Nul doute que Perspective (s) constitue un exploit littéraire. L’histoire avance au gré de lettres écrites par plusieurs personnes, dans un style que l’on reconnaît comme celui des siècles passés. Mais est-ce que le roman policier de Laurent Binet a fait le bonheur de la lectrice que je suis ? Pas tout à fait. Rentrée littéraire 2023.

En arrière-plan, un peintre de la Renaissance en train de peindre. Au premier plan, la couverture du Livre de Laurent Binet, Perspectives(s)
L’histoire se déroule à Florence en 1557 à la fin de la Renaissance italienne.

Service Presse

Au sommaire

Que se passe-t-il ?

Peinture de Jacopo Da Pontormo
Peinture de Jacopo Da Pontormo, Joseph en Egypte

Le peintre Jacopo Da Pontormo a été assassiné dans la basilique San Lorenzo1, alors qu’il peignait les fresques de la chapelle majeure. Cosimo de Médicis, duc de Florence, charge Giorgio Vasari, peintre lui-même, de retrouver le meurtrier.

Un tableau représentant une Vénus nue, dont le visage a été peint à partir de celui de Maria de Médicis, fille du duc de Florence, est retrouvé. De quoi ravir la tante de cette dernière, Catherine de Médicis, reine de France qui compte bien profiter de cette opportunité pour causer un scandale dont le duc ne se remettra pas. Mieux encore, Maria est tombée amoureuse d’un homme que son rang lui interdit d’épouser. Catherine se frotte les mains et encourage la jeune fille.

Perspective (s) est un roman policier, mais assez peu convaincant. Certes, le coupable est l’un des plus improbables, mais aucun indice ne permet au lecteur de se lancer sur une piste, fausse de préférence, ou de se dire ensuite, mais oui, bien sûr.

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Où et quand ?

L’histoire se déroule à Florence en 1557 à la fin de la Renaissance italienne. (Léonard de Vinci est mort en 1519, Raphaël en 1520, Michel-Ange vit toujours, il a 82 ans.)

Qui sont les personnages ?

Cosimo de Médicis
Souvent absent pour résoudre les problèmes politiques, y compris par le mariage de ses enfants, il se contente de donner des ordres à Vasari. Son rêve ? Devenir roi de Toscane, même s’il faut pour cela faire allégeance au pape Paul IV qui a élargi les pouvoirs de la Sainte Inquisition.

Portrait de Cosimo de Médicis en Orphée par Agnolo Bronzino
Portrait de Cosimo de Médicis en Orphée par Agnolo Bronzino
Le jardin de Gethsémani - Giorgio Vasari
Le jardin de Gethsémani – Giorgio Vasari

Giorgio Vasari
Proche de Cosimo de Médicis et préoccupé par le meurtre de Pontormo, j’ai eu tendance à oublier qu’il était peintre. Quelques échanges le montrent en train de travailler sur La vie des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes.

Les prieures Catherine de Ricci et Plautilla Nelli
Elles sont prises, bien malgré elles, dans un tourbillon qu’elles ne comprennent pas vraiment. Et le lecteur se demande aussi où l’auteur veut en venir.

Michel-Ange Buonarroti
À Rome, le génial peintre et architecte achève la construction de la basilique Saint-Pierre et s’inquiète des changements. Il est persuadé que ses peintures seront détruites.

Étude pour le « jugement dernier - Michel-Ange Buonarroti
Étude pour le « jugement dernier » – Michel-Ange Buonarroti

Agnolo Bronzino
Élève de Pontormo, qui peut mieux que lui achever ses fresques ? Ce qui en fait un coupable tout désigné.

D’autres personnages, le broyeur de couleurs de Pontormo, son apprenti également représentent la société florentine des petites gens.

Comment est-ce écrit ?

L’écriture des siècles passés est respectée. J’en admire l’exploit, mais les préambules, formules de politesse, les compliments hypocrites ou encore les plaintes des uns et des autres nuisent au rythme, la lecture manque de vie. Chaque lettre, bien que faisant avancer l’histoire, n’apprend pas grand-chose.

Incipit :

Maria de Médicis à Catherine de Médicis, reine de France
Florence, 1er janvier 1957
« S’il savait que je vous écris, mon père me tuerait. Mais comment refuser une faveur si innocente à Votre Altesse ? Il est mon père, mais n’êtes-vous pas ma tante ? Que me font, à moi, vos querelles, et votre Strozzi, et votre politique ? »

Citation :

« L’honneur repose uniquement sur l’estime du monde, et c’est pourquoi une femme doit user de tout son talent pour empêcher qu’on débite des histoires sur son compte : l’honneur, en effet, ne consiste pas à faire ou ne pas faire, mais à donner de soi une idée avantageuse ou non. Pêchez si vous ne pouvez résister, mais que la bonne réputation vous reste. »

(De Catherine de Médicis à Maria de Médicis)

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé :

  • Un exploit littéraire

Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous) :

  • Un livre qui manque de vie

Mes notes

Univers narratif3,5/5
Personnages3,5/5
Intrigue3,0/5
Écriture5,0/5
Moyenne3,8/5

Les peintres dans la littérature

Tous les matins du monde

En arrière-plan, des violes, et au premier plan, la couverture du livre de Pascal Quignard, Tous les matins du monde
Curieusement, alors que la musique domine le livre, je ne l’ai pas entendu.

L’île des souvenirs
Chrystel Duchamp

En arrière-plan, le tableau de Füssli, Le cauchemar, au premier plan, la couverture du livre de Chrystel Duchamp, L'île des souvenirs.
En arrière-plan, le tableau de Füssli, Le cauchemar

La passion Lippi
Sophie Chauveau

Cosme de Médicis en arrière-plan et au premier plan, le livre de Sophie Chauveau, La passion Lippi
Cosme de Médicis en arrière-plan

Info-livre : Perspective (s) par Laurent Binet

Couverture du livre de Laurent Binet, Perspective(s)

Editeur : Grasset
ISBN : 978-2-246-82935-5
Pages : 288
Date de parution : 16/08/2023

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  1. Son œuvre dans la Chapelle a été perdue. ↩︎
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Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)

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Rédactrice NetGalley

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2 commentaires

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  1. J’ai lu ce roman, il me semble à la fin août, début septembre. J’avais apprécié. C’est pas extraordinaire, mais original. Un bon divertissement, un bon roman. J’eus plaisir à côtoyer les plus grands et à l’imerger dans Florence, découverte en 2009. Je ne connaissais pas Pomtormot. Un choc de stupéfaction de transformer Michel Ange en assassin. Un roman qui pose le problème de la pérennité des œuvres d’art à une époque où la notion de patrimoine n’existait pas.