Il y a quelque chose de Romain Gary chez Andreï Makine, peut-être parce que l’aube de la vie détermine la suite, peut-être parce que l’amour de la France et de sa langue est là, et sans doute aussi peut-être parce que la beauté de l’écriture entraîne le lecteur. Le testament français a reçu le prix Goncourt en 1995.

Quoi qu’il en soit, Le testament français nous raconte une histoire différente.
Cette œuvre fait partie de ma liste de livres à lire absolument.
L’univers narratif
En Union soviétique, au milieu des steppes et plus précisément à Saranza où vit la grand-mère du narrateur. L’auteur évoque peu cette période, même si l’on apprend ici et là que des arrestations ont eu lieu et des exactions ont été commises.
Les personnages
#Le narrateur
Il a dix ans au début de l’histoire, passe ses vacances avec sa sœur chez sa grand-mère d’origine française. Chaque soir, il écoute les souvenirs de la vieille dame. Son imagination lui fait voir un village russe en Neuilly-sur-Seine, ne donne aucune réalité au prie-Dieu sur lequel l’Impératrice Alexandra s’est agenouillée lors de sa visite en France. Plus tard, cette culture française lui vaudra de se sentir différent.
#Charlotte Lemonnier
Un personnage mystérieux qui a rejoint sa mère après la Première Guerre mondiale en URSS. Elle y est restée, a épousé un Russe qui revient brisé de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont deux enfants, dont la mère du narrateur. Charlotte porte aussi plusieurs secrets qui seront dévoilés peu à peu.
#Les autres personnages
Les parents du narrateur sont à peine évoqués, il est vrai qu’ils sont morts quand il était très jeune. Quelques camarades d’école, Pachka, un doux géant, le grand-père sont d’autres personnages.
L’histoire
Histoire parce qu’il n’y a pas d’intrigue, le narrateur égrène ses souvenirs dans l’ordre où ils lui viennent et même si c’est parfois un peu confus, je me suis laissée prendre au jeu des évocations, sachant qu’il s’agit d’un roman autobiographique. L’auteur ne cherche jamais à émouvoir le lecteur, il raconte des faits tels que le narrateur les a vécus, bien plus préoccupé de l’impact de sa culture française sur sa vie que de l’histoire soviétique.
Le style
Je l’ai déjà dit, l’écriture est magnifique, elle sublime les souvenirs
Incipit :
« Encore enfant, je devinais que ce sourire très singulier représentait pour chaque femme une étrange petite victoire. Oui, une éphémère revanche sur les espoirs déçus, sur la grossièreté des hommes, sur la rareté des choses belles et vraies dans ce monde. Si j’avais su le dire à l’époque, j’aurais appelé cette façon de sourire “féminité…” »
Citation :
« J’avais quatorze ans cet été. Le temps des contes, je le comprenais bien, ne recommencerait pas. J’avais trop appris pour me laisser griser par leur sarabande colorée. Étrangement, au lieu de me réjouir de ce signe évident de mon mûrissement, ce soir-là, je regrettais beaucoup ma confiance naïve d’autrefois. Car mes nouvelles connaissances, contrairement à mon attente, semblaient obscurcir mon imagerie française. À peine, voulais-je revenir dans l’Atlantide de notre enfance qu’une voix docte intervenait : je voyais les pages des livres, les dates en caractère gras. Et la voix se mettait à commenter, à comparer, à citer. Je me sentais atteint d’une étrange cécité. »
Mon avis en résumé
Ce que vous aimerez :
- L’évocation d’une enfance peu ordinaire
- Un roman autobiographique
- Le style
Mes notes
Roman | 5,0/5 |
Univers narratif | 5,0/5 |
Style | 5,0/5 |
Moyenne | 5,0/5 |
Info-livre : Le testament français par Andreï Makine

Editeur : Folio
ISBN : 978-2-07-040187-1
Pages : 343
Date de parution : 13/06/2007
(Initialement paru aux éditions Mercure de France en 1995)
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