Les enfants endormis se lit facilement, j’ai été prise par l’histoire de cette famille, et, décrite en parallèle, celle des recherches sur le sida. Coup de cœur.

Les années 1980
Dans ces années-là, l’ascenseur social, en France, avait fonctionné à plein régime. Émile et Marie-Louise avaient travaillé dur et étaient devenus des notables grâce à leur boucherie. Leurs fils n’avaient qu’à en recueillir les fruits, mais les choses se passent autrement.
« Ceux-ci leur imaginaient déjà une carrière brillante dans une administration ou dans une grande entreprise de la région. Et voilà qu’on les retrouvait inertes, au petit matin, allongés sur le pavé. »
Parce qu’ils rêvaient d’autre chose :
« Nos parents auraient voulu qu’on fasse comme eux, qu’on se mette au boulot. Mais nous on n’en avait strictement rien à foutre. On voulait vivre autre chose. Déjà, on était de gauche, maoïste même. On avait découvert ces trucs au lycée, à la fac. On voulait vivre comme les auteurs qu’on lisait, les musiciens qu’on écoutait. À l’époque, ils se camaient presque tous. On avait raté 68, alors on voulait expérimenter ça, nous aussi. »
Aux États-Unis, une pneumopathie extrêmement rare, la pneumocystose, semble ressurgir. Les médecins font le lien avec la communauté touchée, les homosexuels, mais bientôt, les héroïnomanes, puis les personnes transfusées et enfin des malades qui ne font partie d’aucune de ces communautés.
L’histoire familiale en alternance avec le récit des recherches
Désiré
Le fils aîné, le fils préféré se drogue, mais sa mère est dans le déni, ce n’est pas possible, pas lui. Le narrateur raconte la déchéance de son oncle, le combat de sa grand-mère pour le sauver, mais aussi pour conserver les apparences. Il relate la peur des soignants devant cette nouvelle maladie dont on ne connaît pas vraiment le mode de transmission, l’indifférence, le mépris, les manques de soin. Et puis, il y a Émilie. Bien sûr, je savais que des enfants avaient été touchés, mais ça restait vague, lointain.
Les recherches françaises et américaines
Anthony Passeron évoque les premiers médecins qui ont réalisé l’ampleur que prenait la maladie, les avancées d’une équipe française, peu considérée bien qu’à la pointe des recherches, parce qu’en face, un géant américain sait comment se faire entendre. Il narre les tâtonnements, les faux espoirs jusqu’à la découverte de la trithérapie qui permettra d’améliorer la condition des malades, mais n’élimine pas le VIH. Et le prix Nobel, attribué aux chercheurs français.
L’écriture
Incipit :
« Un jour, j’ai demandé à mon père quelle était la ville la plus lointaine qu’il avait vue dans sa vie. Il a juste répondu : “Amsterdam, aux Pays-Bas.” Et puis plus rien. »
Mon avis en résumé
J’ai vécu cette époque, entendu avec plus ou moins d’indifférence des reportages sur le sujet, puis j’ai lu le roman d’Hervé Guibert, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, celui de Cyril Collard, Les nuits fauves et enfin le livre de Dominique Lapierre, Plus grands que l’amour. Puis d’autres choses sont venues se superposer et c’est devenu une histoire un peu lointaine, un peu passée. Et pourtant, le vaccin reste encore à découvrir.
Pour ne pas oublier que cette maladie touche aujourd’hui près de 38 millions de personnes dans le monde selon l’Institut Pasteur.
Un des meilleurs livres de poche 2024
Ma note
Pour tout cela : 5/5
Lecture assez facile
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Sur la maladie
L’île des oubliés
Victoria Hislop

Les délices de Tokyo
Durian Sukegawa

Info-livre : Les enfants endormis par Anthony Passeron

Editeur : Globe
ISBN : 978-2-38361-120-2
Pages : 274
Date de parution : 25/08/2022
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