Le bureau d’éclaircissement des destins — Gaëlle Nohant

Le bureau d’éclaircissement des destins de Gaëlle Nohant suit Irène dans sa quête pour retracer le passé des disparus dans les camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale et retrouver leurs descendants. En leur remettant des objets sans valeur ayant appartenu aux défunts, elle redonne une voix aux victimes. Entre émotions et réalités brutales. Coup de cœur.

À l’arrière-plan, palais de la culture et de la science à Varsovie, au premier plan, la couverture du livre de Gaëlle Nohant, Le bureau d’éclaircissement des destins
À l’arrière-plan, palais de la culture et de la science à Varsovie.

Service Presse

Au sommaire

Que se passe-t-il ?

Irène, française, a épousé un Allemand dont elle a divorcé, mais elle est restée vivre dans la Hesse, plus précisément à Bad Arolsen. Elle travaille à l’International Service Tracing, organisme chargé de retracer le sort des victimes des nazis. Elle est convoquée dans le bureau de la directrice qui lui confie une mission : trouver les descendants des disparus à qui appartenaient des objets sans valeur et le leur remettre.

Le premier objet sur lequel Irène enquête est une marionnette, par chance l’enveloppe contient le nom de son propriétaire, un enfant de treize ans.
Le petit-fils d’une ancienne gardienne de camp fait parvenir à l’institut une lettre de sa grand-mère décédée et un médaillon qui appartenait à une femme, assassinée par les nazis. Dans le médaillon, le dessin d’un petit garçon.

Le thème

Les enquêtes d’Irène ne sont que le prétexte à nous parler de vies, certes imaginaires, de personnes disparues. Elles évoquent aussi celles qui ont survécu, traînant avec elle un traumatisme qui ne s’effacera jamais.

Ce que j’ai ressenti en lisant

J’ai aimé que cette histoire soit racontée par le biais des recherches d’Irène. Faute de pouvoir ressentir ce que les victimes ont vécu — ce qui, de toute éternité, crée un fossé entre les victimes et les autres — j’ai éprouvé les émotions d’Irène. Comme elle, je me suis indignée devant certains faits plus récents.

J’ai fait la grimace devant certains évènements relatés parce qu’ils ne paraissaient pas vraisemblables (la résistance des Kaninchen). Ces jeunes femmes ont pourtant existé.
Gaëlle Nohant a trouvé une façon originale de nous rappeler les horreurs du nazisme. Elle ne prétend pas avoir connu les camps. Elle évoque pourtant les chambres à gaz, les expériences sur les détenus, les enfants enlevés à leurs parents pour qu’ils soient adoptés par les nazis, mais aussi les communautés dont on a peu parlé : prostitués, homosexuelles, roms…

Où et quand ?

L’histoire se déroule de nos jours à Bad Arolsen, Berlin et Varsovie, pendant la Seconde Guerre mondiale à Varsovie, Treblinka et Auschwitz.

Photo de la ville de Bad Arolsen
Bad Arolsen

Qui sont les personnages ?

Irène, dont la vie est narrée avec détails, est le genre de personnes capable de se plonger dans les horreurs du nazisme pour renouer des fils brisés. Et quand on a ce genre de mission, il est difficile de refermer la porte de son bureau, le soir, l’esprit tranquille.

Je ne vous dirai rien des autres personnages dont les parcours vous seront dévoilés au fur et à mesure des recherches d’Irène, pour ne pas anticiper sur vos propres découvertes.

Comment est-ce écrit ?

L’écriture est sobre, adaptée à la narration. L’auteur considère le lecteur comme suffisamment intelligent pour ne pas avoir besoin de pathos. La réalité sèche se situe au-delà des mots, de l’horreur, alors…

Incipit :

« Chaque matin, elle vient par les bois. À mesure qu’elle traverse l’opacité des arbres et la nuit, Irène sent que la forêt dépose en elle quelque chose d’ancien qui se recrée sans cesse, une poussière de fantôme et d’humus. »

Citation :

« Elle évoque la position délicate des Justes. Ils ont risqué leur vie et celle de leurs proches pour cacher des Juifs qu’il fallait protéger non seulement des Allemands, mais aussi de leurs voisins polonais, qui n’hésitaient pas à les dénoncer. Aujourd’hui encore, la plupart de ces bienfaiteurs préfèrent rester discrets, par peur des représailles. Beaucoup ont dû s’expatrier après la guerre. »

« …, chaque pays impose un roman national. Le choix de ses héros et de ses victimes est toujours politique. Parce qu’il entretient le déni et étouffe les voix discordantes, ce récit officiel n’aide pas les peuples à affronter leur histoire. »

Mon avis en résumé

La barre est très haute pour faire plus instructif, plus émouvant et plus marquant que le dernier roman de Gaëlle Nohant.

 Ce que j’ai aimé :

  • La manière avec laquelle l’auteur aborde le sujet
  • Gaëlle Nohant ne laisse rien dans l’ombre, pas même ce qui concerne l’après-guerre
  • Une écriture adaptée au thème

Ce que j’ai regretté (mais peut-être pas vous) :

  • Une vision sombre de l’humanité

Mes notes

Univers narratif5,0/5
Personnages5,0/5
Narration5,0/5
Écriture5,0/5
Moyenne5,0/5

Un des meilleurs romans 2023. Une des meilleures Nouveautés poche (2024)

Lecture un peu exigeante

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Biographie de personnes disparues dans les camps

Charlotte
David Foenkinos

Couverture du livre de David Foenkinos, Charlotte et photo de l'artiste peintre Charlotte Salomon
Sur cette photo, Charlotte Salomon parait tellement proche de nous

Dora Bruder
Patrick Modiano

En arrière-plan, une traction avant Citroën, au premier plan, la couverture du livre de Patrick Modiano, Dora Bruder
« À partir de l’été 1942, la zone qui entourait le Saint-Cœur-de-Marie est devenue particulièrement dangereuse. »

Info-livre : Le bureau d’éclaircissement des destins par Gaëlle Nohant

Couverture du livre de Gaëlle Nohant, Le bureau d’éclaircissement des destins

Editeur : Grasset
ISBN : 978-2-246-82886-0
Pages : 410
Date de parution : 04/01/2023

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Crédits photos :
Photo d’arrière-plan : Photo de Charles Assunção sur Unsplash
Bad Arolsen : Thomas Robbin sous licence CC BY-SA 3.0

Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)
Catherine Perrin (cath_lit_et_chronique)

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