Le livre, Les grandes familles, dépeint les milieux financiers français entre les deux guerres. Dans ce premier tome d’une trilogie, les turpitudes des puissants de ce monde ressemblent à ce que nous lisons trop souvent dans les journaux et n’étonneront pas le lecteur. L’auteur prend son temps pour nous présenter ses personnages, c’est lent avant que l’histoire s’emballe, mais c’est pour mieux retomber dans les descriptions du cynisme, de l’oisiveté ou encore de l’ambition. Les Grandes Familles a reçu le prix Goncourt en 1948.
Les intrigues
Oui, il y a plusieurs intrigues, autour de personnages liés par le sang ou les circonstances.
Simon Lachaume reconduit à la gare sa mère, une paysanne pour qui il n’éprouve pas d’affection. Il est pressé de se rendre au chevet de Jean de la Monnerie, poète et académicien, en train de vivre ses dernières heures. Simon s’apprête à recueillir ses ultimes paroles pour enjoliver la thèse qu’il lui a consacrée.
Pour rendre service à son amie Sylvaine Dual, contrainte de se prostituer, Anny Feret lui présente le richissime Lucien Maublanc.
De son côté, la famille Schoudler vit sous le regard du vieux Siegfried Schoudler et de l’autoritaire Noël Schoudler. La famille Schoudler est alliée à la famille de La Monnerie par le mariage de François Schoudler avec Jacqueline de La Monnerie.
L’univers narratif
Le récit débute après la Première Guerre mondiale. Pendant que des combattants peinent à se remettre de ce qu’ils ont vécu (Le collier rouge), d’autres entrent dans les cabinets ministériels des années 1920, ou à la Bourse.
Les personnages
Les personnages du livre Les grandes familles sont nombreux et l’auteur passe beaucoup de temps avant que les intrigues démarrent réellement et que l’on comprenne ce qui se joue entre eux.
Famille de La Monnerie
#Juliette de La Monnerie
Épouse du poète qui décède au début du livre, elle est la mère de Jacqueline, mariée à François Schoudler
#Isabelle d’Huisnes
Nièce de Juliette, je dirais qu’elle a le feu aux fesses, mais j’aurais aimé que l’auteur développe davantage ce personnage.
#Urbain de La Monnerie
Encore un personnage que j’aurais aimé voir davantage développé. Il est le frère aîné de Jean de La Monnerie. Tous les deux ont un frère plus jeune, le général de La Monnerie à qui l’auteur consacre plus de pages.
Famille Schoudler
#Noël Schoudler
Cet homme d’une soixantaine d’années régente toute la famille. Financier et régent de la Banque de France, c’est un monsieur rigide et qui ne tolère pas la contradiction, mais il s’approprie facilement les idées des autres. Il a un fils, François et deux petits-enfants, Jean-Noël et Marie-Ange.
#François et Jacqueline (née de La Monnerie) Schoudler
François a fait un mariage d’amour même si tout le monde suspecte l’intérêt d’une union aristocratique. Ils sont les personnages les plus attachants du livre. François a du talent pour les affaires, mais il se heurte à son père, Noël.
L’auteur consacre beaucoup plus de pages aux personnages ambitieux qu’aux personnages pour qui le lecteur peut éprouver de l’empathie. C’est clairement le but de l’ouvrage, mais ça peut ne pas plaire ou dérouter.
Autres personnages pas vraiment sympathiques
#Simon Lauchaume
Mi-Rastignac, Mi-Bel-Ami, il se laisse porter par son ambition et les circonstances.
#Lucien Maublanc
Premier époux de l’épouse de Noël, il est aussi le demi-frère de Jean de La Monnerie, impuissant et un brin obsédé sexuel. Il déteste les deux familles et espère bien que sa fortune lui permettra de les anéantir.
Le style
Incipit :
« Les murs de la chambre de clinique, le bois des meubles, le métal du lit étaient peints d’un blanc brillant, lavable et cru. De la tulipe de verre dépoli fixée au-dessus du chevet, la lumière électrique, également blanche et dure, tombait sur les draps, sur l’accouchée pâle qui clignait des paupières, sur le berceau, sur les six visiteurs. »
Citations :
« Cette journée était pour lui une journée essentielle, une charnière ; la porte retombait sur toute une tranche pénible de sa vie, s’ouvrait sur un avenir prestigieux, aux évènements pressés, vagues et nombreux. Le destin venait de frapper un coup de gong. “Je n’aurais pas le temps de finir.” Personne n’avait le temps de finir. Mais d’autres reprenaient, arrivaient en relève, s’attelaient à la grande tâche unanime. »
« Une énorme clameur monta au même instant de tous les points du hall, comme une marée se précipitant dans une grotte profonde. La frénésie quotidienne s’emparait des adeptes du culte triste, répartis à leurs différents autels ; et la coulisse à l’extérieur produisait autant de bruit à elle seule que le reste de la Bourse. Partout des bouches ouvertes, violentes, voraces, des poings, des doigts qui suppléaient aux cordes vocales devenues impuissantes, une télégraphie de sourds-muets… Les marqueurs en blouse, au-dessus de cette hystérie, épongeaient les tableaux noirs, traçaient des chiffres à la craie, les effaçaient immédiatement. »
La structure
Les grandes familles suit une structure chronologique, mais le temps de décrire chacun des personnages rend le début un peu ennuyeux.
Mon avis en résumé
Ce que vous aimerez :
- La description de la société française pendant l’entre-deux-guerres
Ce que vous regretterez (ou pas) :
- Une vision pessimiste de la société
- Une œuvre un peu désuète
Mes notes
Univers narratif | 5,0/5 |
Personnages | 3,0/5 |
Intrigue | 4,0/5 |
Style | 3,0/5 |
Moyenne | 3,8/5 |
Lecture un peu exigeante
J’ai nettement préféré, du même auteur, Les rois maudits.
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D’autres livres sur la France du XXe siècle
Les Bourgeois
Alice Ferney
Les années
Annie Ernaux
Info-livre : Les grandes familles par Maurice Druon
Editeur : LGF/Livre de Poche
ISBN : 2-253-00614-9
Pages : 378
Date de parution : 27/07/1989
(initialement paru en 1948 aux éditions Juliard)
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