Toute une moitié du monde d’Alice Zeniter n’est ni un essai ni une rêverie, c’est un livre d’écrivaine et de lectrice, un point c’est tout. Vous voilà prévenu. J’y ai trouvé des réflexions pertinentes — pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ? — et des passages plus ennuyeux.
Au sommaire
Une littérature à qui il manque toute une moitié du monde
À quelle grande figure littéraire féminine, une lectrice peut-elle s’identifier ? Madame Bovary ? Lady Chatterley ? Constance Bonnacieux ? Cosette ? Vous n’auriez pas préféré d’Artagnan ou Jean Valjean ? Comme Alice Zeniter, c’est plutôt à eux que je me suis identifiée et je me suis demandé brièvement dans quelle mesure, cette identification avait joué un rôle — et lequel — dans la construction de ma personnalité. Il faut bien constater que les écrivains, majoritairement des hommes jusqu’à très récemment, ont moins de difficultés à s’identifier à un extra-terrestre qu’à une femme.
Mais ce n’est pas tout, la dévalorisation des femmes dans la littérature va encore plus loin comme le montre cette conversation entre un journaliste et Toni Morrison
« Journaliste : Il y a très peu de romans sur des femmes qui ont d’intenses relations d’amitié avec d’autres femmes. Pourquoi, selon vous ?
Morrison : C’est une relation qui a été discréditée. Quand j’écrivais Sula, j’avais l’impression que pour une grande partie de la population féminine, une amie était une relation de second ordre. La relation primordiale, c’était celle d’un homme et d’une femme. En l’absence d’un homme, avec les femmes, avec vos propres amies, vous n’aviez que des relations secondaires. »
Remarque perso : On pourrait imaginer qu’une jeune femme de la génération d’Alice Zeniter s’identifie à Hermione Granger (Harry Potter), mais oups ! Hermione n’a aucune amitié féminine.
Le rôle de l’écrivaine différent de celui de l’écrivain
Alice Zeniter considère que ce qui lui « a donné son statut d’autrice ne relève pas de la littérature », mais plutôt du « travail de passeuse vers des histoires méconnues ».
Remarque perso : je ne suis pas d’accord sur ce point. D’abord parce que les qualités littéraires de L’art de perdre sont indéniables et que si sur ce blog, il y a des passeuses (Halimata Fofana), il y a aussi des passeurs (Paul Duke).
Vous trouverez également des questionnements sur :
- L’image de l’écrivain baroudeur
- La difficile lecture du livre de Faulkner, Le bruit et la fureur
- Les informations forcément incomplètes des romans
- Etc.
L’écriture
Citations :
« Toute une littérature à laquelle il manque une moitié du monde, ça fait quand même beaucoup. Ça se pose là, comme un trou béant. Ça se remarque, non ? »
« Lorsqu’un personnage représente un groupe jusque-là amplement minoritaire, voire absent, dans la littérature ou le cinéma, les attentes qui pèsent sur lui sont différentes de celles que soulève le groupe majoritaire. Quand Robbe-Grillet proclame la mort du personnage, il le fait en avançant que “la volonté d’avoir un visage dans l’univers” appartient à une société révolue et en oubliant un peu qu’il appartient à un groupe à qui jamais le statut de sujet ou d’individu n’a été nié. »
Remarque perso : Mmmmouais, je ne suis pas convaincue, là. Qu’en pensez-vous ? Dites-le en commentaire.
Qu’est-ce que j’en pense ?
Si j’ai trouvé dans Toute une moitié du monde des thèmes qui m’ont donné à réfléchir, j’ai trouvé des passages plus hermétiques ou d’autres plus contestables. J’y ai cependant appris quelque chose d’important : la littérature ne met pas seulement de l’ordre dans le chaos (parfois), mais elle subit à un point inimaginable les paradigmes de notre société.
Mais… Toute une moitié du monde, la moitié qu’on trouvait commode d’enfermer (voir le livre de Victoria Mas, Le bal des folles). On en est plus là, mais que le chemin est encore long !
Ma note
Note globale : 3/5
Lecture exigeante
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D’autres ouvrages sur la place de la femme dans la société
Et l’évolution créa la femme
Pascal Picq
L’archipel des Lärmes
Camilla Grebe
Info-livre : Toute une moitié du monde par Alice Zeniter
Editeur : Flammarion
ISBN : 978-2-08-025933-2
Pages : 239
Date de parution : 31/08/2022
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J’ai eu de la chance alors de lire des romans et nouvelles écrits par des femmes : Jane Austen, les soeurs Brontë, Agatha Christie / Anne Perry / Elizabeth George (pour les romans policiers), Edith Wharton, Kate Chopin, Margaret Atwood, Kate Atkinson, Connie Willis / Ursula LeGuin (SF & Fantasy), etc.
& Probablement une influence plus profonde que je ne le croyais : Louisa May Alcott…
J’en ai lu beaucoup aussi mais… ces lectures sont venus plus tard. D’abord Dumas, Hugo etc.