Entre deux livres très sérieux, très littéraires, j’ai lu Silence on disparaît le livre de Laurent Bouché.
Un petit bonheur, malgré quelques maladresses de débutant.
Surtout, si comme moi, vous avez un faible pour les livres farfelus
Au sommaire de cet article
- Des personnages loufoques
- L’intrigue
- Le style
- L’univers narratif
- Mon avis en résumé
- Mes notes
- Interview
Des personnages loufoques
Les policiers
#Pierre-Emmanuel Proudhon
Jeune homme de bonne famille toujours vêtu avec goût, enfin si vous aimez les costumes trois pièces en prince-de-galles. Il voulait servir son pays et le voilà stagiaire dans la Police. Très cultivé, peut-être pas pour tout ou peut-être pas toujours de bonne foi, il est parfois déroutant.
Dites-moi Proudhon, demande-t-il déjà certain de la réponse. Êtes-vous en famille avec…le Proudhon célèbre ?
— Quel Proudhon célèbre ?
Au début du livre il trouve cette reprise d’enquête saugrenue. Il n’a pas tout à fait tort, l’enquête est aussi loufoque que les personnages, c’est un des charmes du livre et pas le moindre.
#Hubert Cellier
Inspecteur de police. Il vient d’obtenir l’autorisation de reprendre l’enquête sur une affaire de cambriolage jamais résolue, des tableaux de maîtres volés au domicile de Jean Garnez.
Les victimes du cambriolage
#Hortense Garnez
Mariée depuis trente ans avec Jean, elle a été une belle femme mais les hommes se retournent moins sur elle dans la rue. Elle est certaine que son mari ne lui dit pas toujours tout.
#Jean Garnez
Mari de la précédente, qui cache bien quelque chose mais il faudra attendre la fin du livre pour savoir quoi.
Le principal suspect
#François Ravel de Montfort
Il reconnaît au premier interrogatoire que c’est lui qui a volé les tableaux.
Mais pourquoi les enquêteurs ne l’arrêtent-il pas ?
Parce qu’ils sont de grands lecteurs de romans policiers et qu’ils savent que le coupable n’est jamais celui auquel on pense dans les premiers chapitres ?
Non, bien sûr que non, il y a une autre raison, tout aussi farfelue qui est que…
L’intrigue
On la découvre par petite touche. Alors je n’irais pas plus loin de ce que j’ai déjà raconté.
Le style
Un style, détaché, qui l’air de rien vous entraîne dans cette histoire farfelue.
“- Sachez d’abord que tout l’honneur est pour nous, monsieur Ravel. Voyez-vous, nous voudrions juste vous poser quelques questions.
– Je vous en prie répond l’autre sans se départir de sa mine austère. C’est une pratique fort répandue dans votre profession me semble-t-il. »
Un autre point fort du livre
L’univers narratif
Malheureusement c’est une des faiblesses du livre. Les personnages semblent suspendus par un fil entre deux époques et on ne sait pas bien lesquelles.
Comme c’est un premier roman, on va excuser l’auteur. Parce que, très égoïstement, j’ai envie qu’il récidive et commette un autre ouvrage.
Mon avis en résumé
Ce qui va vous plaire
- Les personnages loufoques
- L’intrigue qui ne l’est pas moins
- Le ton détaché du narrateur
Ce qui peut vous agacer
- Le manque d’univers narratif pour lier le tout
Pour d’autres livres autoédités, voir mon article : Sept excellents livres autoédités
Mes notes
Univers narratif | 1,0/5 |
Personnages | 4,0/5 |
Intrigue | 4,5/5 |
Style | 3,5/5 |
Humour | 4,5/5 |
Moyenne | 3,5/5 |
Je n’allais pas laisser passer l’occasion d’en savoir plus sur cet auteur qui écrit un tel roman policier.
Interview
Est-ce que vous pouvez vous présenter ? (Ce que j’aimerais savoir en réalité c’est si dans la vie vous avez un métier ultra sérieux comme banquier ou huissier de justice).
En effet, je vous remercie pour la note de 4,5 en humour, mais dans la vie j’exerce un métier très sérieux, dans la finance, orienté vers l’intérêt général.
J’ai débuté mon activité d’auteur à la fin des années quatre-vingt, dans la musique essentiellement. J’ai écrit des textes de chansons, de bandes dessinées, des musiques bien sûr, et pratiqué pendant plusieurs années, jusqu’à mon entrée dans le monde ultra sérieux, comme vous dites, de la finance. J’ai exercé en parallèle dans le football professionnel. J’ai toujours eu besoin de fréquenter des milieux très différents, ce sont des expériences enrichissantes à chaque fois.
Comment vous est venu l’idée de Silence on disparaît et l’envie de l’écrire ?
L’idée de ce livre est très ancienne. Elle m’est venue pendant mes études à l’université. J’ai d’abord eu l’idée d’un cambriolage aux objectifs mystérieux, puis celle de personnages un peu décalés. J’ai amorcé le roman à l’époque, j’ai dû en écrire une trentaine de pages et puis le temps a passé. Au fil des années, l’idée ne me quittait pas, mais j’avais d’autres priorités. Et puis j’y suis revenu en 2016 et j’ai décidé d’aller au bout du projet. Cette longue maturation m’a permis de parfaire l’intrigue.
Comment vous est venu le personnage de Pierre-Emmanuel Proudhon ?
Je souhaitais créer ces personnages à partir de noms célèbres, puis leur attribuer des prénoms approximatifs au sens de la relation avec la célébrité, comme si on écorchait leur nom et leur qualité. Car il y en a d’autres dans le roman. J’ai besoin de créer des personnages décalés et de traiter chaque sujet avec un peu de détachement. Le poids de la vie n’est pas possible à porter sans un certain sens de l’humour. Ici Proudhon est un jeune homme en décalage avec ce qu’on attend d’un policier. Il est cultivé, peu curieux, parfois indifférent à l’enquête en cours. Il va pourtant se révéler précieux pour son supérieur grâce à une psychologie très fine alliée à une forme d’insouciance, c’est-à-dire des qualités inattendues.
Y-aura-t-il d’autres enquêtes de Pierre-Emmanuel Proudhon ?
A priori non, ce n’était pas prévu. Mais il se trouve que des lecteurs se sont attachés à ce jeune homme singulier, et certains m’invitent à écrire la suite de ses aventures. Je ne peux donc exclure cette possibilité, même si j’ai un autre projet en cours.
Comment avez-vous abordé l’écriture de Silence on disparaît (vous vous êtes lancé tout seul, vous avez écrit en groupe, vous avez lu certains livres etc. ?)
Seul, c’est bien le cas. J’ai repris le cours de cette histoire il y a trois ans. Le désir m’a pris de voir aboutir ce premier roman. J’en ai donc fait un objectif prioritaire. Oui je me suis lancé seul, sans aide particulière ni accompagnement, et surtout sans aucune correction extérieure ni bêta lecteurs, ce qui peut en expliquer les faiblesses que vous évoquez dans votre chronique.
Combien de temps avez-vous mis pour l’écrire ?
L’essentiel a été écrit en dix-huit mois environ, et puis six mois plus tard je lui ai consacré une période de correction assez longue, peut-être trois ou quatre mois de plus.
Y a-t-il des auteurs qui vous ont influencé ? Si oui, lesquels ? Vos auteurs préférés ?
Difficile de savoir si des auteurs nous influencent mais je suppose que oui. Ce qui est certain, c’est que je suis un lecteur très assidu depuis mon plus jeune âge. Concernant la trame de ce roman, il s’agit bien d’une énigme à résoudre, et en ce sens il y aurait de l’Agatha Christie comme me l’a signalé une lectrice sur Librinova. Pour ce qui est du ton décalé, il s’agirait plutôt de ma manière d’être. Mes proches m’ont indiqué qu’en lisant « Silence on disparaît » ils avaient le sentiment de m’entendre parler.
Mes auteurs préférés changent avec le temps, des nouveaux s’y ajoutent. Mais les premiers qui ont marqué ma jeunesse sont Raymond Queneau, Jose Luis Borges, René Barjavel et Italo Calvino.
Aujourd’hui je me penche davantage sur des contemporains, Serge Joncour, Emmanuelle Pirotte, Tanguy Viel et les auteurs auto-édités bien entendu.
Comment avez-vous abordé la diffusion, la vente de Silence on disparaît quelles leçons en tirez-vous ?
Sincèrement j’ai beaucoup tergiversé. Mais j’avais besoin de voir ce projet abouti, de le voir transformé en livre plutôt que le laisser sur disque dur ou bien en feuilles volantes dans un tiroir. J’ai découvert l’autoédition, la plateforme Librinova propose des services à la carte qui m’ont convaincu.
Je pensais en rester là mais le milieu de l’autoédition vous invite à la promotion. Alors je me suis pris au jeu, mais en partant de zéro car je n’existais pas sur les réseaux sociaux. J’ai créé un compte tweeter, c’est là que je vous ai rencontré.
La diffusion de mon livre devrait rester confidentielle, car je n’ai mobilisé aucun autre moyen sur la promotion.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
D’abord j’ai écrit deux nouvelles cet été dont je ne sais que faire, parce que plus on écrit, plus on a envie d’écrire. Sinon je travaille sur un deuxième roman. Il sera différent sur le ton je pense, plus grave et plus tendu.
Quel est le dernier livre coup de cœur que vous ayez lu ?
Plus que des coups de cœur, « Repose-toi sur moi » de Serge Joncour et « Loup et les hommes » d’Emmanuelle Pirotte sont à mon avis des romans d’exceptions, destinés à devenir des classiques, l’avenir nous le dira.
Mon dernier coup de cœur est un roman auto-édité « La fille de l’ours » de Christine Chaumartin, un très beau roman d’aventures, très original, par une auteure très talentueuse.
Romans policiers et humour
Les poulets grillés
Sophie Henaff
La griffe du chat
Sophie Chabanel
Info-livre : Silence on disparaît par Laurent Bouché
Editeur : Librinova
ISBN : 979-1026237600
Pages : 161
Date de parution : 10/07/2019