J’ai été séduite par la promesse d’un roman policier dans un futur dystopique. Je n’ai pas apprécié ce livre de Laurent Gaudé, Chien 51, qui rassemble tous les clichés que l’on peut imaginer sans apporter de point de vue inattendu.

En arrière-plan, un temple grec, au premier plan, la couverture du livre de Laurent Gaudé, Chien 51
Un roman policier dans un futur dystopique

Sommaire

Que se passe-t-il ?

Zem Sparak est policier dans la zone 3 (la moins favorisée) de Magnopole. Chien est le surnom donné aux policiers. Pourquoi 51 ? Il vous faudra patienter jusqu’à la fin du livre pour le savoir. Zem doit enquêter sur le meurtre d’un homme dont le corps a été retrouvé aux Décharges Citoyennes. La victime a été éventrée. Peu de temps après la sinistre découverte, Zem est verrouillé avec Salia Malberg, policier de la zone 2, en d’autres termes, ils sont obligés de travailler ensemble pour résoudre ce meurtre.

L’intrigue policière est bien menée même si elle est plutôt classique, un enquêteur désabusé se heurte aux puissants de ce monde. Les rebondissements et les retours de situation sont nombreux. Mais ne cherchez pas d’espoir dans ce livre, il n’y en a pas, ou s’il y en a, il est incarné par des gens peu recommandables.

Où et quand ?

À Magnapole, une ville dont le lecteur ignore la localisation. Les citoyens des pays rachetés par le groupe GoldTex y sont amenés pour devenir cilariés (contraction bien vue entre citoyen et salariés). Si j’ai aimé que le premier pays racheté soit la Grèce, j’ai infiniment regretté que le contexte grec ne soit pas plus exploité puisque Sparak est grec (comme son nom ne l’indique pas). Lorsque l’histoire débute, une élection est en cours.

L’univers dystopique a des trous. Si je n’ai pas trop de mal à imaginer les conséquences du rachat d’un pays par une société, je n’en comprends pas très bien l’utilité, recruter des gens qui seront traités comme des esclaves ? Certes, mais pour faire quoi ? Pour produire quoi ? Ils les rangent les déchets ? En réalité, ils n’ont pas l’air de trop se soucier de l’impact. Des concepts (Séquence Effort, Love Day), des mouvements (Break Walls) et de nouvelles technologies (Eternytox) ont vu le jour, mais tout est confus. Par ailleurs, les dirigeants tout puissants de GoldTex entretiennent une police indépendante qui n’hésite pas à venir (sans rendez-vous) leur chercher des poux.

Et pour finir, je n’ai pas compris l’intérêt de certains passages (la journée du Love Day, par exemple).

Roman policier et dystopie, donc ?

Vous l’avez compris, j’ai détesté l’univers dystopique du livre qui regroupe tous les clichés du monde actuel et du monde futur, tel qu’il sera peut-être. Je me suis perdue dans les thèmes.

La narration n’a rien arrangé. On saute d’une époque à une autre sans aucune référence dans le temps. Quand c’est « il », on est dans le passé de Zem et quand c’est Zem, on est dans le présent de Zem. Il est parfois difficile de situer certains chapitres. Et ça, j’ai détesté, détesté, détesté.

Qui sont les personnages ?

Zem Sparak
L’histoire de Zem est distillée tout au long du roman, entre deux rebondissements de l’intrigue policière. Il a une cinquantaine d’années, ne boit pas, ne fume pas, mais il est accro à une technologie qui permet de vivre ce qu’on veut.

Salia Malberg
Forcément plus jeune que Sparak, elle est aussi la représentante de la génération qui n’a connu que la Magnapole.

Kanaka et Barsok
Ils sont tous les deux candidats au poste de leader de GoldTex. Tous les coups sont permis.

Jon Mafram
Il fallait bien un opposant. Jon Mafram, poursuivi par les polices de Magnapole, donnera de précieuses indications à Salia.

Comment est-ce écrit ?

 Incipit :

« D’un coup, la ville devint folle. Lorsque les dirigeants de GoldTex annoncèrent que le rachat de la Grèce était finalisé, les citoyens d’Athènes furent pris de panique. »

Citation :

« Les accords d’Argos scellèrent le sort du Péloponnèse. C’est à cette époque que Goldtex décida d’en faire un parc de recouvrement de déchets. En deux ans, toute implantation humaine disparut. De Kalamata à Nauplie, ce ne fut plus qu’un ballet incessant de camions qui déversaient dans des crevasses profondes, jour et nuit, les détritus du monde. »

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé :

  • L’intrigue policière

Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous) :

  • L’univers dystopique incomplet
  • La narration hachée
  • Le manque de réflexion

Mes notes

Univers narratif1,0/5
Personnages4,0/5
Intrigue4,0/5
Écriture 2,0/5
Moyenne2,8/5

Le détail en plus

En 2008, la Grèce a subi une crise financière grave, causée par l’emballement de la dette publique ainsi qu’une crise politique. La Grèce n’a pas fait faillite, mais a connu une sérieuse récession et les Grecs ont souffert de la politique d’austérité imposée, hausse du chômage, apparition d’une nouvelle catégorie de pauvres, dégradation de la santé de la population grecque.

Dommage que cette histoire, pourtant pleine d’enseignements, n’ait pas été davantage exploitée.

Info-livre : Chien 51 par Laurent Gaudé

Couverture du livre de Laurent Gaudé, Chien 51

Editeur : Actes Sud
ISBN : 978-2-330-16833-9
Pages : 292
Date de parution : 17/08/2022

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Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
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Rédactrice NetGalley

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