Le feu — Henri Barbusse

Roman avec de nombreux personnages, un univers narratif glaçant, des drames et un style magnifique, Le feu méritait largement de remporter le prix Goncourt. Ne vous y trompez pas, ce n’est pas seulement un récit sur la Grande Guerre, mais aussi une œuvre littéraire qui résonne encore aujourd’hui.

A l'arrière-plan, des soldats et un char, au premier plan, la couverture du livre d'Henri Barbusse, Le feu
Ce n’est pas seulement un récit sur la Grande Guerre, mais aussi une œuvre littéraire qui résonne encore aujourd’hui.

Il fait partie de ma liste de livres à lire absolument.

Un récit écrit pendant que l’auteur est en convalescence

En 1914, Henri Barbusse a 41 ans et a pris des positions pacifistes. Malgré cela et malgré des problèmes pulmonaires, il s’engage volontairement. Pendant l’année 1915, il tient un journal qui lui servira pour écrire Le Feu alors qu’il est convalescent en 1916. Il obtient le prix Goncourt la même année. Il est réformé en 1917.

Une œuvre répartie en chapitres

Le livre est composé de courts récits, les chapitres, qui décrivent le quotidien des poilus.
D’abord, ils attendent, mal-logés et mal nourris, dans le froid et la saleté, obéissent à des ordres sans les comprendre, mais c’est la guerre non ?
Ils regardent ce qui se passe au loin, pas loin de ressembler à un feu d’artifice, mais oh combien mortel !

« Tout à coup une étoile intense s’épanouit là-bas, vers les lieux vagues où nous allons : une fusée. Elle éclaire toute une portion du firmament de son halo laiteux, en effaçant les constellations, et elle descend gracieusement avec des airs de fée.
Une rapide lumière en face de nous, là-bas ; un éclair, une détonation.
C’est un obus. »

Des chapitres se concentrent sur des soldats en particulier

La permission raconte le retour raté d’Eudore chez lui, pour quelques jours seulement, rien ne se passe comme prévu. Absurdité et tristesse infinies.

Et puis, l’épreuve du feu

« Rapide illumination de l’air : une fusée. Le décor où je suis perdu s’ébauche et pointe autour de moi. On voit se découper la crête, déchirée, échevelée, de notre tranchée, et j’aperçois, collés sur la paroi d’avant, tous les cinq pas, comme des larves verticales, les ombres des veilleurs. Leur fusil s’indique, à côté d’eux, par quelques gouttes de lumière. La tranchée est étayée de sacs de terre ; elle est élargie de partout et, en maints endroits, éventrée par des éboulements. »

« À un point de l’horizon, puis à un autre, tout autour de nous, le canon tonne, et son lourd fracas se mêle aux rafales d’une fusillade qui tantôt redouble et tantôt s’éteint, et aux grappes de coups de grenades, plus sonores que les claquements du lebel et du mauser et qui ont à peu près le son des vieux coups de fusil classiques. Le vent s’est encore accru, il est si violent qu’il faut se défendre dans l’ombre contre lui : des chargements de nuages énormes passent devant la lune. »

La mort des compagnons

Le lecteur qui a appris à les connaître voit les compagnons du narrateur mourir les uns après les autres.

« Un nuage de pestilence commence à se balancer sur les restes de ces créatures avec lesquelles on a si étroitement vécu, si longtemps souffert.
Quand nous les voyons, nous disons : “Ils sont morts tous les quatre.” Mais ils sont trop déformés pour que nous pensions vraiment : “Ce sont eux.” Et il faut se détourner de ces monstres immobiles pour éprouver le vide qu’ils laissent entre nous et les choses communes qui sont déchirées. »

Le sentiment que ceux de l’arrière ne comprendront pas

Pas par mauvaise volonté, mais parce que l’imagination sera défaillante pour cette profonde absurdité, quoique, parfois :

« Je sais bien, dit-elle, qu’il y a des compensations ! Ça doit être superbe, une charge, hein ? Toutes ces masses d’hommes qui marchent comme à la fête ! Et le clairon qui sonne dans la campagne : “Y a la goutte à boire là-haut !” ; et les petits soldats qu’on ne peut pas retenir et qui crient : “Vive la France !” ou bien qui meurent en riant ! … Ah ! nous autres, nous ne sommes pas à l’honneur comme vous : mon mari est employé à la Préfecture, et, en ce moment, il est en congé pour soigner ses rhumatismes.
— J’aurais bien voulu être soldat, moi. »

J’aimerais croire que c’est du passé
Ce livre résonne encore au moment où on apprend qu’il y a une guerre de tranchées à deux heures d’avion de Paris, au moment où un homme âgé envoie des jeunes qui n’avaient rien demandé se battre pour une cause sans fondement. Et depuis, les armes se sont faites encore plus mortelles.
Pour sa faire une idée de ces combats, lire aussi Les guerriers de l’hiver d’Olivier Norek.

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé

  • La Grande Guerre vue par un soldat
  • Le style
  • Un livre immersif

Mes notes

Univers narratif5,0/5
Immersion5,0/5
Style5,0/5
Moyenne5,0/5

Lecture un peu exigeante

Autre avis sur Le feu

…le roman est une plongée dans la première guerre mondiale, une immersion totale dans l’enfer des tranchées.

Voir la chronique complète sur le site de Caroline Leblanc

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En filigrane, photo prise à l’Abbaye de Westminster le 7 novembre 1920.

Info-livre : Le feu par Henri Barbusse

Couverture du livre d'Henri Barbusse, Le feu

Ce livre paru en 1916 est disponible gratuitement sur le site E-books libres et gratuits

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Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
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2 Commentaires
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Caroline Leblanc

Merci Catherine d’avoir sélectionné ce livre pour tes lectures communes. Tu as inspiré ma lecture.
& Un instant d’hommage près de la tombe d’Henri Barbusse au Père-Lachaise, où il repose à quelques pas de Paul Eluard et à proximité du mur des Fédérés.