J’ai lu avec plaisir Les années, une « autobiographie impersonnelle », ainsi qu’Annie Ernaux la qualifie parce que j’y ai retrouvé des évènements passés, ceux que les gens de mon âge ont vécus. Je m’interroge pourtant sur la pérennité de cette œuvre qui est peut-être impersonnelle, mais sans doute pas universelle.
Au sommaire
Les images
« Toutes les images disparaîtront », avertit Annie Ernaux en incipit. Vrai ! Sans compter, au fur et à mesure que j’avance en âge, celles dont je suis la seule à me souvenir, parce que des personnes sont mortes et d’autres ont été perdues de vue.
L’autrice construit son livre à partir de photos. La première, sans doute de 1941, montre un bébé coiffé avec un rouleau sur la tête, il est à moitié nu sur un coussin ; avez-vous eu sous les yeux ce genre de photos, de vous-même ou de vos parents ou grands-parents ? Elles correspondent à une époque, tout comme les photos suivantes. L’une d’elles montre une petite fille aux cheveux courts et au ventre proéminent. En cette année 1944, était-elle atteinte de rachitisme ? Des temps oubliés de la narratrice, mais pas de sa famille.
Pas étonnant, donc, que le livre embraye sur les repas de famille et le grand sujet évoqué, cette guerre encore si proche.
Sujets seulement évoqués
« Ils n’en avaient jamais assez de raconter l’hiver 42, glacial, la faim et le rutabaga, le ravitaillement et les bons de tabac, les bombardements
l’aurore boréale qui avait annoncé la guerre
les bicyclettes et les carrioles sur les routes à la Débâcle
… »
Des images fortes, pleines d’émotion pour ceux qui l’ont vécu, ce qui est mon cas pour certains souvenirs, mais pour ceux qui ne l’ont pas vécu ? C’était il y a 80 ans. Viennent d’autres repas de famille, il y a soixante ans, quarante ans, puis vingt.
Mais je m’interroge
Qu’évoquent les noms de Gabrielle Russier, Pierre Mendès France, Malik Oussekine et beaucoup d’autres pour la génération d’aujourd’hui, celle qui est née après le 11 septembre 2001 ?
Des souvenirs gâchés par « les gens » et « on ».
Je ne suis jamais reconnue dans les phrases qui commençaient par « les gens » ou par « on » et cette généralisation de ce que « les gens » faisaient et de ce que « on » pensait m’a agacée. Comme si « les gens » faisaient tous la même chose au même moment et comme s’il n’y avait qu’une seule pensée correcte.
Mon avis en résumé
J’ai aimé ce livre pour tous les évènements qu’il évoquait et la place qu’il laissait à mes propres souvenirs. J’ai aussi aimé revivre l’évolution de la société.
En un sens, c’est un exploit littéraire, parfait pour les lecteurs de plus de cinquante ans. Mais que peuvent en tirer les plus jeunes ? Si c’est votre cas, et si vous avez apprécié cet ouvrage, dites-moi pourquoi en commentaires.
Ma note
Il est toujours difficile de donner une note à une autofiction. C’est certes un très bon livre, mais à cause de son manque d’universalité, je lui accorde 4,0/5.
Lecture un peu exigeante
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À la recherche des souvenirs
Souvenirs dormants
Patrick Modiano
La vie clandestine
Monica Sabolo
Info-livre : Les années par Annie Ernaux
Editeur : Folio
ISBN : 978-2-07-040247-2
Pages : 253
Date de parution : 14/01/2010
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