Les silences de Dunkelblum — Eva Menasse

Les silences de Dunkelblum, d’Eva Menasse, vous plonge dans un village autrichien en 1989 où les secrets du passé nazi sont enfouis. Eva Menasse tisse une toile complexe de secrets et de révélations, bien que la narration fragmentée rende la lecture exigeante. Un des meilleurs romans 2024.

A l'arrière-plan, la carte de l'Autriche et au premier plan, la couverture du livre d'Eva Menasse, Les silences de Dunkelblum
Quelque part à l’est de l’Autriche

Service Presse

Que se passe-t-il ?

Un homme prend le bus pour Dunkelblum, en espérant que personne ne le reconnaitra. Pour s’occuper, il parcourt le journal. Il apprend qu’une grange a brûlé dans une commune voisine. Pas de chance, les pompiers faisaient la fête. Il lit aussi qu’un voyageur a porté plainte pour un salut nazi dans un camp de vacances. Le juge lui a donné raison. Quand l’inconnu lit le nom du plaignant, il cesse de sourire.

Presque en même temps, Lowetz revient à Dunkelblum. Sa mère, qui venait du pays d’en face, est morte il y a quelques semaines.

Des restes humains datant d’une quarantaine d’années sont découverts. Le village est en émoi.

Les silences de Dunkelblum est fascinant, malgré la narration qui rend la lecture exigeante. L’autrice alterne entre le passé proche, le passé nazi, plus lointain, et le présent des personnages. J’ai été gênée par le fait que beaucoup d’histoires n’aboutissent pas. La génération suivante vit dans le présent et ne s’intéresse pas plus que ça au passé.

Il arrive que le lecteur en sache plus que certains personnages ; c’est à la fois poignant et glaçant. Et c’est parfois logique, oui, il y a des chances que dans la vie, les choses se soient passées de cette façon. Mais l’envie que la tension finisse par exploser est là. Elle n’est jamais satisfaite. C’est volontaire, en témoigne la dernière phrase du roman : « Ce n’est pas la fin de l’histoire ».

Quels sont les thèmes ?

  • Un village autrichien face au nazisme, pendant la Deuxième Guerre mondiale
  • Des habitants, qui quarante ans plus tard, n’ont été confrontés ni à leurs actes ni à leur passivité

Où et quand ?

Le récit se déroule en Autriche, dans un village imaginaire durant l’été 1989, quelques semaines avant la chute du Mur de Berlin, près de la frontière du pays d’en face. Le lecteur attendra longtemps avant de savoir quel est ce pays. Même si j’ai lu L’ordre du jour d’Éric Vuillard qui raconte l’Anschluss, ma méconnaissance de l’histoire de l’Autriche au XXe siècle m’a certainement desservie.

Qui sont les personnages ?

Ils sont nombreux et contribuent à la difficulté de lecture. Une liste est établie en début de livre, mais impossible de se souvenir de tout le monde. Des personnages m’ont plus marquée que d’autres.

Lowetz et sa mère Eszter
Je n’ai pas compris ce qui les avait éloignés l’un de l’autre. À moins que ce soit Dunkelblum qui ait chassé Lowetz.

Alexander Gellért
Trop peu de choses sur la vie qu’il a mené avant d’arriver dans le village.

Antal Grün
Avec sa mère, ils sont les seuls juifs à être revenus après la guerre. Un personnage et une situation pas assez exploitée à mon goût.

Et puis il y a tous ceux qui ont oublié que devenir nazi a été une opportunité.

Comment est-ce écrit ?

Incipit :

« À Dunkelblum, fleur obscure qui porte bien son nom, les murs ont des oreilles, les fleurs dans les jardins ont des yeux, elles tournent leurs petites têtes de tout côté pour que rien ne leur échappe, et l’herbe, de ses vibrisses, enregistre le moindre pas. Quant aux humains, ils ont toujours du flair. Dans le village, les rideaux bougent, comme poussés par une légère brise, inspirer, expirer, c’est vital. »

Citation :

« Parfois, il suffit d’une minuscule décision individuelle : Que serait-il arrivé si huit ou neuf ans auparavant le chancelier fédéral Schuschnigg, homme faible et indécis, avait tout de même donné l’ordre d’opposer aux frontières de l’Autriche une résistance armée ? »

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé :

  • Le thème d’un village autrichien qui ne s’est pas confronté à son passé nazi de la Deuxième Guerre mondiale
  • La narration glaçante.

Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous) :

  • Une narration fractionnée
  • Des histoires qui n’aboutissent pas

Mes notes

Univers narratif4,5/5
Personnages4,5/5
Intrigue4,0/5
Écriture4,0/5
Moyenne4,3/5
Plus de détails sur le système de notation

Lecture exigeante

À vous maintenant

Vous l’avez lu ? Donnez-moi votre avis en commentaires. Pensez à activer la cloche qui se situe avant le bouton Publier le commentaire pour recevoir un mail avec les réponses à votre commentaire.

Acheter neuf

Ce livre vous tente ? Achetez-le neuf grâce au lien ci-dessous. Lien affilié, c’est-à-dire que si vous achetez après avoir cliqué sur ce lien, je toucherai une commission (sans coûts supplémentaires pour vous).

Se confronter au nazisme de ses proches

En arrière plan, un mirador entouré de grillage, au premier plan, la couverture du livre de Bernhard Schlink, Le liseur
Une amoureuse

Enfant de salaud
Sorj Chalandon

A l'arrière-plan, le palais de justice de Lyon, où se déroula le procès de Kaus Barbie en 1987, au premier plan, couverture du livre de Sorj Chalandon, Enfant de salaud.
Un père

Info-livre : Les silences de Dunkelblum par Eva Menasse

Littérature autrichienne

Couverture du livre d'Eva Menasse, Les silences de Dunkelblum

Editeur : Stock
ISBN : 978-2-234-09294-5
Pages : 616
Date de parution : 06/03/2024

Restons en contact

Inscrivez-vous à la newsletter

En savoir plus sur l’utilisation des données

Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)

J'adore discuter de mes lectures. N'hésitez pas à me laisser des commentaires ou à me rejoindre sur les réseaux sociaux.

Rédactrice NetGalley

Articles: 655
S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires