Le roman d’un auteur japonais, couronné par un prix prestigieux (dont je n’avais jamais entendu parler, mais je connais peu la littérature japonaise) et un résumé qui évoque le harcèlement scolaire, il n’en fallait pas plus pour que je me décide à lire Okuribi Renvoyer les morts.

Service Presse
L’univers narratif
Au nord de l’archipel japonais, au nord d’Hirakawa, un pays de montagnes, de rivières et de rizières.
« Un beau jour, alors qu’il rentrait de l’école, il vit un transplanteur de riz lourdement chargé de semis plonger sans la moindre hésitation dans la boue de la rizière ; il arrêta son vélo. Le transplanteur avançait parallèlement au sentier et traçait cinq lignes en pointillés jaune-vert dans la boue. Ces pointillés étaient d’une telle précision que cela lui évoqua une figure mathématique. Les plants de riz, alignés avec régularité, allaient se développer et se couvrir d’épis. »
Devant ce spectacle paisible, le narrateur en conclut que les enfants grandiraient en bonne santé, comme les épis de blé.
Rien n’est moins sûr.
Les personnages
#Ayumu
À quinze ans, il vient d’arriver dans cette région où son père a été muté. Il passera deux ans dans un lycée local et regagnera ensuite Tokyo quand son père y sera finalement muté.
Habitué à changer d’établissement scolaire, il connaît sa facilité à s’intégrer, ne s’inquiète pas outre mesure.
L’histoire est racontée à travers les yeux d’Ayumu mais le lecteur a peu accès à ses pensées.
#Akira
Il est le chef de la petite bande de six garçons qui suivent la même classe que Ayumu.
Malgré son passé violent, il n’est pas le mal incarné, plus vraisemblablement à la fois bourreau et victime.
#Minoru
Il est le souffre-douleur de la bande. Ayumu le constate, s’interroge, peut-être devrait-il faire quelque chose ?
#Les adultes
Ils sont peu présents dans le roman, même les parents d’Ayumu, comme si adolescents et adultes menaient une vie en parallèle.
L’intrigue
Dans une classe de douze élèves, six garçons, six filles. Ayumu n’a pas le choix de la bande dans lequel s’intégrer. Il se lie avec les cinq autres garçons, devient délégué adjoint de la classe.
Pendant que les saisons se succèdent paisiblement, les adolescents, sous la houlette de Akira, commencent se défier. Des jeux douteux où c’est toujours à Minoru de relever le défi.
Le style
Le style est sec, sans ornement, il contribue à faire monter une tension glaçante.
Incipit :
« Au-delà du parapet, les lanternes étaient suspendues de poteau en poteau le long de la rivière et, se remémorant la coutume dont lui avait parlé Akira, Ayumu s’arrêta. Quand Akira racontait qu’ils déversaient du feu dans la rivière, faisait-il allusion au tôrô nagashi, cette cérémonie où l’on met à l’eau des lanternes de papier en l’honneur des morts ? »
Citation :
« La tête de la sauterelle fut aspergée de liquide, qui coula ensuite sur son corps. Elle tenta de fuir, ouvrit une fois ses fines ailes mais sans y parvenir entièrement et, tandis qu’elle rampait sans but sur le béton, sa tête et son tronc se brûlaient en se décomposant ; bientôt ses six pattes se raidirent et elle expira.
— Ça fait un bail qu’on n’a pas fait de Plaque tournante, on s’en fait une ? »
Mon avis en résumé
Ce que vous aimerez :
- Une histoire glaçante
- Le style qui ajoute à la tension
- Le contraste entre les paysages paisibles et la violence de l’histoire
- Les personnages, plus complexes qu’ils n’en ont l’air.
Ce que vous regretterez (ou pas) :
- Les questions sans réponse.
Mes notes
Univers narratif | 5,0/5 |
Personnages | 5,0/5 |
Intrigue | 4,0/5 |
Style | 5,0/5 |
Moyenne | 4,8/5 |
Info-livre : Okuribi Renvoyer les morts par Hiroki Takahashi
Editeur : Belfond
ISBN : 978-2-7144-8645-5
Pages : 122
Date de parution : 01/10/2020