Devant la masse de livres qui sortent chaque jour, il peut paraître étrange d’aller chercher des livres classiques (ceux que nous avons été plus ou moins obligés de lire pendant notre scolarité). Reste qu’une grande partie de la production actuelle ne passera pas le temps et on peut déjà comprendre pourquoi. Alors, se plonger dans un chef-d’œuvre, c’est fou ce que ça fait du bien ! Est-ce le cas de La fiancée de Lammermoor ?
L’intrigue
Il faut beaucoup de patience avant d’arriver au cœur de l’intrigue. Les premières pages commencent par les réflexions de l’auteur présumé, Pierre Pattieson, ainsi que par ses discussions avec un de ses amis :
« — Vous confondez, répliquai-je, les opérations de la plume avec celles du pinceau. La peinture, cet art silencieux, comme l’a appelé un de nos poètes, parle nécessairement à l’œil, parce qu’elle n’a pas d’organes pour s’adresser à l’oreille. La poésie au contraire, ou mon genre de composition, qui en approche, ne doit songer qu’à plaire à l’oreille, puisque les moyens manquent d’intéresser par l’intermédiaire des yeux. »
Edgar Ravenswood vient d’enterrer son père, il jure de se venger de la famille Ashton à qui il attribue la ruine de sa famille. Comme souvent la vérité est plus complexe bien que le jeune homme n’en connaisse qu’une partie. Edgar ne mettra pas son serment à exécution, bien au contraire. Lors d’une partie de chasse, il sauve William Ashton et sa fille de l’attaque d’un taureau sauvage. Edgar tombe sous le charme du lord et encore davantage sous celui de sa fille.
La fiancée de Lammermoor est une tragédie. Des passages pourraient être hilarants, mais comme c’est une tragédie, ils sont surtout pathétiques.
Enfin, l’auteur fait de nombreuses digressions, pas toujours passionnantes.
L’univers narratif
L’action se déroule en Écosse, dans les Highlands. Edgar vit dans une vieille tour où il manque de tout alors que William Ashton, qui a racheté légalement le domaine de Ravenswood — légalement, mais pas en toute équité — en a fait une propriété somptueuse.
Si l’histoire de l’époque (fin XVIIe) est peu décrite, en revanche les scandaleuses méthodes de la Justice écossaise de l’époque s’étendent sur plusieurs pages.
Les personnages
#Le maître de Ravenswood
Jeune et ruiné donc, Edgar a une haute opinion de sa naissance, ce qui le rend à la fois orgueilleux et beaucoup trop chatouilleux sur son honneur.
#Lucie Ashton
Que dire de Lucie ? Une jeune fille, belle, forcément, soumise à sa famille et dont la seule incartade (son amour pour Edgar) lui coûtera cher.
D’après l’auteur, ils ne sont même pas faits l’un pour l’autre :
« S’ils avaient eu le temps de se connaître parfaitement avant de s’abandonner à la passion qui les dominait, Ravenswood eût inspiré trop de crainte à Lucie pour qu’elle eût pu lui accorder de l’amour, et lui-même aurait regardé la douceur et la docilité de miss Ashton comme une faiblesse d’esprit qui la rendait peu digne de son attachement. »
#William Ashton
Lord garde des Sceaux, il est retors, indécis et totalement soumis à la redoutable lady Ashton. L’affection de William Ashton pour sa fille s’arrête à ses intérêts personnels. Quant à la mère de Lucie, elle ne voit en la jeune fille qu’un moyen d’atteindre son but.
#Caleb Balderston
Fidèle serviteur d’Edgar, il est prêt à toutes les extrémités pour sauver l’honneur de la famille Ravenswood. Mais ce qui aurait pu être comique m’a paru bien long au point de me faire soupirer : ah non ! pas encore.
En bref, les personnages sont un peu caricaturaux et donne l’impression que l’auteur n’est pas allé jusqu’au bout de son histoire (scènes comiques qui ne le sont pas, amours contrariées).
Le style
Walter Scott, comme Jane Austen, est un écrivain du tournant entre le XVIIIe et le XIXe, mais à la différence de cette dernière, le style désuet et un peu lourd. Faites-vous une idée :
Incipit :
« Peu de personnes ont connu mon secret pendant que je compilais ces récits, et il n’est guère probable qu’ils verront le jour du vivant de leur auteur. Quand même cela arriverait, je ne suis point ambitieux de la distinction honorable d’être montré au doigt, monstrari digito. J’avoue que, si je pouvais en sûreté me bercer de ce rêve, j’aimerais mieux rester invisible derrière la toile, comme l’ingénieux maître de Polichinelle et de sa femme Jeanne, pour jouir de l’étonnement et des conjonctures de mes auditeurs. »
Citation :
« Voir le maître de Ravenswood, naguère si hautain et si réservé, et qu’elle avait toujours regardé comme la partie injuriée, supplier son père de lui accorder son pardon, c’était un changement inespéré dont elle n’était pas moins flattée que surprise. »
Mon avis en résumé
Lecture non indispensable, mais :
Ce que j’ai aimé
- Une histoire écossaise du XVIIe
- La description de l’Écosse à cette époque.
Ce que j’ai regretté
- Les longueurs et les digressions
- L’écriture
- Un goût d’inachevé
Mes notes
Univers narratif | 5,0/5 |
Personnages | 3,0/5 |
Intrigue | 2,0/5 |
Style | 2,0/5 |
Moyenne | 3,0/5 |
Lecture exigeante
Retrouvez des classiques faciles à lire.
À vous maintenant
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Faut-il les relire ?
Aziyadé
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Faut-il lire Le quatuor d’Alexandrie de Lawrence Durrell ?
Info-livre : La fiancée de Lammermoor par Walter Scott
Editeur : Archipoche
ISBN : 978-2-37735-172-5
Pages : 389
Date de parution : 05/05/2018
(Première publication : 21/06/1819)
La fiancée de Lammermoor est disponible sur le site Ebooks libres et gratuits.
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J’ai lu ce livre l’été dernier (dans le cadre du Challenge Solidaire, justement), et je partage cet avis. La plongée dans l’histoire de l’Écosse est intéressante, mais le tout a un peu mal vieilli. C’est là qu’on mesure en comparaison la grande qualité de Jane Austen, qui se lit toujours agréablement !
Je l’ai lu aussi dans le cadre du Challenge Solidaire et j’adore sortir de ma zone de confort avec parfois avec de belles surprises. Et oui, on est loin de la modernité de Jane Austen.