– Vous voyez les vêtements orange sur la couverture de C’est le cœur qui lâche en dernier ? Ça vous fait penser à quoi ?
– À la mode des années 70
– C’est vrai. Et puis ?
– À la couleur des uniformes des prisons américaines
– Exact
Margaret Atwood décrit une bien curieuse dystopie sur des prisons.
Un univers narratif proche du nôtre, à quelques détails près
Les banques et les industries de transformation ont quitté la région, causant l’effondrement économique du territoire. Après avoir perdu leur emploi et leur maison, les citadins se débrouillent comme ils peuvent.
- Petits boulots… quand c’est possible
- Nuits passées dans leur voiture… quand ils en ont une
- Rêver que les choses peuvent changer…est-ce accessible ?
- La crise économique a abattu la civilisation nord-américaine.
Mais tout n’est pas si affligeant, le système pénitentiaire se porte bien, lui, merci.
La situation de départ ou à propos d’un nouveau départ
Charmaine est serveuse dans un bar miteux qui subsiste grâce aux dealeurs. Stan, son mari, et elle surveillent leur voiture qui demeure leur dernier rempart avant la rue. Ils ne dorment que d’un œil, prêts à décamper pour fuir les gangs, les vandales isolés ou les cinglés.
Quitter la ville n’est pas une option : que se passerait-il en cas de panne ?
Des personnages qui se débattent
Charmaine veut sa vie d’avant. Pour la retrouver, elle a envisagé de faire des passes, comme le lui ont suggéré Sandi et Véronica, qui n’ont trouvé que ça pour s’en sortir. Mais Charmaine a peur, et elle ne veut pas trahir Stan.
Au chômage, ce dernier culpabilise, ne se sent pas à la hauteur. Pourtant, il refuse de tomber dans l’illégalité en ralliant le gang de son frère, Conor, la honte de la famille.
Bref, ils veulent leur vie d’avant mais pas à n’importe quel prix.
Un élément déclencheur irrésistible
C’est Charmaine qui en entend parler la première, par une publicité qui passe à la télévision du bar :
Vous rappelez-vous la vie que vous aviez ?… Avec le projet Positron, dans la ville de Consilience, vous pourriez la retrouver. Non seulement nous vous offrons le plein emploi, mais nous vous fournissons aussi une protection contre tous les éléments dangereux qui affectent tant de monde ces temps-ci.
Charmaine qui veut retrouver sa vie d’avant…
Stan qui ne se sent pas à la hauteur…
Ne t’embarque pas dans cette histoire, lui conseille Conor dans un quasi-murmure. Fais-moi confiance. Tu ne veux pas de ça.
Mais Stan veut ce que sa femme veut. Et puis, il ne va pas écouter son petit frère alors que celui-ci n’a jamais su gagner sa vie honnêtement. Si ?
Une intrigue attendue mais pas sans surprise
Il y a un loup dans le Projet Positron. Et bien plus sournois que l’effondrement économique.
On le pressentait.
Mais on ne pressentait pas les réactions de nos deux protagonistes délivrés du souci de survivre.
Mon avis en résumé
Les plus :
- La dystopie
- Le thème : jusqu’où peut-on être manipulé ? Jusqu’où est-on prêt à aller ? Pour soi ? Pour l’autre ?
Ce qui peut m’a rebuté :
- Le caractère des personnages devient inconsistant une fois qu’ils ont choisi d’adhérer au projet Positron.
- Les péripéties moins convaincantes dès que les personnages vivent à Consilience.
Mes notes pour C’est le cœur qui lâche en dernier par Margaret Atwood
Univers narratif | 4,5/5 |
Personnages | 3,0/5 |
Intrigue | 3,0/5 |
Style | 3,0/5 |
Moyenne | 3,4/5 |
Merci Catherine pour cette chronique très détaillée. J’ai bien l’intention de lire ce livre. J’ai beaucoup aimé son livre de poèmes Ronces.
Merci Laure.
J’ignorais qu’elle avait écrit des poèmes. Je vais m’y intéresser
J’ai lu le livre, bien sûr que j’ai aimé. Je le connaissais de l’extérieur (je suis proche de Peggy-laure) et après l’avoir lu j’ai compris la matière, l’indéchiffrable, le pourquoi…. je me suis laissé emportée. Oui c’est bien un roman, un bon roman, un vrai roman
Margaret Atwood sait comme personne présenter les écueils angoissants que nous éviterons ou pas.