Abyssinia – Alexandre Page

J’ai pris plaisir à lire Abyssinia d’Alexandre Page. Il y a pourtant peu de chances que je lise le tome II parce trop de choses m’ont manqué. Attention, ce livre est à cent lieues d’être médiocre, il excelle dans certains aspects et en néglige d’autres.

Couverture du livre d'Alexandre page, Abyssinia, Photos de trois personnes qui apparaissent dans le livre, Alfred Ilg, Léonid Artamonov et Nazli Fazil
Trois personnes qui apparaissent dans le livre

À vous de décider si cela correspond à ce que vous cherchez… ou pas.

L’univers narratif

À la fin du XIXe, de Constantinople à Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie. La description des lieux est un des points forts du livre, j’ai marché dans les rues de Constantinople, vécu l’étape de Port-Saïd et cheminé aux côtés des militaires.
En revanche, n’étant spécialiste ni de l’histoire de l’Éthiopie ni de celle de la Russie, j’aurais aimé que l’auteur précise le contexte d’Abyssinia. Et ce d’autant plus qu’il livre parfois des détails qui ne sont pas nécessaires à la compréhension du texte.

Les personnages

Ils sont interchangeables pendant une bonne partie du livre. J’aurais aimé connaître le passé de Krasnov, comment il est arrivé à cette mission. Il est militaire, c’est à peu près tout ce qu’on peut en conclure.
Lorsque les personnages dialoguent, ils s’échangent des informations, utiles pour le lecteur, mais ce dernier ne sait rien de leurs relations. S’apprécient-ils ? Ont-ils confiance les uns dans les autres ? Vous n’aurez pas la réponse, du moins dans le tome I.
La mission recueille une servante, elle arrive et repart sans qu’on en sache plus sur elle que son nom : Oualata. Connaître son histoire nous en aurait pourtant appris beaucoup sur le pays.
Quant aux dirigeants éthiopiens, ce qui nous est raconté ressemble à ce que l’on trouve dans les livres d’histoire, ni plus, ni moins.

L’intrigue

Peut-on vraiment parler d’une intrigue ? Il s’agit plus d’une reconstitution historique que d’un roman d’aventures. Comme les personnages sont des militaires bien entraînés et qu’ils ont l’air de ne pas vivre en dehors du service du tsar, il est difficile de craindre quoi que ce soit pour eux. Au cours du roman, l’un d’entre eux, Krinine, bien que blessé légèrement, ne survit pas. Un passage qui manque d’émotion.

L’auteur ne résiste pas à tout nous raconter et cela devient répétitif, combien de fois quittent-ils une oasis, un village ou un campement pour rejoindre une oasis, un village ou un campement ? Il m’est parfois arrivé de penser que l’écrivain se lassait :

“Le soir, après s’être engagée sur un énième chemin…”

Énième chemin pour le lecteur aussi.

En revanche, on ignore tout de certaines aventures :

“Le même soir, le colonel Artomonov et ses hommes revinrent au camp après de périlleuses mésaventures, sains et saufs mais bredouilles.” On n’en saura pas plus.

Bref, ce qui m’a cruellement manqué dans Abyssinia c’est la part de l’imaginaire qui recrée la réalité et vous emporte dans un autre monde, ce qui constitue un roman et non un récit historique.

Le style

Autre point fort de cet ouvrage, il est fluide et se lit facilement (même si l’auteur ne résiste parfois pas au plaisir de nous parler de formes chryséléphantines, ou de plateaux madréporiques). Le style est surtout assez précis, assez maîtrisé, pour que le lecteur se retrouve en pleine Éthiopie à la fin du XIXe siècle.

Incipit :

« Un vent frais d’automne balayait la place Znamenskaïa. Il emportait avec lui les feuilles jaunies des arbres bordant l’église du Signe qui dressait ces cinq dômes au-dessus des eaux lentes du canal Ligovski, et tourbillonnant en maltraitant le chapeau des dames, s’engouffrait entre les immeubles de la perspective Nevski. »

Citations :

“Comme les deux autres hôtels de la ville, l’hôtel de France et celui de Paris, l’hôtel des Arcades aux murs épais et au plan basilical, se trouvait sur la place de la ville, et avait été décoré pour l’occasion d’un drapeau russe et de deux banderoles en toile de voile sur lesquels étaient inscrits : “Vive la France” et “Vive la Russie”.”

“Quelques malheureux dattiers ici, un citronnier chétif dans une cour, mais l’essentiel de la végétation consistait en des plantes basses et grasses, des apocynacées, des aloès et une multitude d’euphorbiacées dentelées et piquantes.”

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé :

  • L’envoutante description des lieux
  • Les photos qui illustrent l’histoireff
  • Le style

Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous) :

  • Des scènes trop répétitives
  • Des personnages trop peu présents

Mes notes

Univers narratif
Personnage
Intrigue
Style
Bonus photo

Moyenne

5,0/5
1,0/5
1,0/5
5,0/5
5,0/5

3,4/5

Partons pour Constantinople ou Istanbul

La cité des nuages et des oiseaux
Anthony Doerr

En arrière-plan, une cité dans les nuages et des oiseaux ; au premier plan, la couverture du livre d'Anthony Doerr, La cité des nuages et des oiseaux.
L’épopée d’Aethon est racontée de manière judicieuse tout au long du livre.

Aziyadé
Faut-il relire Pierre Loti ?

En filigrane, vue panoramique sur le Bosphore en 1870, au premier plan, couverture du livre de Pierre Loti, Aziyadé
En filigrane, vue panoramique sur le Bosphore en 1870

Info-livre : Abyssinia par Alexandre Page

Couverture du livre d'Alexandre Page, Abyssinia

Editeur : Books on Demand
ISBN : 978-2-322-24249-8
Pages : 500
Date de parution : 14/10/2020

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Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
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Rédactrice NetGalley

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