Après avoir lu La carte postale d’Anne Berest et après avoir été séduite par les relations entre les deux sœurs, j’ai eu envie de lire Artifices de Claire Berest. Et bien m’en a pris, dans un tout autre registre (le thriller) que le livre de sa sœur, Artifices mérite sa présence à la rentrée littéraire.

En arrière-plan, un feu d'artifices et au premier plan, la couverture du livre de Claire Berest, Artifices
… il cherche le visage d’Éric…

L’intrigue

Abel, un policier consciencieux et méticuleux vient d’être suspendu, ce qui le plonge dans des angoisses sans fin.
Mila, une artiste plasticienne célèbre, mais dont personne ne connaît l’identité, s’interroge sur sa carrière.
L’auteur brouille les pistes et je me souviens m’être demandé « et donc ? » au quart de la lecture. Un peu de patience, les indices arrivent. Pas très clairs, il est vrai, du moins au début. Un cheval est retrouvé à Beaubourg, il n’y a pas eu d’effraction.
Patience, patience, d’autres indices vont arriver, ils s’emboîteront parfaitement.

Les personnages

#Abel
Abel est policier donc, mais suspendu. C’est un solitaire qui cultive plusieurs dizaines d’orchidées dans son appartement. Pour vaincre ses insomnies, il marche la nuit et essaie de se perdre, sans toujours y réussir.

#Mila
C’est son nom d’artiste, mais qui est-elle vraiment ? Le lecteur l’apprend rapidement. Elle a passé son enfance dans une petite ville, Vallé, ses parents sont morts alors qu’elle avait dix-huit ans. Elle n’a pas suivi le parcours prestigieux d’autres artistes, ce qui lui permet de se tenir à l’écart. Son agent est un avocat, ami d’enfance.

#Léa
Ivre, elle se trompe d’appartement en rentrant chez elle. Ayant ainsi fait la connaissance d’Abel, elle ne le lâche plus.

#Camille
Camille est une collègue policière d’Abel. Abel l’attire, mais l’agace aussi. Elle essaie de l’aider, encore faudrait-il que ce dernier l’accepte.

L’univers narratif

Claire Berest nous plonge dans l’univers de l’art contemporain, quelque chose qui me fascine. Mais non, je ne comprends pas tout à l’art contemporain et plutôt souvent rien que quelque chose. Mais ça me fascine. J’ai donc été ravie de trouver des passages sur l’art contemporain. Je connaissais Marina Abramović, mais je n’avais jamais entendu parler de Piero Manzoni et de son œuvre La merde d’artiste (où quand le f**tage de gu**le devient de l’art, mais bon, ce n’est que mon avis en rien éclairé) ou encore Maurizio Cattelan.
Bref, j’ai adoré les digressions sur l’art contemporain.

Style

Le style de Artifices m’a laissé un peu perplexe, entre vocabulaire soutenu (coruscation, torpide), vocabulaire anglais qui n’apporte rien (middle-class, game) et vocabulaire familier (rade, merde traduit en « brun » par Abel). Pas plus gênant que ça, un peu surprenant.

Incipit :

« Abel est tétanisé, il ne peut que voir tomber au sol les gens, les uns après les autres, irréels pantins mis à mort, hommes, femmes, sans hiérarchie, il cherche le visage d’Éric, et Éric se tourne alors vers lui, avec le même regard aux yeux absentés qu’il a toujours affichés au milieu du visage, comme on décide de se mettre une bonne fois pour toutes une fleur à la boutonnière en guise de signature ou de porter un blazer noir, toujours le même, pour régler toute cette merde d’endosser son identité. »

Citations :

« Cette femme, Marina Abramović, était, semble-t-il, une artiste célèbre, qui utilisait son corps comme support de ses œuvres. Rythm 0 était le nom d’une de ses expériences réalisées dans les années 1970, l’aboutissement d’une série de performances qui avait commencé avec Rythm 10, puis Rythm 9, Rythm 8 jusqu’au zéro. »

« Au début de la performance de Marina Abramović, les trois premières heures, les spectateurs sont intimidés et amusés. Bienveillants, curieux, ils apportent une rose à Marina A., pour voir. Ils lui posent un baiser sur la joue, la serrent dans leurs bras. S’encanaillent gentiment comme d’inoffensifs moineaux inconscients du piquant de leur bec. Tout étonnés de cette poupée vivante et passive, ils câlinent et se tempèrent, encore domestiqués par le pacte de civilisation. Il leur faut bien trois heures.
Le temps fait son œuvre et la performance de Marina Abramović dérape. »

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé :

  • Le suspens
  • L’intrigue
  • L’originalité des personnages
  • Les digressions sur l’art contemporain

Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous) :

  • Le livre met du temps à démarrer
  • Le style pas toujours cohérent

Mes notes

Univers narratif5,0/5
Personnages5,0/5
Intrigue5,0/5
Style3,0/5
Moyenne4,5/5

Il fait partie des meilleurs livres parus en 2021.

Meurtres et Art

Perspective (s)
Laurent Binet

En arrière-plan, un peintre de la Renaissance en train de peindre. Au premier plan, la couverture du Livre de Laurent Binet, Perspectives(s)
L’histoire se déroule à Florence en 1557 à la fin de la Renaissance italienne.

Info-livre : Artifices par Claire Berest

Couverture du livre de Claire Berest, Artifices

Editeur : Stock
ISBN : 978-2-234-08998-3
Pages : 429
Date de parution : 25/08/2021

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Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
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Rédactrice NetGalley

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