À partir des couvertures de Paris Match — la première est celle du 6 janvier 1954 et la dernière est celle du 1er mars 1975 —, Mes Trente Glorieuses retrace la vie d’une enfant, puis d’une jeune fille, au sein de sa famille. Une proposition irrésistible.

Service Presse
L’univers narratif
À Nevers, ville de province, pendant les années 1950 – 1970, au sein d’une famille catholique qui a des domestiques, la main-d’œuvre étant peu coûteuse à l’époque.
Les personnages
#Margot, la narratrice
Elle a onze ans quand l’abbé Pierre lance un appel inoubliable :
« Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée… » Source : Fondation Abbé Pierre
Aucun pauvre dans sa vie, à peine des filles d’ouvriers qui attisent sa curiosité. Margot, fillette rousse, une différence à l’époque, est une rebelle sans que l’on comprenne bien pourquoi.
#Sylvette
Personnage le plus touchant du livre même si j’ai eu du mal à comprendre comment cette adorable petite fille évolue de façon de plus en plus morbide. Il est vrai que l’anorexie, encore aujourd’hui, est une maladie qui ne s’explique pas.
#Les parents de Margot
Son père est un anxieux qui ne cesse de travailler. Sa mère est une femme lumineuse, mais qui a peu de temps pour chacun de ses enfants.
Margot a de nombreuses sœurs dont les destins sont évoqués çà et là. L’unique frère de Margot, qu’on devine plus âgé, est à peine présent.
L’intrigue
Margot raconte les réactions de sa famille aux grands évènements. Et elle rêve, à chaque épisode, elle se met à la place du personnage qui fait la couverture de Paris Match, un procédé que j’ai trouvé un peu systématique. Elle apprend aussi que tout le monde ne voit pas les choses de la même façon qu’à Nevers.
J’ai aimé retrouver les écrivains de l’époque, Françoise Sagan que personne n’avait lue, Pearl Buck, tellement lue dans ces années et tellement oubliée aujourd’hui et ces écrivains qui ne croient pas en Dieu, Beauvoir et Sartre.
J’aurai apprécié néanmoins que l’auteur creuse davantage l’évolution de cette famille, approfondisse mieux les réactions.
La structure
Mes Trente Glorieuses suivent un ordre chronologique, ouf ! À l’exception de la deuxième partie qui nous projette directement en mai 1968 après que nous ayons quitté Margot en 1958, dix ans plus tôt. Puis la narration reprend son cours à partir de 1962.
La structure met en valeur la rupture entre l’année 1958 et l’année 1968, j’aurais pourtant aimé en savoir plus sur les années manquantes.
Le style
Incipit :
« Chaque jeudi, missionnée par mon père, je courrais au kiosque acheter Paris-Match. J’imaginais qu’il avait extirpé de son paquet de filles, comme d’un jeu de cartes, celle qui s’acquitterait de cette tâche. Et c’était l’as qui était sorti, c’est à dire moi. »
Citation :
(Procès de la fille de Lana Turner, Cheryl Crane, accusé d’avoir tué son beau-père qui menaçait sa mère). Margot rêve :
« C’est le jour du procès. Toute ma classe, élèves et professeurs, y assiste. Impassible derrière mes lunettes noires, robe sombre et cheveux relevés sur la nuque, moi, Cheryl, je fixe le vide. Ma mère en blonde platine pose sur moi son regard de Mater Dolorosa. »
Mes notes
Originalité de la structure | 5,0/5 |
Univers narratif | 3,0/5 |
Personnages | 3,0/5 |
Intrigue | 3,0/5 |
Style | 4,0/5 |
Moyenne | 4,0/5 |
Info-livre : Mes Trente Glorieuses par Anne Gallois

Editeur : De Borée
ISBN : 978-2-8129-2722-5
Pages : 247
Date de parution : 06/05/2021
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