Le passeur de Stéphanie Coste explore les méandres de l’âme d’un passeur cynique et l’impitoyable réalité des migrants sur les rivages de la Libye. L’histoire, où espoir et désespoir se côtoient, est magnifiée par le style puissant de l’autrice. Coup de cœur.
L’intrigue
Seyoum attend qu’on lui livre des candidats à la traversée vers Lampedusa. Les malheureux sont parvenus à réunir l’argent nécessaire pour le voyage et à parcourir le désert du Sahara. Ce qu’ils deviendront après ? Trouveront-ils une famille prête à les accueillir ? Vivront-ils comme les personnages du livre Les victorieuses ? Seyoum s’en moque.
C’est la dernière traversée de l’année pour le passeur, ensuite il ferme jusqu’à la saison prochaine. Les migrants déjà arrivés sont enfermés dans un entrepôt, sans eau ni vivres, certains commencent à se révolter, un aléa que Seyoum sait résoudre avec cynisme, mais il n’est pas préparé à la rencontre qu’il va faire.
Quels sont les thèmes ?
- Le départ des migrants
- Le point de vue du passeur
L’univers narratif
Au bord de la mer, sur la côte Libyenne, Seyoum achète du matériel pourri, camions et bateaux. Il se moque de savoir si les migrants survivront ou non.
Les personnages
#Seyoum
Un personnage cynique qui abuse de l’alcool et du khat (plante euphorisante et stimulante). Il n’a qu’une trentaine d’années. Il vit dans un milieu dangereux où règne la loi du plus fort. Il sait très bien comment rester le plus fort : en étant le plus méchant, le plus violent. Mais tout le monde a un passé, celui de Seyoum ne le prédestinait d’abord pas à devenir cette épave cynique. La vie, ou plutôt la dictature en Érythrée en a décidé autrement.
#Madiha
Seyoum n’avait que dix ans quand il est tombé amoureux de Madiha, la fille d’un ami de son père. Comme Seyoum, Madiha n’aura pas le choix de son destin.
Le style
Le style de Stéphanie Coste frappe, il est puissant. L’auteur n’a pas besoin de s’étendre sur des scènes excessivement violentes, sa façon de raconter suffit pour comprendre l’horreur quotidienne.
Incipit :
« Zouara, Libye, 15 octobre 2015
J’ai fait de l’espoir mon fonds de commerce. Tant qu’il y aura des désespérés, ma plage verra débarquer des poules aux œufs d’or. Des poules assez débiles pour rêver de jours meilleurs sur la rive d’en face.
Le nombre d’arrivées de Khartoum et Mogadiscio la semaine dernière m’a surpris. Je n’avais pas prévu qu’ils seraient tant à résister au Sahara. »
Citation :
« Mais on croit toujours avoir atteint son quota de malheur, son quota de souffrances. On se dit Dieu va me donner du répit, des forces, du sursis. Puis on se demande à quel moment Dieu a enfilé les habits du diable, et ses chaussures pour nous piétiner avec ? »
Mon avis en résumé
Un coup de cœur, pas seulement pour l’histoire racontée, surtout pour la façon dont elle est racontée. Des retours en arrière, certes, mais parfaitement maîtrisés.
Un des meilleurs livres de poche 2022
Ce que j’ai aimé
- Le thème du roman
- La narration
Mes notes
Univers narratif | 5,0/5 |
Personnages | 5,0/5 |
Intrigue | 5,0/5 |
Style | 5,0/5 |
Moyenne | 5,0/5 |
Il fait partie des meilleurs livres parus en 2021. Prix du premier roman du Chambon-sur-Lignon 2021.
À vous maintenant
Vous l’avez lu ? Donnez-moi votre avis en commentaires. Pensez à activer la cloche qui se situe avant le bouton Publier le commentaire pour recevoir un mail avec les réponses à votre commentaire.
Acheter d’occasion
Ce livre vous tente ? Achetez-le d’occasion grâce au lien ci-dessous. Lien affilié, c’est-à-dire que si vous achetez après avoir cliqué sur ce lien, je toucherai une commission (sans coûts supplémentaires pour vous).
Autres livres qui parlent de migrants
L’autre bout du fil
Andrea Camilleri
Entre deux mondes
Olivier Norek
La petite-fille de Monsieur Linh
Philippe Claudel
Info-livre : Le passeur par Stéphanie Coste
Editeur : Gallimard
ISBN : 978-2-07-290424-0
Pages : 128
Date de parution : 07/01/2021
Restons en contact
Inscrivez-vous à la newsletter
Crédit photo : Paul Dober sous licence CC BY 3.0