Paru en 2019, cet ouvrage m’avait échappé. Quelle erreur ! Parce que Joseph Ponthus est un écrivain, il raconte son expérience dans À la ligne Feuillets d’usine avec une sobriété de mots qui n’enlève rien à l’émotion, bien au contraire. Coup de cœur.
Quel est le thème ?
Joseph Ponthus parle du travail en usine, d’abord dans une conserverie de poisson, ensuite dans un abattoir. Le travail y est pénible, insupportable, mais le narrateur n’a pas le choix, il doit bosser, coûte que coûte. Il ne trouve pas d’emploi dans sa partie et il a besoin d’argent, comme tout le monde.
C’est un seul et unique thème, même si, ça et là, apparaissent en filigrane, sa vie en dehors de l’usine, avec sa femme, avec son chien ou dans son métier d’éducateur.
Des thèmes à priori éloignés de la littérature mais sublimés par des vers libres.
Qui est Joseph Ponthus ?
Joseph Ponthus est né en 1978 à Reims. Il a travaillé comme éducateur spécialisé à Nanterre. Il a cosigné un livre publié en 2012, Nous…la cité. Il se marie en 2015 et rejoint la Bretagne. Ne trouvant pas de travail dans son métier, il devient intérimaire. Il consigne tous les soirs son expérience. Il en tire, À la ligne, feuillets d’usine, qui paraît en 2019. Il reçoit de nombreux prix.
Joseph Ponthus est décédé en 2021 des suites d’un cancer.
Sur quoi l’auteur s’appuie-t-il ?
Joseph Ponthus s’appuie sur son expérience, mais il ne démontre rien, ne cherche pas à théoriser. Il raconte ce qu’il a vécu et le livre en est d’autant plus puissant.
Comment le livre est-il structuré ?
Le livre est réparti en 66 courts chapitres. Ils se dévorent.
Quel passage m’a le plus émue ?
Dans le chapitre 55, l’auteur s’adresse à sa mère.
« Maman
Je sais comme à toutes les époques de ta vie que tu te fais du souci pour moi »
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Comment écrit-il ?
Attendez-vous à un choc parce que la syntaxe est inhabituelle : pas de ponctuation et des retours à la ligne. Chaque retour à la ligne est un petit coup de poing que j’ai reçu dans l’estomac. Alors forcément, la lecture de cet ouvrage m’a laissée éreintée.
Incipit :
« En entrant à l’usine,
Bien sûr j’imaginais
L’odeur
Le froid
Le transport de charges lourdes
La pénibilité
Les conditions de travail
La chaîne
L’esclavage moderne
Je n’y allais pas pour faire un reportage
Encore moins préparer la révolution
Non
L’usine c’est pour les sous
Un boulot alimentaire
Comme on dit »
Citation :
« Je sais que tu as travaillé toute ta vie notamment pour me payer l’école que tu as fait énormément de sacrifices pour me permettre d’avoir une bonne éducation ce qui est je crois le cas
Peut-être penses-tu que c’est du gâchis d’en arriver là à l’usine
Franchement je ne crois pas bien au contraire
Ce que tu ne sais sans doute pas c’est que c’est grâce à ses études que je tiens le coup et que j’écris
Sois-en remerciée du fond du cœur »
Mon avis en résumé
Lisez cet Ovni littéraire, vous ne le regretterez pas.
Si les livres écrits en vers libres vous touchent, je vous recommande aussi Charlotte de David Foenkinos.
Ma note
Pour la qualité littéraire du témoignage : 5/5
Lecture assez facile
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Info-livre : À la ligne Feuillets d’usine par Joseph Ponthus
Editeur : Folio
ISBN : 978-2-07-288186-2
Pages : 288
Date de parution : 13/08/2020
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Crédits photos
Arrière-plan : Photo de Pierre Châtel-Innocenti sur Unsplash
Joseph Ponthus : librairie mollat – CC BY 3.0
Catherine,
j’avais noté le titre et l’auteur de ce livre en lisant ta chronique. Je l’ai trouvé à la bibliothèque et lu.
Quel coup de poing. Quel usage de la langue. Quelle force des convictions.
J’ai travaillé dans une usine mais je me rends compte que je ne l’ai vue que de loin (de mon bureau).
Merci de me faire découvrir autant de livres grâce à ton blog.
Caroline
Merci de ta visite, Caroline. Et je suis d’accord, c’est une œuvre coup de poing.