Idiss est un livre intense, émouvant, un de ses livres qu’il faut lire pour ne jamais oublier.

Que se passe-t-il ?
Robert Badinter raconte une vie particulière, celle de sa grand-mère qui a fui son shtetl bessarabien pour gagner Paris. Sa famille croyait y trouver un refuge contre les massacres. La France n’est-elle pas le pays des droits de l’homme ?
L’histoire est poignante, Robert Badinter expliquant comment cette foi inébranlable a été trahie de la pire des manières. C’est ce qui m’a bouleversée dans ce livre.
Où et quand ?
Idiss et son mari sont arrivés en France avant la Grande Guerre, en 1912. À cette époque, la France accordait les mêmes droits aux Français de confession israélite qu’aux autres. De quoi faire rêver les juifs de l’Europe de l’Est. Pourtant entre les principes d’égalité et ce que pensent les Français, il y a un fossé : des manifestants défilent sur les boulevards en criant « Mort aux juifs ».
Idiss traverse en France les deux Guerres mondiales.
Le livre est dense, l’auteur aborde de nombreux sujets, tels que la pyramide sociale juive, le manque d’éducation des filles, le sionisme et bien d’autres.
Qui est Idiss ?
Robert Badinter commence le récit quand elle vivait avec ses beaux-parents au shtetl, son mari, Schulim était parti à la guerre. Pour nourrir ces enfants, Idiss devient contrebandière avec la complicité de la police, une complicité qui lui vaut de passer parfois une nuit au poste.
Idiss est analphabète, là comme ailleurs, on se préoccupait peu de l’éducation des filles.
En France, des années plus tard, sa situation juridique est complexe, elle possède un passeport russe, mais les bouleversements de l’Histoire devraient faire d’elle une Roumaine. Elle reste, en France, apatride.
L’écriture
Elle est porteuse d’émotion.
Incipit :
« Avant la guerre, au temps de mon enfance, tous les vendredis, quand tombait la nuit, ma grand-mère Idiss allumait les bougies pour dire la prière du Shabbat. »
Citation : (à propos de son père) :
« Souvent, je me suis interrogé : que pensait-il lorsque, à Drancy, en mars 1943, il montait dans le train qui le conduirait au camp d’extermination de Sobibor, en Pologne ? Arrêté à Lyon par Klaus Barbie, et déporté sur son ordre, c’était aux nazis qu’il devait sa fin atroce, à quarante-huit ans. Mais au camp de Pithiviers ou de Drancy, qui le gardait, sinon des gardes mobiles français ? Tel que je l’ai connu, aimant si profondément la France, a-t-il conservé jusqu’au bout sa foi en elle ? On ne fait pas parler les morts. Mais cette question-là, si cruelle, n’a jamais cessé de me hanter. »
Mon avis en résumé
Idiss fait partie de ces livres que l’on se doit de lire, ne serait-ce que pour rester vigilant.
Mes notes
Livre passeur de mémoire : 5,0/5
Il a fait partie des meilleurs livres parus en 2019.
Info-livre : Idiss par Robert Badinter

Editeur : LGF/Livre de Poche
ISBN : 978-2-253-82030-7
Pages : 264
Date de parution : 25/09/2019
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