C’est drôle, c’est noir, touchant aussi, bourré d’humanité. Petiote de Benoît Philippon, encore un livre que j’ai regretté d’avoir fini, mais après avoir lu Mamie Luger, il me reste Cabossé à lire du même auteur.
Comment débute le livre ?
Gus est un loser, pas un raté — vous le vexeriez — un loser qui a tout raté, couple, paternité, vie professionnelle, mais loser ça sonne mieux, il en est presque fier. Sauf que là, la Juge aux Affaires Familiales lui a retiré son droit de visite pour Emilie, sa fille adorée. Aux situations désespérées, mesures désespérées. Gus prend en otage les occupants du Love Hôtel de Chalon. Si l’hôtel n’avait que de pittoresques personnages (Cerise, la prostituée) ou des ratés (Boudu, le SDF), mais non, c’est à un membre d’une mafia serbe, Sergueï, que Gus achète une arme, sans écouter les avertissements de ce dernier, clairement menaçants, pourtant.
Présence obligatoire d’Emilie, c’est avec elle que Gus veut fuir au Venezuela. Sa propre fille au milieu d’une prise d’otages ? Une ado rebelle ? Gus est au courant, mais le moyen de faire autrement ?
Qu’en ai-je pensé ?
Un imbécile armé jusqu’aux dents, hémoglobine garantie ! Benoît Philippon réussit néanmoins à nous faire rire et à nous toucher.
Seul bémol : le premier chapitre ne sert à rien. Je l’ai oublié dès le deuxième, parce que je n’y ai pas compris grand-chose. Pas grave, il n’y a pas de livres parfaits.
Où et quand ?
L’histoire se déroule dans un hôtel miteux où l’on trouve à peu près tout et surtout ce qu’on ne devrait pas.
Quels sont les thèmes ?
- Humour noir
- Looser
Qui sont les personnages ?
Les seconds rôles sont plus intéressants que le protagoniste. Brossés à grands traits et pourtant tellement humains !
#Gus
Plus bête que méchant. Très très bête et pas méchant pour un sou, en réalité. Alors, jouer les preneurs d’otages tout en voulant ne pas leur faire du mal, pas simple !
#Cerise
Elle a tout de suite compris que Gus n’allait pas faire dans la dentelle. Sa vie est tellement pourrie qu’elle y voit une occasion de l’améliorer, elle s’impose comme complice du preneur d’otages.
Coupée de ses émotions, qualifiée de psychopathe par l’auteur, elle joue plutôt la pute au grand cœur, même s’il est enfoui au plus profond d’une série de drames.
#Georges
Le gentil de l’histoire, mais il n’est pas bête. S’il ne peut pas raisonner Gus, il peut au moins agir pour limiter les dégâts, quitte à frôler la complicité. Émouvant du début à la fin.
#Mia
La négociatrice, elle est vite déroutée par l’improbable preneur d’otages et je ne parle pas de Cerise, la complice. Elle fait ce qu’elle peut, mais force est de constater que sa marge de manœuvre est très limitée.
Et puis :
- Gwen et Dany, un couple illégitime qui a de bonnes raisons de rester anonyme.
- Boudu (un peu porté sur la bouteille) qui serait mort depuis longtemps si Georges ne l’avait pas recueilli.
- Hubert, le livreur d’Uber Eats, trop stone pour se rendre compte de quoi que ce soit.
- Une bande de mafieux serbe, ils ne sont pas là pour rigoler (il est vrai que côté rigolade, à part le lecteur…) et ils font peur.
- Un journaliste sans scrupule
Comment est-ce écrit ?
Ah le style ! Même si j’avais envie de savoir ce qui allait arriver à notre bande de bras cassés, pas question de lire vite parce qu’il faut savourer les trouvailles de Benoît Philippon.
Incipit :
« Il faut que je me jette ».
Gus se tient sur le rebord du toit. Il observe le monde qui s’agite sous ses pieds. Les lumières rouges et or rebondissent contre les tôles de voitures, sur le bitume mouillé, le long des vitrines illuminées, bien que les boutiques soient fermées et que les lanceurs d’alerte serinent le peuple avec la nécessité vitale des économies d’énergie. »
Citation :
« Balcerzak est une négociatrice au pedigree exceptionnel, saluée pour sa force de persuasion, son tempérament fonceur et son caractère martial, respectée pour son esprit d’analyse et de réactivité en situation extrême. Ce qui ne la préserve pas d’une propension à l’agacement qui lui a valu une réputation de femme à ne pas trop chahuter. Quand elle rue, c’est l’autre qui se retrouve sur un brancard. »
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé
- Le style
- L’humour
- Les personnages
Mes notes
Univers narratif | 5,0/5 |
Personnages | 5,0/5 |
Intrigue | 5,0/5 |
Style | 5,0/5 |
Moyenne | 5,0/5 |
Lecture facile
Un des meilleurs livres du moment (2022). Une des meilleures éditions de poche (2023).
À vous maintenant
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Des romans policiers drôles ou étonnants
Info-livre : Petiote par Benoît Philippon
Editeur : Arènes (Editions Les)
ISBN : 979-10-375-0592-7
Pages : 375
Date de parution : 12/05/2022
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