La trilogie de Pierre Lemaitre – Les enfants du désastre

Au revoir là-haut, Couleurs de l’incendie et Miroir de nos peines vous plongent dans la première partie du XXe siècle, de la fin de la Première Guerre mondiale jusqu’au début de la Deuxième.

Les enfants du désastre offre des rebondissements palpitants et un style littéraire impeccable. À lire dans l’ordre pour une expérience optimale.

Les trois couvertures de la trilogie Pierre Lemaitre, Au-revoir là-haut, Couleurs de l'incendie, Miroir de nos peines
En janvier 2022, paraît un nouveau livre, Le Grand Monde

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Au revoir là-haut

Premier tome de la trilogie de Pierre Lemaitre, Les enfants du désastre.

Fin de la première guerre mondiale et après l’armistice

Monument aux morts de Peyrieu (Ains)
Premier monument aux morts – Peyrieu (Ain)

La France envoie ses jeunes hommes se faire tuer, même à quelques heures de l’armistice. Mourir à quelques heures de la fin de la guerre. Absurde. Et pourtant, Edouard et Albert échappent de peu à cette aberration. Ils ne sont pas tirés d’affaire.
La France pleure ses morts en oubliant les soldats revenus de cet enfer, pas forcément en entier, d’ailleurs. Comment vivre après avoir passé plusieurs années dans les tranchées ? Comment vivre avec une gueule cassée ? Comment trouver du travail ?
La France construit des cimetières militaires, pour honorer les disparus. Chaque maire de chaque commune veut un monument aux morts. De quoi attirer les affairistes.

Les personnages, de sacrés numéros

#1 Edouard Péricourt, un gosse de riche qui ne s’entendait pas avec son père. A cette époque, il valait mieux rester dans les clous.

“Le ravin qui séparait Edouard de son père lui était toujours apparu comme une donnée géologique, établie dès l’origine des temps, comme si les deux hommes avaient été deux continents placés sur des plaques différentes, qui ne pouvaient se rencontrer sans déclencher des raz de marée”.

Obstiné, Edouard refuse de revoir sa famille avec une gueule cassée.

#2 Albert Maillard, un brave type un peu mou, qui avait une mère pénible mais une chouette vie avant la guerre, avec une chouette fiancée.

“ Madeleine avait remarqué ce trait chez ce garçon, cette crainte permanente qu’arrive quelque chose dans son dos, cette perpétuelle appréhension; dans le cimetière, l’an dernier, il semblait déjà égaré, désemparé. Avec cette expression de douceur, de naïveté des hommes qui ont un monde à eux.”

Albert doit la vie à Edouard. Il culpabilise. Alors il se laisse entraîner dans les délires d’Edouard, parvient à le faire passer pour mort.

#3 Henri d’Aulnay Pradelle, un salaud mais bel homme.

“Assez vulgaire donc, mais c’était un héros. C’est comme les jolies femmes, les héros, dans une bonne société on a toujours besoin d’en avoir quelques-uns. Et à une époque où il était difficile de trouver des hommes de son âge à qui il ne manquait pas au moins une main ou une jambe, quand ce n’était pas les deux, celui-ci était assez décoratif. »

Celui à cause de qui tout arrive. Celui qui a tenté de tuer Albert. Celui à cause de qui Edouard a une gueule cassée.

#4 Madeleine Péricourt, une jeune femme de caractère, pas jolie, sœur d’Edouard.

“Son père l’embrassait sur le front, la voyait mais ne la regardait pas. Il n’y avait pas de femme dans cette maison pour lui dire, à elle, ce qu’il fallait faire, comment s’arranger, elle devait deviner, observer les autres, les copier, toujours en un peu moins bien.”

Elle épouse Henri d’Aulnay Pradelle mais réserve quelques surprises au lecteur.

#5 Marcel Péricourt, un homme d’affaires fortuné.

“Monsieur Péricourt était un homme d’affaires, dirigeant de banques, de comptoirs coloniaux, de sociétés industrielles, il était donc profondément sceptique. Il ne croyait pas un mot de cette légende toute faite, arrangée pour la circonstance et qui ressemblait à un chromo spécialement destiné à la consolation des familles.”

Marcel est le père d’Edouard et Madeleine. La mort de son seul fils le laisse…comment dire ? Lui-même ne comprend pas très bien ses propres sentiments.

Une situation inextricable

Officiellement mort, Edouard ne peut prétendre à une pension. Gueule cassée, il ne peut non plus prétendre à un travail. D’ailleurs, du travail, même Albert peine à en trouver.
Pour ajouter au désarroi d’Albert, Marcel Péricourt veut le rencontrer et entendre de sa bouche les circonstances de la mort de son fils. Au final, Albert ne s’en sort pas si mal et Marcel lui propose un emploi. Qu’il finit par accepter malgré la présence trop proche d’Henri d’Aulnay Pradelle, ce vautour qui n’attend que le moment de l’envoyer devant un peloton d’exécution.
Il faut bien vivre, et subvenir aux besoins d’Edouard qui n’en fait qu’à sa tête et qui n’est pas en panne d’imagination.

Albert et Madeleine ont chacun leur point de vue sur l’histoire

Madeleine sait ce qu’elle veut. Elle veut Henri.
Henri veut de l’argent pour reconstruire la demeure familiale. Epouser Madeleine pour son argent est la moindre des choses qu’il réalisera pour atteindre son but.
Albert, lui, ne sait pas très bien ce qu’il veut, alors, il suit Edouard et finalement pas seulement par culpabilité. Je vous l’ai dit, Albert est un brave type, un peu mou.
Marcel perd son intérêt pour la banque et la fortune familiales au bénéfice du monument au mort qu’il veut faire construire dans l’arrondissement de naissance d’Edouard.

Un style propre à l’auteur

  • Imagé
  • Dynamique
  • Littéraire.

Son incipit est un modèle du genre.

“Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps.”

Au revoir là-haut le film

En 1917, un film a été adapté du livre avec Albert Dupontel dans le rôle d’Albert Maillard et Laurent Lafitte dans le rôle d’Henri d’Aulnay Pradelle. Madeleine est interprétée par Emilie Dequenne.
Pierre Lemaitre a été associé au scénario.

Logo du film Au revoir là-haut
Logo du film Au revoir là-haut

Mon avis en résumé

Depuis son prix Goncourt, Pierre Lemaitre n’a cessé de croître en popularité. Il est l’un des auteurs contemporains que je préfère. Êtes-vous un(e) fan de cet auteur ? Quel est l’auteur contemporain dont vous achetez les livres sans même lire la quatrième de couverture ? Dites-le-moi en commentaires.

Mes notes

Univers narratif4,5/5
Personnages4,5/5
Intrigue4,5/5
Style5,0/5
Moyenne4,6/5

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Info-livre : Au revoir là-haut

Couverture du livre de Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut

Editeur : Albin Michel
ISBN : 978-2-226-24967-8
Pages : 566
Date de parution : 21/08/2013

Couleurs de l’incendie

Couleurs de l’incendie, deuxième tome de la trilogie de Pierre Lemaitre, reprend certains personnages de Au revoir là-haut.

Que se passe-t-il ?

Madeleine est le personnage principal. Ruinée, elle va se venger.

Les personnages sont toujours bien campés, toujours originaux, toujours face à une situation insurmontable. Une intrigue que vous découvrirez à travers les yeux de plusieurs personnages.

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé

  • les personnages bien campés
  • une intrigue haletante
  • le style

Ce que j’ai regretté (… mais peut-être pas vous)

  • Les points de vue multiples

Mes notes

Univers narratif3,0/5
Personnages4,5/5
Intrigue4,5/5
Style5,0/5
Moyenne4,3/5

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Info-livre : Couleurs de l’incendie

Couverture du livre de Pierre Lemaitre, Couleurs de l'incendie

Editeur : Albin Michel
ISBN :978-2-226-39212-1
Pages : 534
Date de parution : 03/01/2018

Miroir de nos peines

Troisième tome de la trilogie de Pierre Lemaitre

La drôle de guerre

Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne. Le 10 mai 1940, les allemands envahissent la Belgique. Des millions de civils se jettent sur les routes pour fuir, c’est l’exode, le début de la Deuxième Guerre mondiale. L’armée allemande entre dans Paris le 14 juin.

L'exode de 1940
L’exode de 1940

Les personnages

# Louise
Depuis que sa mère est morte, elle vit seule. Elle a bien eu un fiancé, pendant cinq ans mais voilà, ce qu’elle voulait c’était un bébé et le bébé n’est jamais arrivé, pas plus qu’avec les amants qui ont succédé au fiancé.
Elle est institutrice. Depuis son adolescence, elle fait le service au café de M. Jules le samedi

# Gabriel
Il a été envoyé au Mayenberg, un fort souterrain qui abrite 900 soldats. Il n’a pas peur des Allemands, puisque la ligne Maginot est imprenable. En revanche, le manque de lumière, la promiscuité et la menace d’une attaque chimique lui pèsent.

#Raoul
Comme Gabriel, il est soldat au fort Mayenberg. Technicien et électricien, il adore effrayer ce dernier en lui donnant des informations tels que l’impossibilité de changer assez rapidement les filtres les protéger d’une attaque de gaz.

#Désiré
Jeune avocat talentueux, il défend avec talent une meurtrière. Du talent, il en a à revendre, Désiré. Mais qui est-il vraiment ?

Les intrigues

Un client du café de M. Jules propose 10 000 Frcs à Louise pour la voir nue. Il ne lui fera rien de plus, il veut juste la voir nue. Louise s’interroge, pourquoi une telle somme ?
Raoul est de tous les mauvais coups, de toutes les combines. Il s’en prend à Gabriel, incapable de se défendre.
Quant à Désiré, on le retrouve expert de la Turquie au ministère de l’Information.

L’incipit (En clin d’œil à l’incipit de au revoir là-haut)

“Ceux qui pensaient que la guerre commencerait bientôt s’étaient lassés depuis longtemps, M. Jules le premier”

Mon avis en résumé

Ce que j’ai aimé

  • Le style, bien sûr
  • L’époque de “La drôle de guerre”
  • L’intrigue

Ce que j’ai regretté (… mais peut-être pas vous)

  • L’histoire de Désiré peine à démarrer

Le livre de poche est paru le 03/03/2021

Mes notes

Univers narratif5,0/5
Personnages3,5/5
Intrigue4,0/5
Style5,0/5
Moyenne4,4/5

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Info-livre : Miroir de nos peines

Couverture du livre de Pierre Lemaitre, Miroir de nos peines

Editeur : Albin Michel
ISBN :978-2-226-39207-7
Pages : 536
Date de parution : 02/01/2020

Les années glorieuses

Retrouvez un des personnages de la trilogie Les enfants du désastre dans le Le Grand Monde. L’intrigue se déroule pendant les Trente Glorieuses.

J’ai adoré cette série qui a commencé avec Au revoir là-haut et je n’ai pas manqué de lire ce nouveau roman.

Et vous ? Et vous, où en êtes-vous de la lecture de ces séries ? Dites-le-moi en commentaires.

Couverture du livre de Pierre Lemaitre, Le Grand Monde

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Crédits photos :
Premier monument aux morts – Peyrieu (Ain) : Chabe01 sous licence CC BY-SA 4.0
Logo du film Au revoir là-haut : culture audencia, sous licence CC BY-SA 4.0

Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)

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Rédactrice NetGalley

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10 Commentaires
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Denise FAVIER
Denise FAVIER
5 années il y a

Bonjour,
on parle d’une trilogie :
après : Au revoir là haut
et Les couleurs de l’incendie
le 3ème volet est il sorti et quel est son nom !
Merci de votre réponse.
Denise

Diane Leduc
Diane Leduc
5 années il y a

Est-ce que je peux être avisée quand le 3e livre sortira ? J’ai déjà “Au revoir là-haut”, j’achèterai le 2e livre en même temps. Je lis électronique.

merci.

Marie Rose Roland
Marie Rose Roland
4 années il y a

Merci pour cette chronique généreuse.
Bel aperçu du roman, Dr ses personnages et du style dans en donner trop. Curieuse de suivre vos
Coups de coeur et vos partage

Goy
Goy
4 années il y a

Bonjour, j’ai lu les 3 premiers tomes de «  les enfants du désastre, mais je ne retrouve pas de lien entre les personnages du miroir de nos peines et ceux de les couleurs de l’incendie.
Y en a t il un qui m’aurait échappé ?
Merci de votre rubrique

Santana
Santana
3 années il y a

Bonjour, le seul point que j ai constaté est que Louise prénomme la petite fille qu elle recueille Madeleine. Et le style de Pierre Lemaitre est toujours impeccable et les personnages ne sont ni tout blanc ni tout noirs. Hâte de lire le 4eme!

Barbara
Barbara
3 années il y a

Je viens de terminer “Couleurs de l’incendie” et j’étais emportée par le récit jusque la scène à la brasserie Lipp, où Madeleine laisse la banquette à André Delcourt et soudain “Il recula insensiblement sa chaise”. Mazette n’est-il pas sur la banquette ?
Sans cette scène un peu ratée et si Pierre Lemaître avait continué sa trilogie en racontant le parcours de Paul, je l’aurais comparé à Zola, lui qui a bercé mon adolescence avec les Rougon-Macquart.
Un peu déçue donc.