Les Belles Endormies de Yasunari Kawabata, est un des romans les plus étranges que j’ai lus. Je n’ai pas été sensible ou je n’ai pas compris son message, malgré l’écriture somptueuse. Certes, l’univers est mystérieux, mais aussi dérangeant.
Comment débute le livre ?
Le vieil Eguchi pénètre pour la première fois dans la maison des belles endormies. Après lui avoir offert un thé délicieux, fait quelques recommandations et précisé que l’établissement ne recevait que des « clients de tout repos », l’hôtesse lui laisse la clé d’une chambre. Lorsque, un peu plus tard, il s’introduit dans la pièce entourée de tentures cramoisies, la beauté et la jeunesse de la fille assoupie le surprennent. Mais elle ne se réveillera pas, la femme le lui a assuré. Comment va se passer cette nuit d’un vieil homme allongée aux côtés d’une adolescente nue ?
Qu’en ai-je pensé ?
Les Belles Endormies est un conte, sans le merveilleux bien sûr, mais avec une maison invraisemblable qui n’accepte que des messieurs âgés et de tout repos. Entendez par là qu’ils ne feront aucun mal à la jeune fille. C’est cependant un conte sombre.
Des vieillards cherchent des derniers plaisirs. Ce n’est pourtant pas ce qu’Eguchi trouve. D’abord, il peut encore se livrer aux bonheurs de la chair. Ensuite, des souvenirs se réveillent, révélant un homme qui n’a rien de particulièrement sympathique. Et la fable devient parfois dérangeante.
La fin est inattendue. Si la mort n’est pas vraiment présente dans l’esprit d’Eguchi, elle rôde, n’est jamais très loin. Et je me demande encore quelle leçon en tirer.
La majeure partie du roman se déroule dans la maison aux belles endormies. Et j’ai été intriguée par ces jeunes vierges qui acceptent de prendre un narcotique puissant, l’hôtesse précise d’ailleurs qu’il pourrait être dangereux pour un homme âgé. Je n’ai malheureusement pas obtenu la réponse. Par ailleurs, prostitution ou pas ? Le vieil Eguchi se pose aussi la question.
En conclusion, c’est un livre marquant qui restera dans ma mémoire, tout comme Tristesse et Beauté.
Quels sont les thèmes ?
- Vieillesse et décrépitude
- Souvenirs
Où et quand ?
Au Japon, puisqu’Eguchi se rappelle Tokyo ou d’autres villes. Mais l’histoire pourrait se dérouler ailleurs et surtout n’importe quand, parce les repères temporels sont rares.
Comment est-ce écrit ?
Le style est somptueux. Dès le début, vous serez plongé(e) dans un étrange univers.
Incipit :
« Et veuillez éviter, je vous en prie, les taquineries de mauvais goût ! N’essayez pas de mettre les doigts dans la bouche de la petite qui dort ! Ça ne serait pas convenable ! recommanda l’hôtesse au vieil Eguchi. »
Citation :
« Cela ne faisait pas d’elle une poupée vivante, car il n’existe point de poupée vivante, mais l’on en avait fait un jouet vivant afin d’épargner tout sentiment de honte à des vieillards qui n’étaient déjà plus des hommes. Ou mieux encore qu’un jouet, pour des vieillards de cette sorte, elle était, qui sait, la vie en soi. Une vie qui pouvait être ainsi touchée en toute sécurité. »
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé :
- Un conte
- L’écriture somptueuse
- L’étrangeté de l’intrigue
Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous) :
- J’ai été peu sensible aux réflexions et souvenirs d’Eguchi
Pour finir, même si j’ai été assez peu sensible au message de Yasunari Kawabata, prix Nobel de littérature 1968 je vous recommande de lire Les Belles Endormies, ne serait-ce que pour sa singularité.
Mes notes
| Univers narratif | 5,0/5 |
| Personnages | 5,0/5 |
| Intrigue | 4,0/5 |
| Écriture | 5,0/5 |
| Moyenne | 4,8/5 |
Lecture exigeante
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Info-livre : Les Belles Endormies par Yasunari Kawabata
Editeur : LGF/Livre de Poche
ISBN : 2-253-02989-0
Pages : 125
Date de parution : 18/04/2000
(Initialement paru au Japon en 1961 et en France en 1970)
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