De l’idée au crime parfait — Elizabeth George

Elizabeth George, un de mes auteurs préférés, toutes catégories confondues. Bien sûr, il y a les énigmes policières, mais pas seulement. Les personnages sont incroyablement profonds, les univers narratifs incroyablement riches et l’écriture, fluide, agréable à lire. C’est pourquoi l’écrivaine du dimanche que je suis ne pouvait que lire De l’idée au crime parfait.

A l'arrière plan, plume et écriture, au premier plan, la couverture du livre d'Elizabeth George, De l'idée au crime parfait
« …retenez les conseils qui vous intéressent et oubliez le reste. »

Service Presse

Pour la première chronique d’un livre d’Elizabeth George, il ne s’agit ni d’un policier ni d’un roman Jeune Adulte. De l’idée au crime parfait – la traduction du titre original est plutôt De l’idée au roman – parle d’écriture.

Le deuxième livre d’Elizabeth George sur l’écriture

Écrit en 2006, Mes secrets d’écrivain s’appuyaient sur des extraits de l’œuvre de l’auteur pour illustrer des techniques, indispensables pour toute personne qui se lance dans l’écriture. Est-ce que ce dernier opus apporte quelque chose de plus ?
Oui parce que réviser sa technique n’a jamais fait de mal à personne. Oui également parce que ce livre est plus concret.

Elizabeth George, écrivain architecte ou jardinier ?

Dans ce livre, l’écrivain aborde davantage sa méthodologie et autant vous le dire tout de suite, Elizabeth George est une architecte pure et dure, ce qui lui permet de donner libre cours à son imagination quand elle écrit.
Si vous êtes plutôt jardinier et que préparer votre univers narratif, vos fiches personnages avant d’écrire vous est impossible, est-ce que cette lecture vous sera utile ? Oui, c’est la méthode d’Elizabeth Georges, mais rien ne vous empêche de faire vos fiches une fois le premier jet terminé ou de décider au milieu de votre travail de faire les recherches nécessaires.

Elizabeth George ne prend qu’un seul de ses livres comme exemple

Attention, si vous n’avez pas lu Le Rouge du péché, sachez que l’auteur révèle le nom de l’assassin. Donc, lisez-le avant, ne serait-ce que pour avoir une idée des œuvres qu’elle écrit. De plus, l’avoir en mémoire vous aidera à mieux comprendre les points abordés dans le livre.
Le fait que les leçons d’Elizabeth George ne se concentrent que sur un seul roman rend les questions techniques beaucoup plus claires et les exemples plus parlants.

Quelques exercices

À la fin de chaque chapitre, l’auteur vous propose des exercices, mais j’avoue trouver difficile de le faire sans une perspective de retour sur le résultat

Deux ou trois points qui vous seront utiles

Il y a toujours quelque chose à retenir d’un livre sur l’écriture

« Au fil de votre lecture de mon processus d’écriture, la seule contrainte est de garder l’esprit ouvert. Comme je le répète sans cesse à mes étudiants : retenez les conseils qui vous intéressent et oubliez le reste. »

L’importance des personnages pour Elizabeth George

« Cela signifie qu’au moment de passer à la rédaction, c’est le personnage qui me vient le premier en tête, c’est lui qui compte le plus. Cela signifie aussi que mes personnages façonnent l’intrigue et non l’inverse, ce qui me permet d’éviter l’écueil des personnages à une seule dimension. »

« Le second élément de l’analyse qui construit ma compréhension du personnage est sa tendance psychopathologique, ou ce que j’appelle sa démarche pathologique. Il peut s’agir d’un comportement anormal, d’un conflit intérieur, d’un état mental instable, d’une anomalie corporelle volontaire, d’un symptôme psychosomatique, d’une réaction inhabituelle, mais révélatrice, d’une croyance erronée. C’est une caractéristique de chaque individu, tenue généralement (mais pas toujours) à l’abri du regard du public, masquée par l’image de projeter. La démarche pathologique se déclenche dans les moments d’anxiété, de stress, de peur, quand un esprit préoccupé n’arrive pas à trouver la sérénité, ou dans des situations où le besoin vital du personnage ne peut pas être assouvi et où l’angoisse qui en résulte doit être calmée par un comportement temporaire. »

Un passage illustré par deux personnages du livre, l’un des deux, Dellen, ayant une démarche pathologique accentuée :
(sa fille, Kerra parle en premier)

« — Arrête ton cinéma
— Mon cinéma ?
Comme souvent, Dellen changea brusquement d’humeur, tel un volcan qui rentre en éruption.
— Tu oses appeler ça du cinéma ? C’est ainsi que tu réagis au meurtre de ton propre frère ? Qu’est-ce qui te prend ? Tu n’as donc pas de cœur ? Mon Dieu, Kerra, de qui es-tu la fille ? »

Elizabeth George explique qu’elle a voulu explorer un personnage avec un trouble bipolaire non diagnostiqué.

Les lieux aussi sont importants pour Elizabeth George

Elle se rend sur les lieux, prend des photos. À partir de ces photos, elle nous montre comment elle les décrit. Le Rouge du péché se déroule sur les côtes de Cornouailles. Une fois l’endroit choisi, photographié, elle peut écrire :

« Alors il avait marché. Apparemment, il n’y avait pas d’autre solution. Gravir des pentes escarpées jusqu’au sommet de falaises, avec le vent qui lui fouettait le visage et l’air salé qui lui desséchait la peau, cheminer péniblement sur des plages où des récifs jaillissaient du sable à marée basse, sur les cailloux qui essayaient de transpercer ses semelles, le souffle court, les jambes transpercées par la pluie… Ces détails lui rappelaient qu’il était en vie et qu’il était censé le rester. »

Texte illustré par la photo qui a inspiré l’auteur.

D’autres choses à apprendre

Comment traiter un personnage qui n’a qu’une seule scène, ce qu’est la Combine Anti-Moulin A Paroles et trois possibilités de structure d’une scène.

Ma note

Note globale : 5/5
A lire absolument

Pour aller plus loin

Elizabeth George est une romancière américaine dont les récits se déroulent en Grande-Bretagne où les recherches pour ses livres la conduisent régulièrement. Son premier roman est paru en France en 1990, Enquête dans le brouillard chez France Loisirs. Le vingtième, La punition qu’elle mérite est paru en France en 2019 (Presses de la Cité). Ses détectives, Thomas Lynley et Barbara Havers ainsi que les personnages qui les entourent sont inoubliables. J’attends avec impatience son prochain livre, mais vous comprendrez vite en lisant De l’idée au crime parfait qu’elle ne peut pas publier un livre par an. À ce jour, j’ai chroniqué Une chose à cacher.
Elle a enseigné le creative writing à l’université et propose des séminaires. Pour en savoir plus, rendez-vous sur son site officiel.

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Info-livre : De l’idée au crime parfait par Elizabeth George

Couverture du livre d'Elizabeth George, De l'idée au crime parfait

Editeur : Presses de la Cité
ISBN : 978-2-258-16334-8
Pages : 331
Date de parution : 18/02/2021

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Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
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Rédactrice NetGalley

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