Carnaval noir — Metin Arditi

L’intrigue de Carnaval noir mêle enquête de nos jours et documents du XVIe siècle. Si vous aimez les thrillers historiques plus vrais que nature, nul doute que vous apprécierez ce roman. Une lecture plaisante, mais dont les péripéties ne m’ont pas enthousiasmée.

En arrière-plan, un masque de Venise et au premier plan la couverture du livre de  Metin Artditi, Carnaval noir
À Venise, de nos jours et au XVe siècle

Que se passe-t-il ?

Une jeune doctorante, Donatella, travaille sur sa thèse : La Scuola Grande del San Sepulcro. Un article du New York Times attire son attention. Et s’il y avait un lien entre La Scuola Grande del San Sepulcro et la non-révolution copernicienne (il a fallu attendre Galilée pour que l’Église réagisse). Alors qu’elle sort de la bibliothèque, la jeune fille est jetée dans le canal.

Un obscur professeur d’université, spécialiste de Boèce et de latin médiéval, découvre une lettre en latin dans un volume très ancien, citée intégralement en latin dans le livre (bravo monsieur Arditi). Je n’ai pas tenté de la comprendre, n’ayant jamais eu une note au-delà de 5 dans cette matière pendant ma scolarité. Toujours est-il que cette lettre est adressée au cardinal Valsangiacomo et laisse entendre qu’un meurtre va être commis.

Quel est le rapport entre ses deux histoires ? Vous le saurez en lisant le livre.

Pour être honnête, je ne suis pas fan de complots plus ou moins ésotériques qui se poursuivent au fil des siècles ; même si un récit, qui enjambe les siècles (La cité des nuages et des oiseaux d’Anthony Doerr), m’enchante. J’ai également été noyée par les liens entre de nombreux personnages. Mais la lecture a été plaisante et rapide. Un bon divertissement.

Quels sont les thèmes ?

  • Ésotérisme
  • L’Église au fil des siècles
  • Société secrète

Où et quand ?

Principalement à Venise, de nos jours et au XVe siècle. Plaisir de retrouver des échos de la rentrée littéraire 2023 : Vasari est souvent cité (Perspective(s) de Laurent Binet) ou Lucrèce Borgia, la grand-mère d’Alphonse II d’Este (Le portrait de mariage de Maggie O’Farrell).

Qui sont les personnages ?

Ils sont nombreux, et même si le lecteur passe assez peu de temps avec chacun, ils n’ont rien de caricatural. Ils sont, pour la plupart, des anonymes, englués dans une histoire qu’il leur est difficile de comprendre (moi aussi, à dire vrai).

Bénédict Hugues
J’ai compris que c’était un homme gentil (mais pas parfait, il a des zones d’ombre et pas des moindres). Il n’est jamais aussi heureux qu’en face d’un texte en latin. Bon, à chacun sa passion.

Pierre Hugues
Le frère de Bénédict est son opposé, flamboyant, entreprenant et sans scrupules.

Bartolomeo
Il faut un méchant dans l’histoire et il a tout pour plaire, aussi cinglé qu’abruti.

Fernandez-Diaz
Un autre magnifique personnage de méchant. Un homme intelligent qui agit dans l’ombre.

Blaise
Blaise est, pour moi, un personnage en trop. Il n’est utile que pour fournir une explication que je n’avais pas demandée, un peu noyée dans la résolution des mystères. J’ai peiné à m’intéresser à lui.

Comment est-ce écrit ?

Une écriture fluide et plaisante.

Incipit :

« — Mon trésor, on ferme !
Donatella leva les yeux vers la bibliothécaire, l’air perdu.
— Qu’est-ce qu’il t’arrive, ma chérie ? Tu as vu un fantôme ?
— Un article que je viens de lire…
La mine soucieuse, Donatella fourra lentement ses notes dans son sac, quitta sa place et se dirigea vers la sortie. »

Citation :

« Il observa les prélats. Ils ne se parlaient presque pas. Ils s’observaient, on les sentait sur leurs gardes. Le pape avait réussi à semer la terreur partout. Une opinion un peu trop clairement exprimée, et le plus puissant des cardinaux risquait de se retrouver déchu du jour au lendemain. L’avant-veille, le pape avait limogé le grand maître de l’Ordre de Malte, l’organisation caritative la plus puissante de la chrétienté. On murmurait qu’à la Congrégation pour la doctrine de la foi, les jours du préfet étaient comptés. »

Mon avis en résumé

J’ignore si Metin Arditi s’est inspiré de faits réels, mais le Carnaval noir n’a jamais existé, pas plus que La Scuola Grande del San Sepulcro ou le peintre Paolo Il Nano. Et pourtant, impossible de ne pas y croire le temps de la lecture.

Ce que j’ai aimé :

  • Les personnages
  • Retrouver des peintres de la Renaissance, même fictifs
  • Le réalisme qui m’a embarquée

Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous) :

  • Trop de personnages

Mes notes

Univers narratif3,5/5
Personnages5,0/5
Intrigue3,0/5
Écriture3,5/5
Moyenne3,8/5
Plus de détails sur le système de notation

Lecture assez facile

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Info-livre : Carnaval noir par Metin Arditi

Couverture du livre de Metin Arditi, Carnaval noir

Editeur : Points
ISBN : 978-2-7578-7558-2
Pages : 350
Date de parution : 22/08/2019

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Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
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