J’aime bien replonger dans des époques que j’ai plus ou moins vécu, histoire de vérifier une fois de plus comme le temps a modifié notre façon de voir les choses. Le livre de Jean-Michel Guenassia, Le club des Incorrigibles Optimistes et ses 729 pages, souffre de quelques longueurs. Il tient néanmoins ses promesses.
Que se passe-t-il ?
Les deux familles de Michel ne s’entendent pas, d’ailleurs le père de Michel, Paul Marini, n’aurait jamais dû épouser Hélène Delauney, la fille de son patron. Il ne l’aurait jamais fait, si de leur amourette, n’était né Franck.
Dans cette famille, chacun vit sa vie comme s’il était seul. Michel, que le collège n’intéresse pas, a reçu un appareil photo qu’il utilise beaucoup. Il lit, écoute du rock’n’roll, traîne un peu. Une de ses autres passions, le babyfoot, l’entraîne au Balto, un bistrot d’Auvergnats. Il y passe beaucoup de temps, s’arrangeant pour ne rentrer chez lui qu’à l’heure où sa mère exige qu’il soit revenu.
Il remarque des hommes d’âge mûr qui traversent le bistrot et disparaissent derrière une porte masquée par un rideau de velours vert. N’y tenant plus, il ouvre la porte et se trouve face à des joueurs d’échecs, Le Club des Incorrigibles Optimistes. Le Club est composé de réfugiés venus de l’Est et qui ont gagné leur liberté, au prix de la perte de leur famille.
Pour devenir membre, Michel apprend à jouer aux échecs.
Quels sont les thèmes ?
- La France des années 1960
- Russes en France
- Adolescence
Où et quand ?
Le livre s’ouvre en 1980, lors de l’enterrement d’un philosophe célèbre que vous n’aurez pas de mal à identifier :
« Quelle absurdité de rendre hommage à un homme qui s’est trompé sur tout ou presque, fourvoyé avec constance et a mis son talent à défendre l’indéfendable avec conviction. Ils auraient mieux fait d’aller aux obsèques de ceux qui avaient raison, qu’il avait méprisés et descendus en flammes. Pour eux, personne ne s’est déplacé. »
J’aurais aimé que ce chapitre, que j’ai relu, soit situé à la fin de l’ouvrage, quand je n’ai pas eu envie de tourner définitivement les dernières pages.
Le récit se poursuit sur les années 1960 à 1964 et couvre en partie la guerre d’Algérie qui s’est terminée en 1962. Michel et son père vont au cinéma voir À bout de souffle.
Qui sont les personnages ?
#Michel
Le narrateur est un garçon d’une dizaine d’années, ses parents s’occupent assez peu de lui, ne réalisent pas qu’il préfère lire à écouter ses cours. Il lit chez lui évidemment, mais aussi en marchant dans la rue.
#Franck et Cécile
Franck, en révolte contre sa famille bourgeoise — il s’est inscrit au parti communiste — est le grand frère de Michel. Il est fiancé à la délicieuse Cécile, sœur de Pierre, dont les idéaux peuvent surprendre aujourd’hui.
#Igor Markish
Arrivé en France au début des années 1950, il refuse d’évoquer les circonstances qui l’ont conduit à fuir Leningrad. Il n’a qu’un rêve : obtenir une carte de séjour. Mais un fonctionnaire communiste ne l’entend pas de cette oreille.
#Leonid
Pilote d’avion et héros de guerre, il n’avait aucune raison de passer à l’Ouest, si ce n’est une femme.
#Sacha
Il vient de temps en temps au Club bien qu’il soit rejeté par les autres qui, au mieux l’ignore, au pire le rouent de coups. On ne saura qu’à la fin pourquoi Igor le déteste à ce point.
Michel, le narrateur raconte bien d’autres histoires de réfugiés ayant fui l’URSS et ses pays satellites. Jean-Paul Sartre et Joseph Kessel sont parfois présents, comme un rappel de l’époque.
Vous pouvez retrouver ces personnages dans Les Terres promises.
Comment est-ce écrit ?
Incipit :
« Aujourd’hui, on enterre un écrivain. Comme une dernière manifestation. Une foule inattendue, silencieuse, respectueuse et anarchique bloque les rues et les boulevards autour du cimetière Montparnasse. »
Citation :
« Igor était convaincant. Ils étaient trois taxis au Club et n’avaient pas la même opinion que lui. Un bon métier quand vous n’aviez pas mal au dos. Ils avaient des sciatiques et des vertèbres tassées, respiraient les gaz d’échappement du matin au soir, s’énervaient dans les encombrements, tremblaient de se faire égorger par un minable décidé à voler leur recette et ils étaient harcelés par les agents de police aux aguets pour leur mettre des contraventions. »
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé
- La description des années 1960
- Les personnages même s’ils sont vraiment très nombreux
Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous)
- Des longueurs
Mes notes
Univers narratif | 5,0/5 |
Personnages | 4,0/5 |
Intrigue | 4,0/5 |
Style | 4,5/5 |
Moyenne | 4,4/5 |
Lecture un peu exigeante
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En France, ces années-là
Info-livre : Le club des Incorrigibles Optimistes — Jean-Michel Guenassia
Editeur : LGF/Livre de Poche
ISBN : 978-2-253-15964-3
Pages : 729
Date de parution : 24/08/2011
(Paru chez Albin Michel en 2009, prix Goncourt des lycéens 2009)
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Cimetière Montparnasse : JMARIEG67 sous licence CC BY-SA 4.0
Jean-Paul Sartre : auteur inconnu, collection Dutch National Archives, The Hague sous licence CC BY-SA 3.0