Dans un milieu très parisien, les ravages causés par la méconnaissance des autres, l’arrogance d’une caste et par le sexisme ordinaire. Les choses humaines s’est vu décerner le prix Goncourt des lycéens et le prix Interallié. Le livre mérite-t-il sa réputation ?

L’univers narratif
Dans les coulisses d’une chaîne de télévision, dans l’intimité de deux familles.
Les personnages
#Jean Farel
Animateur célèbre, il place la réussite professionnelle au-dessus de tout. Pour lui et pour sa propre famille.
S’il a une femme à son bras, il faut qu’elle le mette en valeur. Sexisme ordinaire.
#Claire Farel
Épouse de Jean. A eux deux, ils forment une équipe, pas un couple, pas vraiment un couple.
#Alexandre Farel
Sur le point de retourner aux États-Unis poursuivre ses études, il ne connaît rien d’autre que son milieu où tout est permis, du moment que les résultats scolaires sont bons.
Aucun des personnages n’est sympathique. La victime, Mila Wizman, est réduite à son rôle de victime. Elle est détruite par le viol, mais on n’en saura guère plus.
L’intrigue
Claire a quitté Jean pour Adam Wizman, un professeur rencontré lors d’une conférence. Indifférente à la fille de son nouveau compagnon, et à son fils, elle ne pense qu’à la réception critique de son dernier essai. Jean, dont elle est restée proche, est la seule personne à qui elle peut en parler.
Alexandre et Mila n’ont pas vécu la scène du viol de la même manière. Alexandre affirme que Mila était consentante. Plus vraisemblablement, il ne s’est pas posé la question et n’a pas réalisé qu’il commettait un crime, passible de la cour d’assises.
La réussite du livre est de montrer à quel point le manque d’ouverture aux autres, l’arrogance peuvent mener un homme ordinaire à devenir un bourreau.
Il est difficile de s’identifier aux personnages, sans doute parce qu’ils sont étrangers aux choses humaines et qu’ils ne se remettent pas en cause. Claire pleure son amour perdu, s’interroge un tout petit peu, soutient son fils sans aller plus loin dans sa réflexion.
Finalement, ce livre ressemble à un reportage.
Le style
Incipit :
« La déflagration extrême, la combustion définitive, c’était le sexe, rien d’autre — fin de la mystification ; Claire Farel l’avait compris quand, à l’âge de neuf ans, elle avait assisté à la dislocation familiale provoquée par l’attraction irrépressible de sa mère pour un professeur de médecine rencontré à un congrès ; »
Citation :
« Aux États-Unis, Alexandre avait fréquenté les fraternités, ces clubs étudiants au fonctionnement secret. A deux ou trois reprises, il s’était rendu dans des sous-sols aménagés où des étudiants à peine majeurs attiraient des filles mineures, élues sur leur physique, leur offraient à boire avec l’espoir qu’elles acceptent de coucher avec eux en pensant qu’elles étaient là pour ça. Ce soir-là, à Paris, la fille choisie pour Rémi était une étudiante qui avait intégré une école de commerce correcte, une petite rouquine à l’air matois. L’année précédente, elle avait été nommée chopeuse d’or. Traduction : “la moitié du campus lui est passée dessus”. Pour Alexandre, ils avaient désigné Mila ; il n’avait pas osé dire qu’elle était la fille du compagnon de sa mère, personne n’avait remarqué qu’il était arrivé avec elle. »
Mon avis en résumé
Ce que vous aimerez :
- L’analyse des perceptions intellectuelles
- L’analyse de l’impact du drame sur les personnages
Ce que vous regretterez (ou pas) :
- Des longueurs
- Le manque d’émotion
Mes notes
Univers narratif | 4,0/5 |
Personnages | 3,5/5 |
Intrigue | 3,5/5 |
Style | 4,0/5 |
Moyenne | 3,8/5 |
Info-livres : Les choses humaines par Karine Tuil

Editeur : Gallimard
ISBN : 978-2-07-272933-1
Pages : 341
Date de parution : 22/08/2019