Calmez-vous, madame, ça va bien se passer — Marie-Cécile Naves

Des évidences, mais aussi des réflexions poussées, Calmez-vous madame, ça va bien se passer, est un livre nécessaire pour se mettre à jour. J’ai regretté que l’auteur s’adresse au lecteur comme s’il était un féministe convaincu (plutôt une d’ailleurs, et à jour dans ses connaissances) parce que la lecture en est un peu ardue.

En arrière-plan, une petite fille, un camion de pompier et une poupée, au premier plan, la couverture du livre de Marie-Cécile Naves, Calmez-vous, madame, ça va bien se passer.
« Une telle interpellation vise non pas à écouter, mais à réduire les femmes à leurs émotions supposées incontrôlables et irrationnelles. »

Mise à jour des connaissances

Oui, je suis féministe, et non, ce n’est pas un gros mot. Ma définition personnelle du féministe, c’est de refuser d’être jugée sur mon genre. Bon, il était quand même temps que je dépoussière ce que je savais des courants féministes, et de réfléchir aussi avec quoi je suis d’accord et avec quoi je ne le suis pas. Parce que j’ai le droit de ne pas être d’accord avec tout :

« Qui peut dire ce qu’est un “bon” ou un “mauvais” féminisme, qui est une “bonne” ou une “mauvaise féministe” ? »

Bon, là, j’aurais aimé un peu d’écriture inclusive ou à défaut l’emploi du féminin et du masculin. Le fait que la majorité des hommes se tiennent à l’écart des débats me paraît faire partie du problème.

J’aime aussi l’idée que le féminisme ne soit pas parfait, on essaie, on fait des erreurs et on recommence.

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Sans droits des femmes, pas de démocratie

J’aurais aimé que l’auteur développe un peu plus ce sujet qui ne touche pas que les femmes. Bien sûr, elle parle de l’Iran où les droits des femmes sont bafoués, et où la révolte récente n’a pas concerné que les femmes. Elle évoque également les États-Unis où l’invalidation de l’arrêt « Roe v. Wade » (avortement) est concomitante avec le refus du résultat des urnes, et pour conséquence l’assaut du Capitole par les partisans de Donald Trump. Ce sujet mériterait un livre en entier.

L’écriture inclusive

J’ai aimé que l’autrice aborde ce sujet clivant, objet de plus de débats d’opinions que de réelles réflexions. Elle contre le plus gros reproche qui est de ne pas être prononçable. C’est exact, mais elle peut être déployée : Françaises et Français.

Elle la met aussi à sa juste place, il s’agit de « revoir les textes officiels et d’influer sur les habitudes de langage, notamment journalistiques et politiques ». Je suis d’accord, on laisse Proust tranquille (Roald Dahl aussi). Encore un sujet qui mériterait un livre entier.

Calmez-vous madame, ça va bien se passer

« Une telle interpellation vise non pas à écouter, mais à réduire les femmes à leurs émotions supposées incontrôlables et irrationnelles. »

Que peut faire une femme quand un homme lui hurle dessus ? S’écraser ? Euh non, évidemment. Mais si elle crie, on va lui demander de se calmer, la traiter d’hystérique, voire lui enjoindre de se faire soigner. Oui, il faut du courage pour entrer dans certains métiers à dominante masculine.

Premier essai féministe chroniqué sur le site

Après cette lecture, il y en aura probablement d’autres. Je voudrais pourtant signaler la question que pose Boris Cyrulnik (Des âmes et des saisons), à propos de l’époque de la domination masculine : « était-ce une si bonne affaire pour les hommes ? ».

Un livre dense

C’est pour cela que je vous le recommande, pour la multitude de sujets abordés et de pistes de réflexion. J’ai évoqué des thèmes qui me tenaient particulièrement à cœur, mais vous trouverez aussi des chapitres sur la féminisation des métiers, le rôle du marketing, la suppression du terme « mademoiselle », l’affaire Britney Spears (je suis tombée de ma chaise) et d’autres encore.

Conclusion

Je vais acheter un camion de pompier à offrir à ma petite fille. Et si elle préfère sa poupée ? Ben justement, c’est ça le féminisme, personne n’a le droit de lui imposer quoi que ce soit. C’est à elle de choisir, ce qui est important, c’est qu’elle ait cette possibilité.

 Mon avis en résumé

« Calmez-vous, madame, ça va bien se passer ! » Cette phrase horripilante nous renvoie à notre supposée incontrôlabilité, qui, au XIXe siècle, en a conduit certains à nous enfermer (Le bal des folles, Victoria Mas).

Ce que vous aimerez :

  • La multitude de thèmes
  • Les nombreuses pistes de réflexion
  • Le recul de l’autrice qui lui permet d’aborder des sujets clivants

Ce que vous regretterez (ou pas) :

  • Certains sujets auraient mérité d’être davantage développés.

Mais ce n’est pas une raison pour ne pas le lire

Ma note

4,5/5

Un des meilleurs livres du moment (2023)

Info-livre : Calmez-vous, madame, ça va bien se passer par Marie-Cécile Naves

Couverture du livre de Marie-Cécile Naves, Calmez-vous, madame, ça va bien se passer.

Editeur : Calmann-Lévy
ISBN : 978-2-7021-8758-6
Pages : 213
Date de parution : 22/02/2023

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Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
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Rédactrice NetGalley

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