Difficile de ne pas être impressionné par le thème du livre de Karine Tuil, La décision, même si j’aurais préféré que des circonstances, presque extérieures, n’affadissent pas le propos.
Au sommaire
Que se passe-t-il ?
Alma est juge d’instruction antiterroriste. À ce titre, elle se prononce sur l’avenir des suspects. Doit-elle, pour protéger la nation, envoyer en prison un individu qui n’a rien fait, sauf un voyage en Syrie, ou le relâcher ? En prison, il se radicalisera, en liberté, il aura la possibilité de commettre un attentat. Une décision qui a de quoi l’empêcher de dormir, toutes les nuits.
C’est ce dilemme qui m’a le plus frappée, et j’ai trouvé qu’introduire une histoire d’amour — Alma a peut-être été influencée par son amoureux — affadissait le propos.
Bête noire des terroristes, Alma reçoit quotidiennement des menaces. J’aurais aussi apprécié que la vie sous constante protection policière soit davantage creusée.
Quels sont les thèmes ?
- Terrorisme
- Juge anti-terrorisme
Où et quand ?
À Paris, de nos jours
Qui sont les personnages ?
Alma Revel
Elle est difficile à cerner. Si j’ai compris les complexités de son métier, qu’elle tente de pratique avec humanisme, mais sans faiblesse, en revanche, ses réactions à titre personnel m’ont laissée perplexe.
Abdeljalil Kacem
Il jure être parti en Syrie pour faire de l’humanitaire, en être revenu dégouté de L’État Islamique et n’avoir qu’une envie, élever son fils avec sa femme, Sonia. Il est soutenu par sa mère, a trouvé un travail, tous les rapports sur lui depuis qu’il est rentré en France sont bons. Mais personne ne se rend en Syrie pour ses vacances d’été. Et les policiers ont découvert des vidéos compromettantes dans son ordinateur. Que faire de ce jeune homme ? Difficile de ne pas se poser la question.
Emmanuel Forest
Il est l’avocat d’Abdeljalil Kacem. Bien sûr, il demande sa libération.
Comment est-ce écrit ?
Incipit :
« Est-ce que vous voulez vraiment voir les images de l’attentat ?
Longtemps, c’est moi qui ai posé cette question. En tant que juge d’instruction antiterroriste, cela avait toujours représenté un problème éthique capital pour moi : devrais-je montrer les images des attentats aux familles de victime qui le réclamaient ? Était-ce mon rôle ? Au nom de la vérité, fallait-il à tout prix voir ? Les images des corps mutilés, des boîtes crâniennes explosées, des corps d’enfants démembrés étaient-elles indispensables à la vérité ? »
Citation :
« — Je ne serai jamais d’accord avec toi sur ce point, Antonin, continue Éric. On ne peut pas vouloir la mort d’un homme.
— Une neutralisation à l’interpellation qui est légale évite les détentions compliquées à gérer avec des individus qui vont passer leur vie à former des futurs terroristes, à préparer des attentats depuis leurs cellules et à tenter de tuer des surveillants !
— Mais les terroristes ne rêvent que de ça, de la mort ! dit Éric. Ceux qu’ils donnent aux autres et la leur. Ils actent leur propre mort et emportent les autres avec eux. La pire des erreurs serait de croire qu’on pourrait combattre le terrorisme en infligeant la peine de mort. Ils aiment la mort ! Elle leur ouvre les portes mystérieuses du paradis. »
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé :
- Plonger dans le quotidien d’un juge antiterroriste
- Mieux comprendre la lutte antiterroriste
Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous) :
- Un propos affadi par une histoire d’amour.
Lisez aussi des histoires vraies de juge, Lorsque les robes s’en mêlent, s’emmêlent de Aurore Boyard & Olivier Lambert
Mes notes
Univers narratif | 5,0/5 |
Personnages | 3,0/5 |
Intrigue | 3,0/5 |
Écriture | 4,0/5 |
Moyenne | 3,8/5 |
Le détail en plus
En 1986, pour la première fois, une loi définissait l’acte terroriste. La France s’est alors dotée d’un arsenal juridique qui a été renforcé après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Les actes de terrorisme relèvent de magistrats spécialisés (comme c’est le cas dans le livre de Karine Tuil).
La difficulté réside dans le fait de concilier Droits de l’Homme et protection de la nation. Pas certain que la garde à vue de 6 jours avec impossibilité de voir un avocat pendant les premières heures va dans le sens des Droits de L’homme. Mais que faire ?
À lire : un article franceinfo sur la déposition du juge antiterroriste Marc Trévidic pendant le procès du 13 novembre et cette phrase :
« Je sais que c’est sensible pour les parties civiles. Je ne vais pas tourner autour du pot. On ne peut que regretter de ne pas l’avoir mis en prison. »
À vous maintenant
Il semble que je sois une des rares à avoir été gênée par l’histoire d’amour de La décision. Qu’en avez-vous pensé ? Dites-le-moi en commentaires. Et pensez à activer la cloche pour recevoir un mail avec les réponses à votre commentaire.
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Terrorisme et assassinat politique
Info-livre : La décision par Karine Tuil
Editeur : Folio
ISBN : 978-2-07-300251-8
Pages : 337
Date de parution : 02/02/2023
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