Rien de plus agréable que de lire de la littérature régionale, d’un auteur ancré dans sa région. Est-ce que ce n’était pas le cas de Jean Giono, de François Mauriac, de Colette ou plus récemment de Marie-Hélène Lafon ? La disparue du calvaire de Jacqueline Lefort parle de la Haute-Loire.

Que seraient les livres de Michael Connely sans l’omniprésence de Los Angeles, Les livres de Paul Auster (Trilogie new-yorkaise) ou Francis Scott Fitzgerald (Gatsby le Magnifique) sans New-York.
L’univers narratif
En 1921 dans un village de Haute-Loire, trois ans après la fin de la Première Guerre mondiale.
Les personnages
#Léonie
A quinze ans, elle travaille dur sous le joug de sa tante célibataire, Flavie. Personne ne la protège. Ni son père, malade. Ni sa mère, accaparée par son mari. Ni son frère, un enfant fragile.
Heureusement, elle peut s’échapper, trop peu souvent, pour retrouver son amoureux, Marceau.
#Marceau
Il ne rêve que d’une chose, épouser Léonie. Mais Léonie devient lointaine et finit par disparaître. Il sait au plus profond de lui-même que les adultes se trompent quand ils accusent un vagabond de l’avoir tuée. Son père qu’il vénérait jusque-là refuse de l’écouter, le traite en enfant.
#Et une foule de personnages
- Flavie, tante de Léonie, qui fait ce qu’elle veut, à commencer par embaucher Stan qu’elle ne paie pas, du moins pas en monnaie sonnant et trébuchante.
- Alphonse Vidal, père de Marceau et maire du village, qui ne s’intéresse pas à son fils aîné Eugène mais compte bien que le plus jeune lui succède. A condition que ce dernier se sorte de la tête cette sotte histoire d’amour avec Léonie.
- Maurice Renaudier, adjoint d’Alphonse, qui est indispensable au maire parce qu’il est propriétaire de la plus grosse scierie de la région et que son gendre est député
- Giuseppe Baldi, vagabond, qui est venu se réfugier au village, après la mort de sa femme et de son fils. Il est protégé par l’abbé Gontier, ce qui ne fait pas l’affaire d’Alphonse.
L’intrigue
C’est le point fort de La disparue du calvaire. L’angoisse augmente au fur et à mesure qu’un danger, de plus en plus pressant rôde autour de Léonie, sans que rien ni personne ne puisse la protéger. Et quand le danger s’est concrétisé, elle n’ose pas en parler, pas plus à Marceau qu’à son frère.
D’elle, n’est retrouvé qu’un peu de sang au calvaire et son panier dans la maison de Giuseppe Baldi, trouvailles qui donneront à Renaudier des idées qu’il mettra en œuvre sans que l’abbé Gontier n’y puisse rien. Et pire, sans qu’Alphonse ne s’y oppose, trop soumis à Renaudier, trop persuadé de la pertinence de ses ambitions pour le village comme pour son fils.
Il vous faudra attendre la fin du livre pour savoir ce qui est arrivé à Léonie, mais les rebondissements et l’évolution des personnages ne vous laisseront pas de répit.
Le style
Le style de Jacquline Lefort est fluide et agréable à lire.
L’incipit du livre :
“C’était le premier jour de vacances. Le vent chaud et sec qui soufflait du Sud soulevait la poussière du chemin, agitait les buissons de chardon d’où s’échappait le murmure bourdonnant des abeilles. Parfois le trottinement furtif de quelque rongeur ou volatile jaillissait des taillis brûlés par le soleil tandis qu’un autour des palombes ou un milan royal évoluait avec grâce dans le ciel sans nuage.”
Mon avis en résumé
Ce que vous allez aimer ;
- L’intrigue, pleine de rebondissement
- Les relations entre Léonie et Marceau
- Les relations entre Eugène et Marceau
- La fin, un condensé d’émotions
Ce qui peut vous agacer (ou pas) :
- La lenteur du démarrage mais bientôt vous ne voudrez plus lâcher le livre.
Mes notes
Univers narratif
Personnages
Intrigue
Style
Moyenne
5,0/5
5,0/5
5,0/5
4,5/5
4,9/5
L’Auvergne
Ceux du Chambon — Matz — Kanellos Cob — Kathrine Avraam

L’annonce
Marie-Hélène Lafon

Info-livre : La disparue du calvaire par Jacqueline Lefort

Editeur : Mot Passant
ISBN : 978-2-35792-072-9
Pages : 383
Date de publication : 14/03/2019