Source de chaleur de Sôichi Kawagoe, au travers d’un profond humanisme, mets en avant des cultures menacées. J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur l’île de Sakhaline. Bien que la narration soit parfois confuse — mon manque de connaissance n’aidant pas — Source de chaleur mérite d’être lu.
Service Presse
Comment débute le livre ?
Alors que le 15 août 1945, le Japon a capitulé, les Russes débarquent sur l’île de Sakhaline parce qu’ils veulent reprendre la partie sud de la région. Parmi les militaires, une femme, le caporal Kournikova. Elle s’était engagée volontaire en 1941 et la vengeance — elle a perdu son fiancé et sa famille — est pour beaucoup dans sa détermination de combattre les fascistes.
À la fin du XIXe siècle, trois garçons sont amoureux de la même jeune fille, Kisarasui. Elle est la plus jolie fille du village et ne manque pas de prétendants. Ils sont tous des Aïnous et vivent à Hokkaido après avoir quitté Sakhaline que les Japonais appellent Karafuto.
À la même époque, Bronislav Piotr Pilsdoski, 20 ans, purge une peine de quinze ans de travaux forcés à Sakhaline, ensuite il devra encore rester sur l’île pendant dix ans. Quelques mois auparavant, il a été mêlé à un attentat politique mené par Alexandre Ilitch Oulianov (frère aîné de Lénine) qui a été pendu.
Qu’en ai-je pensé ?
J’ai beaucoup aimé l’idée de « source de chaleur » qui court tout autour du livre ; une source de chaleur tout en humanité qui lutte contre les sources de froid, parmi lesquelles la guerre bien sûr, mais aussi le mépris et les croyances autour des autochtones de l’île de Sakhaline.
En revanche, le récit est parfois confus et le lecteur met longtemps avant de comprendre ce qui lie les personnages.
Quels sont les thèmes ?
- Guerre méconnue
- Les autochtones de l’île de Sakhaline (Oroks, Aïnous et Gilyaks)
- Les plus faibles doivent-ils disparaître ?
Où et quand ?
Le roman concerne l’île de Sakhaline, mais il se passe aussi au Japon, en Russie et en Pologne. Il se déroule de la fin du XIXe siècle à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Malheureusement, je connais mal l’histoire des conflits entre Japon et Russie (et encore moins la géographie) et j’ai parfois été perdue. J’espère que ces quelques informations vous rendront la lecture plus facile.
Sakhaline
L’île se trouve au large de la Sibérie. Elle est baignée par mer d’Okhotsk et à l’ouest par la mer du Japon.
En 1875, peu avant que l’histoire commence, les Japonais ont cédé le sud de l’île aux Russes. Ce n’est qu’en 1905 que les Japonais ont récupéré cette partie. L’Armée rouge attaque l’île le 11 août 1945 et en terminera la conquête le 25 août.
Les Aïnous
Ils vivent dans le Nord du Japon et dans l’Extrême-Orient de la Russie. Les Japonais ont essayé de les assimiler par la force et ce n’est qu’en 2008 que le Parlement japonais a reconnu l’existence du peuple Aïnou.
La fierté d’être aïnou, le désir de conserver la culture aïnou court dans tout le livre. Une coutume, le tatouage des femmes mariées est cité à plusieurs reprises dans le roman.
Qui sont les personnages ?
Ils sont nombreux et les noms russes, japonais ou dans les langues autochtones ne facilitent pas la lecture. N’hésitez pas à noter les noms au fur et à mesure qu’ils arrivent dans l’histoire.
J’ai regretté qu’on connaisse peu leurs vies intérieures et que le livre se contente de relater les faits.
Bronislav Piotr Pilsdoski
J’ai apprécié le début de son histoire, mais j’ai fini par le détester. Quel dommage que l’auteur ne nous en ait pas dit plus sur ses pensées parce que les raisons de son comportement ne m’ont pas convaincue.
Le caporal Kournikova
Un personnage secondaire, mais attachant.
Ipékara
Un autre personnage secondaire, mais sans doute le plus convaincant. En effet, elle se comporte comme une adolescente typique au début du livre, mais finit par acquérir de la sagesse.
Les trois garçons aïnous
Ballottés par l’Histoire, ils font ce qu’ils peuvent pour améliorer la vie de leur peuple.
Comment est-ce écrit ?
Incipit :
« Le camion poursuit sa route, toujours aussi malmené.
Il fait sombre sous la bâche. Douze soldats en sueur, l’odeur de moisi, la chaleur impitoyable du mois d’août. L’espace est chargé de la moiteur poisseuse formée par cette mixture.
J’ai froid. »
Citation :
« — La civilisation ? C’est quoi ?
Cela faisait longtemps que Yayomanekf se posait la question. Le mot revenait de temps en temps à l’école, M. Michimori parlait de “l’ouverture à la civilisation” et tout ça, mais il ne voyait pas ce que ça voulait dire.
— Sauf erreur de ma part, répondit Chkobroh, toujours aussi amer, je crois que c’est la croyance que les plus faibles doivent mourir. »
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé
- Le thème principal : source de chaleur
- Faire la connaissance du frère aîné de Lénine et de ses actions
- Apprendre à connaître l’île de Sakhaline et ses peuples autochtones
Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous)
- J’ai été un peu perdue parfois
- Le manque de profondeur des personnages
Mes notes
Univers narratif | 5,0/5 |
Personnages | 3,0/5 |
Intrigue | 3,5/5 |
Écriture | 4,0/5 |
Moyenne | 3,9/4 |
Lecture un peu exigeante
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Info-livre : Source de chaleur par Sôichi Kawagoe
Editeur : Belfond
ISBN : 978-2-7144-9972-1
Pages : 432
Date de parution : 22/08/2024
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