Lire Le chant du monde, c’est plonger dans un style flamboyant à l’extrême, dans une nature fantasmée et dans des dialogues parfois mystérieux. Alors que Regain est un des livres que j’emporterais sur une île déserte (il me faudrait peut-être une immense caisse, pour emporter tous mes livres préférés) je n’ai pas trouvé cette lecture indispensable.
L’intrigue
Le fils du bûcheron Matelot a disparu depuis plusieurs mois. Matelot convainc son ami Antonio de partir à la recherche de son corps pour le ramener et l’enterrer. Ils remontent le fleuve en guettant les troncs d’arbre que le besson était chargé de convoyer et qui seraient passés par là.
L’intrigue, qui se rapproche de celle de la guerre de Troie, est forte, mais elle s’évanouit sous les descriptions et les personnages. J’ai eu assez peu envie de savoir ce qui allait leur arriver.
Thème
L’univers narratif
Dans une région imaginaire dominée par un fleuve et dans un pays sauvage dominé par un homme, Maudru.
Les personnages
#Maudru
Un personnage dont tout le monde parle, mais avec lequel le lecteur est rarement en direct. Le personnage pourtant le plus intéressant. Sorte d’ogre, entouré de sbires, en réalité des bouviers. Il apparaît différent dans une scène de dialogue.
#Antonio, surnommé Bouche d’Or
Pêcheur vigoureux dans la force de l’âge, il convainc facilement ceux qui l’écoute. Il a parfois la naïveté ou le comportement d’un enfant.
#Matelot
Surnommé ainsi parce qu’il a été marin, il est en réalité bûcheron. Avec sa femme, Junie, il a eu des jumeaux (bessons), l’un d’eux est déjà mort au début du livre. Lorsque les choses deviennent difficiles, un bateau vient le hanter.
#Le besson
Il a les cheveux rouges et le lecteur n’apprendra à le connaître que dans des situations extrêmes.
#Clara et Gina
On en sait peu sur elles si ce n’est que Gina est la fille de Maudru
Le style
Que dire du style ? Poétique ? Lyrique ? Flamboyant ? Tout ça en même temps. Le chant du monde est magnifique, certes, mais c’est aussi une lecture un peu ardue, j’aurais aimé qu’il y ait des moments pour me poser. Toute la lecture se résume à essayer de visualiser et comprendre ce qui se passe.
Incipit :
« La nuit. Le fleuve roulait à coups d’épaules à travers la forêt, Antonio s’avança jusqu’à la pointe de l’île. D’un côté l’eau profonde, souple comme du poil de chat ; de l’autre côté, les hennissements du gué. Antonio toucha le chêne. Il écouta dans sa main les tremblements de l’arbre. »
Citation :
« Les tuiles chantaient, les ruisseaux claquaient dans les ruelles en pente avec des lanières toutes neuves. Le ciel entier bruissant dans les frémissements d’un vent un peu lourd faisait chanter au balancement de la pluie les sombres vallons de la montagne et l’aigre lyre des bois nus. Ce jour-là, le fleuve se gonfla d’une joie sauvage. Plein de tonnerres sourds, il ondula brusquement, arrachant des saules, renversant des peupliers loin de sa bauge ordinaire. »
Dialogue :
« — Ça devient chemin, dit Matelot.
— Oui, dit Antonio, il y a des ornières dans l’herbe.
— On entend plus les bœufs, dit Matelot.
— Tu les as entendus ? dit Antonio.
— Oui, dit Matelot, et toi ?
— Non.
— Ils montaient à travers les prés de chaque côté de nous. On n’entend plus rien. On a marché plus vite. »
Mon avis en résumé
Ce que j’ai aimé
- Le style avant tout
- L’intrigue
- Les personnages
Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous)
- Une lecture quelque peu ardue
Mes notes
Univers narratif | 5,0/5 |
Personnages | 3,0/5 |
Intrigue | 4,0/5 |
Style | 4,0/5 |
Moyenne | 4,0/5 |
Niveau de difficulté : assez difficile
Du même auteur, j’ai préféré Regain.
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Info-livre : Le chant du monde par Jean Giono
Editeur : Folio
ISBN : 2-07-036872-6
Pages : 282
Date de parution : 18/02/2020
(initialement publié en 1934 aux éditions Gallimard)
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Bonjour Catherine,
Je préfère également “Regain” ne serait-ce que pour sa simplicité plus accessible aussi bien sur le fond que sur la forme, toute la “Trilogie de Pan”, en fait, mais aussi le très compassionnel “Solitude de la pitié”. Et “Le Hussard sur le toit”, bien sûr. Pour revenir au “Chant du monde”, je crois qu’il faut lire ses œuvres plus ardues comme de la poésie, sans réfléchir, en débranchant le cerveau gauche… « plonger » comme vous dites en introduction.
Personnellement, l’univers de Giono a eu beaucoup d’influence sur ma pensée (je l’ai lu très tôt), puis sur mes propres écrits. Cependant, je partageais déjà sa fascination pour Homère et Virgile, ses racines provençales, et ce vif intérêt pour l’humain dans son cadre de nature.
C’est dans cette veine, que j’ai écrit “Au-delà des mers”, publié fin 2021. Votre blog m’intéresse pour la qualité de ses chroniques… et sa franchise. Du coup, je me demande ce que vous penseriez du mien.
C’est un roman d’aventure qui se déroule un peu avant l’an mille en Méditerranée. Écrit à la première personne, une jeune naufragée y raconte en toute intimité sa vie, étonnante et périlleuse, tout en s’effrayant du mystère de ses origines.
Un commentaire en résume assez bien l’ambiance et ce qui plait à mes lecteurs : « Au-delà des mers est un roman émouvant, sensuel, poétique, et pourtant plein d’action et de rebondissements. Bien écrit et prenant ».
Vous pouvez visiter les 2 blogs qui en parlent déjà :
– Interview de Culture Mode San11 https://culturemodesan11.com/2022/04/04/au-dela-des-mers-premier-roman-de-p-galeron/
– Article d’Anna fait son blog https://annafaitsonblog.com/au-dela-des-mers-p-galeron/
Si le sujet vous intéresse, faites-moi signe, je vous enverrai gracieusement un exemplaire numérique.
Quoi qu’il en soit, je souhaite une bonne continuation à votre blog.
Très bonne journée.
P. Galeron