n’est qu’elles vivent dans un autre pays et à une autre époque (avant les téléphones mobiles, vous avez noté comme il s’agit d’un marqueur en littérature ?). Beaucoup sont solitaires, et la solution à leur problème, quand il y en a une, est généralement inattendue.
Ce qui m’a le plus surprise dans ce recueil de nouvelles, c’est la facilité avec laquelle je suis entrée dans les histoires. J’ai aussi eu très envie de tourner les pages alors qu’il se passe peu de choses, sans doute parce que j’étais fascinée par les personnages. Alice Munro sait aller au delà de l’apparente banalité.
Où et quand ?
Tous les récits se déroulent à Carstairs au Canada, mais des personnages vous entraîneront en Albanie ou en Australie. Une nouvelle se passe au milieu du XIXe siècle, les autres couvrent le XXe siècle.
Comme un fil conducteur, une famille importante de Carstairs a souvent des personnages qui ont un rôle plus ou moins déterminant dans les histoires.
Des nouvelles qui m’ont touchée
Le recueil rassemble 8 nouvelles, et forcément, certaines d’entre elles m’ont plus marquée que d’autres.
Envie de le lire ?
🛍️ Les boutons bleus visibles dans l’article sont des liens affiliés. Si vous cliquez dessus pour acheter un livre, je touche une petite commission — sans coût supplémentaire pour vous. Cela m’aide à faire vivre ce blog tout en vous proposant des lectures choisies avec soin. Merci pour votre soutien !
Une vraie vie
Dorrie est veuve et se débrouille très bien, elle est capable d’accomplir des tâches d’homme. D’ailleurs, cela ne la dérange pas d’arriver chez Millicent en sueur et en retard parce qu’elle a dû abattre une chatte sauvage qu’elle soupçonnait d’avoir la rage.
Muriel à trente ans passés, aimerait bien se marier et elle s’habille avec soin. Le jour où elle est invitée chez Millicent, elle s’assoit à côté du seul célibataire, même s’il n’a rien de bien séduisant.
Millicent observe, commente.
L’hôtel Jack Randa
Will a quitté Gail et est parti en Australie avec sa nouvelle et jeune compagne. Bien qu’en contact régulier avec la mère de son ex-mari, Gail ignore ce qu’il devient. Et elle doute que Cleata dise quoi que ce soit à son fils à son propos. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, elle part en Australie. Que va-t-elle faire ? Se venger ? Pas vraiment.
J’ai d’abord été déroutée par le début de cette nouvelle, qui présente en premier lieu des personnages qui vont disparaître, revient ensuite dans le passé pour raconter l’histoire de Gail. Et ce n’est qu’une fois en Australie que le récit devient savoureux. Je ne savais pas si je devais rire ou pleurer.
Un endroit désert
En 1852, Simon Herron a épousé Annie McKillop. Il avait demandé au pasteur de le mettre en relation avec un orphelinat qui pourrait lui trouver une femme. C’est chose faite. Très vite, Simon est tué par une branche alors qu’il travaillait dans la forêt avec son frère. Le comportement d’Annie change, elle finit par disparaître.
Cette nouvelle alterne des récits, des lettres, des articles de journaux et vous mettrez longtemps à comprendre le comportement d’Annie.
Une nouvelle qui m’a laissée perplexe
La Vierge albanaise présente deux récits qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Je n’en ai pas compris l’intérêt (ou le lien). Les deux histoires m’ont laissée sur ma faim.
Comment est-ce écrit ?
Citations :
Une vraie vie p 72
« Millicent elle-même n’était pas une personne sans instruction. Elle avait enseigné. Elle avait éconduit deux soupirants sérieux — le premier parce qu’elle ne pouvait souffrir sa mère, le deuxième parce qu’il avait essayé de lui fourrer sa langue dans sa bouche — avant d’accepter d’épouser Porter, qui avait dix-neuf ans de plus qu’elle. »
L’hôtel Jack Randa
« Les hommes tenaient des discours imbéciles (Je suis désolé, mais je ne me sens plus impliqué dans ce mariage). Ils proposaient de revendre à leurs épouses des voitures et des meubles qu’elles avaient elles-mêmes payés. Ils se pavanaient tout satisfaits d’avoir réussi à mettre enceinte un ingénu petit bout de femme. Ils étaient diaboliques et puérils. Que pouvait-on faire à part renoncer à eux ? »
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé
- L’écriture
- La profondeur des personnages
- L’inattendu dans certains récits
Mes notes
Univers narratif | 5,0/5 |
Personnages | 5,0/5 |
Intrigue | 4,0/5 |
Écriture | 5,0/5 |
Moyenne | 4,8/5 |
Lecture un peu exigeante
Ă€ vous maintenant
Vous l’avez lu ? Donnez-moi votre avis en commentaires. Pensez à activer la cloche qui se situe avant le bouton Publier le commentaire pour recevoir un mail avec les réponses à votre commentaire.
D’autres recueils de nouvelles sur les femmes
Maternités
Sigrid Undset

Les sans-gloire
Laure Gombault

Info-livre : Secrets de polichinelle par Alice Munro

Éditeur : Points
ISBN : 978-2-7578-3081-9
Pages : 377
Date de parution : 27/09/2012
Restons en contact
Envie d’encore plus de lecture ? Rejoignez les 700 abonnés de la newsletter Dequoilire et recevez votre carnet de lecture : 10 livres coup de poing.
Notifications
Vous pouvez aussi cliquer sur la cloche rouge en bas à gauche pour vous inscrire aux notifications (entre 2 et 3 fois par semaine). Vous vous désinscrivez quand vous voulez.