Catherine Fleury, animatrice d’atelier d’écriture, lectrice et écrivaine

Je l’admets. J’aurais sans doute écrit si je n’avais pas rencontré Catherine Fleury.
Aurais-je persisté ? Rien n’est moins sûr.

Une machine à écrire
Photo by Dustin Lee on Unsplash

Parce que je ne pouvais pas compter sur mes amis :
—Très bien ce que tu as écrit.
— …
— Non, je t‘assure, c’est bien.

A la limite, on m’a indiqué une faute d’orthographe. Pas plus.

Si c’est ce que vous entendez aussi, comment en vouloir à vos amis ? Ils vous aiment et ne veulent pas vous blesser. Ils n’ont aucune d’idée de ce qu’est un point de vue, un arc narratif, de la différence entre narrateur et auteur. Après tout, on n’a pas besoin de connaître une recette pour savourer un plat, mais si on veut cuisiner, si.

Quand j’ai voulu apprendre à cuisiner – pardon, à écrire, j’ai testé des ateliers et j’ai choisi celui de Catherine Fleury à qui je reste fidèle pour trois raisons :

  • Parce que ce sont des moments conviviaux, hors du temps.
  • Parce que les propositions d’écriture sont inspirantes
  • Parce que j’apprends toujours quelque chose

Et en plus, je découvre des auteurs vers lesquels je ne serai pas allée spontanément.

Alors forcément, vous me connaissez, j’ai eu envie d’en savoir plus sur son parcours et son univers.

Portrait de Catherine Fleury
Catherine Fleury

As-tu toujours voulu animer des ateliers d’écriture ?

J’ai d’abord été ingénieure mécanicienne.

J’ai travaillé pendant quatre ans dans l’industrie, et je me suis assez vite rendu compte que je n’étais pas du tout concernée par ce métier. J’ai décidé de tout arrêter, j’ai repris mes études au niveau du bac et j’ai refait tout un cursus en lettres modernes, à l’université Lyon 3, jusqu’à la maîtrise (le master 1 de l’époque).

C’était ce que j’aurais dû faire depuis le début et qui correspondait à ma véritable envie depuis l’adolescence, mais il arrive qu’on fasse d’intéressants détours dans la vie. Après ça, j’ai commencé à enseigner le français langue étrangère dans différentes structures. La littérature me manquait, j’en étais trop loin, mais il fallait bien commencer quelque chose.

Qu’est-ce qui t’a amenée à animer des ateliers d’écriture ?

En 2004, je me suis inscrite dans un atelier d’écriture, pour m’occuper de mon propre projet d’écrire et pas du tout dans la perspective de changer de métier. A la fin de la première séance de l’atelier, je me suis dit : « C’est ça. Je vais faire ça. Animer des ateliers d’écriture. » Le métier me semblait fait pour moi : non pas enseigner et évaluer, mais accompagner et encourager, et puis fréquenter assidûment la littérature, les livres, les auteurs, m’y plonger pour construire les propositions avec énormément de liberté.

Je me suis formée à l’animation auprès d’Aleph l’année suivante, formation de base et module complémentaire sur les écrits littéraires, et j’ai créé mon atelier dans la foulée.

Que préfères-tu dans le fait d’animer un atelier d’écriture ?

Deux choses, si tu me permets d’avoir deux préférences.

L’animation proprement dite, c’est-à-dire le plaisir (et parfois la difficulté, et alors c’est un beau défi) d’accueillir un groupe, de le faire vivre, de créer les conditions d’une rencontre vivante, stimulante et joyeuse.

La recherche, c’est-à-dire le travail que nous faisons ensemble, avec le groupe, d’interroger la littérature et l’écriture, le pourquoi et le comment des livres, des histoires, des personnages… Réagir sur les textes, c’est toujours poser des questions, ouvrir des voies, déblayer, avancer. J’aime ça.

Ecris-tu toi-même ? Et quel genre (littérature générale, biographie, polar etc. ?)

J’écris, oui. Quelque chose qui est en cours, une sorte de récit ou de roman. Ce projet, que j’espère aboutir bientôt, vient après beaucoup de textes courts, de petites nouvelles, de poèmes également, toutes choses qui constituent ma propre recherche.

Faut-il lire pour écrire ?

Certains participants de mes ateliers (ils sont rares), ne lisent pas, ou très peu. Ils ont le désir d’exprimer un univers personnel. Ils entrent dans les propositions et peuvent produire de très beaux textes brefs. Je pense, en revanche, qu’il est très difficile d’aboutir une écriture longue, structurée, rythmée, complexe, si on n’ouvre jamais un livre.

Je crois que lire est un puissant moteur. La lecture est l’aliment de l’écriture, le réservoir inépuisable des nutriments nécessaires à sa vitalité. Ça ira mieux si on lit. L’écriture sera plus riche, plus aisée, plus intéressante, si on se nourrit de livres.

En tant qu’animatrice, avant tout je suis une lectrice. Je conçois mon travail comme ça : je lis les textes, je regarde comment ils sont faits, comment ça marche, pourquoi « ça marche », et j’invite les écrivants à entrer dans cette compréhension pour qu’ils écrivent à leur tour.

Quels sont tes auteurs de prédilection ?

Question difficile. Je lis dans tous les siècles et dans toutes les parties du monde sans a priori, même si probablement je lis davantage des auteurs francophones, par amour pour ma langue maternelle. Je retourne régulièrement et avec bonheur aux auteurs anciens, nos dits classiques, que je relis ou dont je continue à découvrir les œuvres.

Quelques contemporains dont je guette la sortie des livres : Jérôme Ferrari, Yannick Haennel, Camille Laurens, Eric Chevillard, Marie-Hélène Lafon, Alice Zeniter, Alessandro Barrico, Jonathan Coe…

Est-ce qu’ils influent sur ton écriture ?

Certainement. Quant à dire comment, c’est très difficile. La lecture au long de la vie est une lente infusion qui forme la personnalité de façon subtile, jamais figée. Lire les auteurs que j’admire me donne envie d’écrire, immanquablement, même s’ils m’intimident parfois en même temps.

Il y a des écritures, des styles si tu veux, qui m’intéressent non pas pour les copier, mais pour entrer dans le même rythme des phrases, le même schéma musical. Jérôme Ferrari par exemple, avec sa phrase qui s’étire parfois sur de longs paragraphes.

Lis- tu des livres sur l’écriture. Si oui, lesquels ?

Est-ce que tous les livres ne sont pas des livres sur l’écriture, même s’ils sont aussi autre chose bien sûr ?
Je dois à l’université de m’avoir appris à lire, c’est-à-dire à lire de manière analytique, critique, et par conséquent j’apprends toujours quelque chose sur l’écriture, ses ressorts, ses procédés, quel que soit l’ouvrage que je prends.

Je lis aussi avec bonheur des auteurs qui parlent de l’écriture, comme Henri Bauchau, Virginia Woolf, Roland Barthes, Marguerite Duras et d’autres. Ce sont des stimulants extraordinaires.

Pour les ateliers, tout m’est utile. Toutes mes lectures, je veux dire. Les romans comme les livres qui expliquent comment écrire un roman, celui de Laure Pécher par exemple (Premier roman, mode d’emploi) qui est remarquable. Les nouvelles comme les écrits théoriques sur la nouvelle.

Catherine Fleury anime des ateliers à Rouen et à Lyon

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De l’idée au crime parfait
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A l'arrière plan, plume et écriture, au premier plan, la couverture du livre d'Elizabeth George, De l'idée au crime parfait
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Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
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Rédactrice NetGalley

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